DSK : La drôle de justice US
Actualités du droit - Gilles Devers, 12/12/2012
Info du blog : DSK a payé un dollar symbolique à Nafissatou Diallo. La raison est simple: sur TF1 (Paris, France), il avait reconnu une faute morale.
Personne n’imagine que pour une faute morale, on puisse verser plus qu’un dollar symbolique. A deux dollars, on sort de la morale pour entrer dans l’indemnisation. Il peut agir d’indemniser un préjudice moral, mais on paie en fonction d’une faute civile, voire pénale, par exemple un viol, qui échappe au seul cadre moral.
Vous n’êtes pas convaincu ? Mais où trouver une autre thèse? La seule fois où DSK s'est exprimé sur l’affaire, c’était sur TF1, dans un moment de grande sincérité géré par son agence de com', et il a parlé de faute morale.
Vous avez suivi le procès pénal, et ses discussions sur la détention en prison, puis la détention hors de la prison. Vous avez suivi les déclarations de l’avocat de Nafissatou Diallo, dénonçant sa cliente au procureur car elle avait menti en enjolivant son dossier pour obtenir son titre de séjour aux US. Vous avez apprécié les théories suaves de Cyrus Vance Eternal Junior sur les rapports sexuels hâtifs qui, dans un contexte d’éjaculation précoce, sont un malheur pour l’humanité. Vous avez vu les têtes fâchées de Dupont et Dupond, les avocats de DSK. Mais vous avez vu aussi que la phase pénale du procès s’est tenue sans que DSK dise un mot, à part son identité, et sans que la moindre question lui soit posée par un « juge ».
Vous attendiez le procès civil pour qu’on s’approche de l’idée de justice ? Eh ben, c’est ballepeau ! L’accord a été négocié en secret entre le juge Douglas McKeon et les avocats, avec des clauses strictes pour interdire toute divulgation sur le contenu de l’accord. Heureusement que DSK a parlé de faute morale, ce qui permet de conclure avec certitude que l’indemnisation est symbolique, sinon, on aurait pu croire que ce sont des millions de dollars qui ont été versé par l'agresseur sexuel pour acheter le silence de la victime.
Mais le juge Douglas McKeon est un tendre, et il s’est fait arracher une larme par Le Figaro. La justice civile est secrète, mais le juge est bavard. Ce coquin de juge laisse entendre que DSK aurait peut-être un discours à Paris et un autre à New-York. Bref, que la faute ne serait peut-être pas que morale…
Que nous dit le bon juge, trahissant le secret de sa fonction :
« Au début, Mlle Diallo était très réticente. Elle estimait qu'il n'y avait rien à négocier, elle voulait aller jusqu'au procès alors que, du côté de M. Strauss-Kahn, ils étaient ouverts à la discussion et prêts à trouver un accord. Elle avait peu confiance dans la justice. Après que j'ai rejeté la demande d'immunité diplomatique de M. Strauss-Kahn, elle a souhaité me rencontrer. Nous nous sommes vus, avec ses avocats, une première fois, en mai. Elle a, je pense, quitté cette rencontre avec le sentiment qu'elle serait traitée avec équité et qu'elle aurait, au final, droit à la parole devant un tribunal («to have her day in court» est l'expression anglaise, NDLR). Il fallait la convaincre que si un accord était conclu, tout le monde y trouverait son compte ».
Quant à DSK, le juge Douglas McKeon ne l’a jamais rencontré, car les négociations se faisaient par téléphone avec les avocats :
« Je ne l'ai pas rencontré. Les discussions se sont prolongées avec les avocats, au téléphone ».
Sur le sens de cette justice secrète, sans preuve, sans loi, sans procédure, sans défense des droits, sans procès et avec beaucoup d’argent secret, que dit le bon juge Douglas McKeon : « L'opinion publique française peut penser que, dans le système judiciaire américain, tout s'achète, y compris le silence d'une femme de chambre qui dit avoir été victime d'une agression sexuelle ».
Eh ben oui. Aussi, ta justice, tu sais ce que j’en pense. Tu piges, mon pote ?
Le juge Douglas McKeon : « Je crois en la justice de mon pays ».