Il est dangereux d’interpréter les volontés de Jacques Lacan
Chroniques judiciaires - prdchroniques, 11/01/2012
On ne touche pas impunément aux dernières volontés de Jacques Lacan.
Pour avoir écrit, dans son livre, Lacan envers et contre tout, que le célèbre psychanalyste avait été enterré "sans cérémonie et dans l'intimité" au cimetière de Guitrancourt "bien qu'il eût souhaité des funérailles catholiques" l'historienne Elisabeth Roudinesco vient d'être condamnée pour diffamation par la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris.
L'auteur était poursuivie par la fille de Jacques Lacan, Judith Miller, qui estimait que cette phrase était gravement diffamatoire en ce qu'elle lui imputait "d'avoir trahi les volontés d'un mort".
Dans son jugement rendu mercredi 11 janvier, le tribunal relève que la phrase reprochée à Elisabeth Roudinesco "par sa brièveté, sa composition et l'opposition sur laquelle elle est construite entre le souhait exprimé par Jacques Lacan, présenté comme un fait objectif et certain, et la réalité contraire de ses obsèques" sont "incontestablement contraires à l'honneur et à la considération" de la plaignante, Judith Miller.
Le tribunal refuse le bénéfice de la bonne foi à Elisabeth Roudinesco, au motif que l'auteur, "professionnelle de l'écriture maîtrisant parfaitement l'expression de sa pensée" qui a déjà consacré plusieurs ouvrages à la vie et l'oeuvre de Jacques Lacan, a "manqué de prudence et de rigueur dans l'expression", en présentant comme une "affirmation aussi concise que péremptoire", le voeu de funérailles catholiques qui avait pu être formulé à un moment de sa vie par le psychanalyste.
Le tribunal condamne en conséquence les éditions du Seuil et Elisabeth Roudinesco à verser un euro de dommages et intérêts à Judith Miller et 6000 euros au titre des frais de justice.
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Actualisation: Le Seuil ayant fait appel, la justice se penchera à nouveau sur l'interprétation des dernières volontés de Jacques Lacan.