Ce que copier veut dire (Retour de Copy Party)
:: S.I.Lex :: - calimaq, 15/03/2013
La Copy Party n’est pas morte !
Un an presque jour pour jour, après la tenue de la première Copy Party à la Roche-sur-Yon, une nouvelle édition avait lieu jeudi 14 mars à la médiathèque de Rezé, près de Nantes.
Cet événement s’inscrivait dans le cadre du cycle [Lire + Ecrire] numérique, mis en place par Guénäel Boutouillet et Catherine Lenoble, avec le soutien de la Région des Pays de Loire.
Cette session du 14 mars présentait l’originalité de prolonger une Copy Party à la bibliothèque par un atelier d’écriture portant sur le thème de la copie. Les participants étaient invités, à partir d’un des documents reproduits lors de la Copy Party, à produire leurs propres textes en réfléchissant aux notions de réinterprétation et d’intertextualité. La consigne de l’atelier jouait de la contrainte légale comme d’un levier pour la création :
Réécrire ce document – sans le paraphraser : c’est à dire : si c’est une image, l’écrire sans insert d’images ; si c’est du texte, l’écrire sans rien en citer ; l’écrire autre ; n’en révéler, dans le corps du texte, aucun élément contextuel trop éclairant (notice, auteur, date). L’écrire en un bloc justifié.
En préambule de la journée, les organisateurs m’avaient invité à mettre la Copy Party en perspective et j’ai choisi de m’interroger sur le statut juridique et la signification de l’acte de copie aujourd’hui. Voyez la présentation ci-dessous :
Cette Copy Party était la quatrième à avoir lieu depuis l’année dernière. Outre celle de la Roche-sur-Yon (appelons-là « The Mother Of All Copy Parties » ;-), une seconde s’est tenue au Lycée Rabelais à Fontenay le Comte en décembre 2012.
Une troisième s’est déroulée en janvier dernier à Bruxelles, organisée par l’association GSARA.
Dans le premier cas, il s’agissait de se servir de la Copy Party comme d’une occasion pour sensibiliser des lycéens aux questions juridiques liées à la copie, par le biais d’ateliers pédagogiques. Dans le second cas, la Copy Party était plutôt conçue comme un happening et elle s’est prolongée par une table-ronde avec des représentants de sociétés de gestion collective, autour des questions de droit d’auteur et de financement de la création à l’heure du numérique.
La Copy Party de Rezé était de son côté couplée avec un atelier d’écriture, dont les résultats sont déjà en ligne sur le site de [Lire + Ecrire] numérique. Les témoignages des participants sont particulièrement intéressants :
En m’inscrivant à cette journée professionnelle intitulée Copy-Party, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir copier. Une vaste étendue de possibilités dans un établissement comme la médiathèque Diderot de Rezé. Quel espace choisir? Quel sujet? De la fiction? Du doc? Et quel(s) document(s)? Je n’ai pas cherché à creuser car je me suis dit que le choix s’imposerait tout naturellement le jour J face aux étagères. A la fin de la conférence de Lionel Maurel, on y était. Enfin, il fallait se lancer! J’ai commencé par me diriger vers l’espace MST, multimédia sciences et techniques optant pour le documentaire. Là, après quelques hésitations, j’ai sorti du rayon Cuisine, un document. Très vite, je suis allée à la page qui m’intéressait. Étant en possession d’un vin que je conserve pour le servir avec un plat approprié mais qui n’est pas celui qui vient immédiatement à l’esprit, j’ai joint l’utile à l’agréable dans cet acte de copie. Outre la page de la recette, j’ai photographié les 1ère et 4ème de couv ainsi que les références de l’ouvrage: date de parution et maison d’édition. Je garde donc trace de ma source. J’emprunterai peut-être ce document lors d’une prochaine visite. Peut-être pas!
Copie d’un livre pour enfants :
Située au deuxième étage et accessible par un escalier en béton, la bibliothèque des enfants regorgeait d’un nombre impressionnant de livres. Lequel choisir? Je commençais par déambuler dans cet espace et me retrouvais de façon assez fortuite devant une collection de contes [...] Cette version était assez surprenante. Épuré, le graphisme était géométrique. Les chiffres répondaient aux lettres dans une harmonie de couleurs primaires. Cette présentation apportait en somme un souffle très contemporain à cette oeuvre. J’en fis une copie instantanément. Je détenais mon premier livre copié à usage strictement personnel que je destinais à ma nouvelle bibliothèque de travail virtuelle. Je disais adieu à mes réticences et savourait le bonheur de cette révolution numérique en marche!
L’enseignement que tire de cet évènement, c’est qu’il paraît important d’inscrire la Copy Party dans une démarche plus vaste et d’en faire le support d’une action de médiation culturelle. La première Copy Party de La Roche-sur-Yon avait pour objet de tester le concept. Toutes celles qui ont suivi, n’ont pas été « copiées » à l’identique, mais déclinées et adaptées selon les besoins des organisateurs et leurs projets propres.
C’est exactement ce que j’ai voulu démontrer dans ma présentation « Ce que copier veut dire ». Contrairement à ce que l’on veut trop souvent nous faire croire, copier, ce n’est pas voler ou tricher, mais apprécier, partager et réinventer pour créer à son tour.
Et c’est comme cela depuis la nuit des temps…
Bravo et merci à Guénaël Boutouillet, Catherine Lenoble et toute l’équipe de la Médiathèque de Rezé pour s’être appropriés ainsi le concept de Copy Party !
A qui le tour ?
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