Le pédophile
Zythom - Zythom, 25/02/2014
J'aime bien télécharger des films de toutes sortes sur internet. Des films piratés pour la plupart, et beaucoup de films pornos. A force d'essais et d'erreurs, j'ai appris pas mal de trucs pour trouver les films qui m'intéressent. Sur les forums, les gens discutent des différents outils qui leur permettent d'échanger des programmes gratuits, des œuvres du domaine public, des photos qu'ils ont prises pendant leurs vacances. J'aime bien Shareaza que j'utilise depuis longtemps. C'est un logiciel P2P qui permet de partager tout et n'importe quoi, et surtout de trouver ce que l'on recherche.
Moi, ce que j'aime, c'est télécharger tous les morceaux de musique à la mode, enfin à la mode de ma jeunesse, c'est-à-dire la Vraie Musique. J'ai tous les tubes des chanteurs que j'aime, mais dont les DVD sont trop chers pour moi. C'est pareil pour tous les films de cinéma que je n'irai pas voir en salle parce que c'est trop cher. Enfin, c'est cher mais aussi c'est un peu la honte d'aller voir un film porno ou de le louer... Alors je télécharge en masse, tous les films pornos que je trouve avec Shareaza.
Quand j'y repense, je me rends compte que mes goûts ont évolué. Avant, j'allais sur YouPorn, avec son rangement bien pratique en catégories. J'ai testé un peu tous les genres: amateur, couples, hairy, mature, voyeur, 3D, etc. Mais très vite, ma catégorie préférée a été "teen". Toutes ces actrices en tenue d'écolière, ou avec des couettes... j'ai trouvé ça très "stimulant". Alors, avec mon programme Shareaza, j'ai recherché parmi tous les films pornos que je pouvais télécharger, ceux plus orientés sur les jeunes filles.
Puis de "teens", je suis passé à "preteens".
Puis de "preteens", je suis passé à "pre teen hard core", les fameuses "pthc". Les noms des fichiers vidéos sont évocateurs: "Allan -4yo pthc pedo", "David & Helen -10yo"... Je ne parle pas anglais, mais j'ai très vite trouvé les bons mots clefs pour télécharger les films qui m'intéressent. Mon ordinateur est allumé 24h/24 et je télécharge en permanence. J'ai plus de 10 000 films maintenant.
J'ai été surpris quand la police est venue m'interroger. Je croyais que les réseaux P2P étaient protégés et qu'on ne pouvait pas savoir qui téléchargeait... Et puis dans la masse des gens qui téléchargent, je pensais passer inaperçu. Il paraît que mon adresse IP a été "flashée" en Russie lors du téléchargement d'un fichier surveillé. Le signalement à Interpol a amené la police jusqu'à chez moi et mon matériel a été saisi. Interpol, sans blague !
Lors du procès, j'ai pu lire le rapport de l'expert judiciaire qui a analysé le contenu de mon disque dur. J'ai pu voir le regard crispé des greffiers et magistrats du tribunal quand ils ont regardé quelques unes des copies d'écran, et la liste des noms de fichiers. Mon avocat a tout fait pour éviter qu'on projette des extraits de films pendant l'audience. J'ai pu constater le dégoût dans les yeux de mes proches. Il paraît que je suis un pédophile, moi qui n'ai jamais touché un enfant.
Je suis en prison maintenant, mais je lis dans le journal que je ne suis pas le seul à faire la même chose.
C'est si facile. A portée de quelques clics.
C'est si facile. A portée de quelques clics.
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Mes lecteurs habituels le savent bien, je romance mes histoires pour ne pas divulguer d'informations sur les dossiers sur lesquels j'interviens, avec l'autorisation de la compagnie d'expert judiciaire de la cour d'appel à laquelle j'appartiens (relire les billets de l'affaire Zythom, en particulier celui sur la décision de la compagnie). Ce billet est donc une "romance".
Souvent, j'écris mes textes à la première personne, parce que c'est mon blog. Ici, je voulais surprendre quelques lecteurs en écrivant le billet du point de vue du pédophile. Je me demande combien se sont fait prendre, et à partir de quelle phrase ils ont compris. Les auteurs débutants se posent toujours de drôles de questions...
J'ai écrit ce texte en réaction à tout ceux qui me disent qu'ils surfent depuis longtemps sur internet et qu'ils n'ont jamais rencontré de contenus pédopornographiques, que les médias en font trop, que la police devrait faire autre chose que de traquer les internautes, que le gouvernement utilise ce faux prétexte pour censurer la liberté d'échanger des contenus numériques... S'il est évident que des forces financières sont à la manœuvre pour éviter le naufrage de leur modèle économique, il n'est pas possible de nier que nos autoroutes de l'information ne transportent pas que des marchandises légales. S'il y a beaucoup à dire sur tous ces sujets (ce qui n'est pas l'objet de ce billet), je suis personnellement confronté aux images et films échangées par les pédophiles. J'en souffre, mais je continue, parce que je suis fier d'être un petit maillon de la chaîne des gens qui luttent contre ces pratiques.
On ne peut pas nier leurs existences.
Je souffre autant de plonger dans la pédopornographie, que d'entendre dire par les uns qu'elle n'existe pas ou peu, et par les autres qu'elle justifie l'ajout de nouvelles lois avec le prétexte de "civiliser" internet.
Les pédophiles existent.
Internet facilite leurs échanges.
Les lois actuelles suffisent amplement.
Il faut simplement donner les moyens à la justice.
AMHA.