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Christiane Taubira : marqueur de gauche et erreur judiciaire !

Justice au singulier - philippe.bilger, 28/09/2014

Marqueur idéologique de gauche mais erreur judiciaire au détriment de la communauté nationale et de la démocratie. Il y a des choix et des arbitrages honteux.

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François Hollande a fait savoir qu'il était hors de question de remplacer Christiane Taubira comme garde des Sceaux parce qu'elle était "un marqueur de gauche".

Christophe Régnard va quitter la présidence de l'Union syndicale des magistrats et, questionné sur les rapports de son organisation avec elle, répond "Christiane Taubira ? Nous faisons avec !" (L'Express.fr).

Ce qui est vraiment minimaliste et trop gentil.

Mon livre "Contre la justice laxiste", qui décernait à la ministre un carton rouge a été publié au mois d'avril mais la situation ne s'est guère modifiée depuis, sinon qu'on a pu constater à quel point son maintien au gouvernement était indépendant de la politique qu'elle menait et des résultats qu'elle obtenait. Sa vision unilatéralement compassionnelle et décalée par rapport au réel n'a pas pris une ride.

Je continue à être surpris par la grâce dont elle bénéficie qui consiste à promouvoir la femme plutôt que de contester avec lucidité la responsable de la place Vendôme. Cette dernière est quasiment mise entre parenthèses comme s'il était malséant d'évoquer son médiocre bilan judiciaire alors que la personnalité de Christiane Taubira attire par un féminisme, une autorité pugnaces et doués pour le verbe. Qu'importe donc la ministre pourvu qu'on ait la femme !

Il est frappant de constater comme Christiane Taubira est conviée à s'exprimer sur les sujets les plus divers, les généralités culturelles et humanistes dont elle raffole, par exemple sur le langage de Nicolas Sarkozy et ce qu'il révèle. Force est de reconnaître que sollicitée par un admirateur, Jean Birnbaum, elle ne manque pas de finesse psychologique dans l'analyse des propos de l'ex-président (Le Monde).

Marqueur de gauche Christiane Taubira, certes, et de la pire qui soit, mais surtout désastreuse erreur judiciaire.

J'ai éprouvé longtemps l'impression de parler, d'écrire et de dénoncer dans le désert mais quand on sent que la catastrophe se rapproche, qu'elle devient imminente, même les mieux disposés à l'égard du garde des Sceaux et du pouvoir socialiste qui la fait se survivre commencent à s'inquiéter, à prévenir de dangers qu'ils ne voulaient surtout pas voir auparavant.

La loi sur la contrainte pénale est dans son principe infiniment critiquable et, en dehors du fait que le nom de la garde des Sceaux lui sera accolé, elle n'emportera aucun effet positif ni pour désengorger les prisons ni pour lutter contre la récidive. Son fondement même est vicié et il est tristement défini par cette pensée erratique et obsessionnelle de Christiane Taubira, partagée à gauche mais aussi malheureusement par une partie lénifiante et suiviste de la droite : "Il y a des années que l'on sait que la prison génère de la récidive, c'est presque mécanique. Il faut arrêter... ça désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes" (Le Figaro).

Puisque ce poncif se figurant une humanité "mécaniciste" a pris le pas sur une philosophie de liberté et de responsabilité qui honore les transgresseurs tandis que l'autre les robotise et que la loi a été votée et validée par le Conseil constitutionnel, on ne peut plus compter que sur la révolte et la résistance de ceux qui vont avoir la lourde charge de la mettre en oeuvre à partir du 1er octobre.

Heureusement si j'ose dire, la fronde est unanime. Rien d'étonnant.

D'une part, c'est une usine à gaz qui est proposée, une complexité et une bureaucratie en elles-mêmes insupportables que l'absence des circulaires promises ne va évidemment pas rendre moins étouffantes.

D'autre part, le cumul des pénuries entre le sursis probatoire et la contrainte pénale va dégrader un dispositif qui dans son essence est déjà peu fiable. De nombreux procureurs et juges correctionnels, apparemment, ont déjà "décidé de boycotter la contrainte pénale, qui va rentrer en application le 1er octobre".

Par ailleurs, "un casse-tête pour les juges de l'application des peines" qui pas assez nombreux, avec des services rarement au complet, vont être confrontés à des processus lourds imposant des charges et des contrôles supplémentaires qui seront mal assumés ou franchement négligés. Une loi pour rien. Moindre mal quand elle est mauvaise.

Enfin, le comble sera atteint le 1er janvier prochain quand les juges de l'application des peines devront "examiner les dossiers de tous les condamnés arrivés aux deux tiers de leur peine ou les ayant dépassés pour leur proposer une liberté sous contrainte". Des milliers de dossiers de libération anticipée vont être concernés.

Le paradoxe pervers tient à ce que notre système de l'exécution des peines péchant par un défaut d'efficacité et de sévérité, on va, par une fuite en avant et une mansuétude paresseuse dont la société sera victime, pousser au paroxysme ces carences. Y remédier aurait été trop épuisant, trop courageux. On accompagne donc avec complaisance un mouvement dont l'issue sera préjudiciable pour les citoyens.

Fallait-il attendre ces travaux pratiques et ces opérations vouées à l'échec pour dénoncer, s'indigner ? Non, le ver était dans la loi et dans la politique hémiplégique de la garde des Sceaux et du président de la République.

Marqueur idéologique de gauche mais erreur judiciaire au détriment de la communauté nationale et de la démocratie.

Il y a des choix et des arbitrages honteux.


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