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Otages : De l’émotion… et quelques informations ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 20/04/2014

Les prises d’otages sont l’une des plus belles crapuleries que l’on...

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Les prises d’otages sont l’une des plus belles crapuleries que l’on connaisse. Le fait de lâches, de bandits sans foi ni loi. Un Etat doit tout faire pour récupérer ses nationaux, et s’il en est toujours qui ne reviendront pas, les retrouvailles, chaque fois, sont bouleversantes. La joie ne masque pas la souffrance, et on ose deviner les traumatismes qui nécessairement en résultent pour les otages et leurs proches. Vivre de tels évènements....

Oki, mais on reste plus que mal à l’aise.

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D’abord devant ces images qui tournent en boucle. L’évènement compte, et les journalistes sont bien placés pour parler des journalistes, mais qu’apporte le fait de revoir cinquante fois les mêmes images, avec les commentaires, déjà hélas entendus tant de fois.

Vient ensuite la question des contreparties. Le gouvernement répond toujours qu’il a négocié sans rien offrir et sans rien remettre. Serge July, co-président du Comité de soutien aux otages en Syrie, est assez net : « Si on veut que des journalistes aillent en Syrie, mieux vaut ne pas se poser trop les questions des contreparties ».

Didier François, d’Europe 1, et le photographe Édouard Elias ont été enlevés au nord d'Alep le 6 juin 2013. Nicolas Hénin, reporter indépendant pour Le Point et Arte, et Pierre Torrès, photographe indépendant, l’ont eux été le 22 juin à Raqqa. Ils étaient prisonniers de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le plus radical des groupes djihadistes en Syrie.

Alain Marsaud, député UMP des Français de Syrie, et ancien magistrat, était hier bien serein pour expliquer sur RFI : « Si ce n'est pas nous qui payons, c'est d'autres qui payent à la place (...) Nos amis, soit qataris soit des Emirats arabes unis, ont dû faire un geste. Est-ce que ce geste, c'est de l'argent, est-ce que ce geste, ce sont des armes ? Nous le saurons peut-être un jour, peut-être qu'on ne le saura jamais. Il y a de bonnes raisons de penser qu'un certain nombre d'Etats amis, ou un Etat ami en particulier, après avoir identifié nos preneurs d'otages, a pris langue avec eux et a obtenu cette libération ».

Sur BFM, il en a remis une couche : « Je me suis entretenu, il y a quelques jours, avec les responsables des services de sécurité des Emirats arabes unis, et j'ai cru comprendre, même si les choses n'étaient pas aussi claires, qu’il y avait de bonnes raisons de penser qu'une issue favorable se déroulerait prochainement. Je ne sais pas si c'est eux seuls directement. Mais dans tous les cas, nos amis des Emirats arabes unis ont eu, à un moment ou à un autre, des contacts positifs, vraisemblablement avec les gens d'al-Nosra, dont ils sont proches. C'est un secret pour personne que les pays de la zone soutiennent tel ou tel groupe ou tel sous-groupe au demeurant. »

Enfin, sur la motivation des preneurs d’otages, Alain Marsaud, toujours aussi carré, explique : « Les preneurs d'otage ont fait cela pour essayer d'influencer la politique étrangère de la France. Or finalement cela ne sert pas à grand-chose, parce que la politique étrangère de la France, elle est clairement dans le combat anti-Assad. Donc, d'une certaine manière, ce sont nos alliés qui ont enlevé nos journalistes. C'est un peu paradoxal ».

Paradoxal dit-il… Ce serait bien que nous ayons, en plus des belles images, quelques informations… et que les journalistes pensent à poser quelques questions aux politiques.

Le 6 juillet 2012, Hollande avait déclaré : « Une chose est sûre, c'est que le régime de Bachar el-Assad ne tiendra pas. Sa chute est inéluctable ». On en est où ?

Le 16 août 2012, Laurent Fabius avait déclaré : «Le régime syrien doit être abattu et rapidement. Je suis conscient de la force de ce que je suis en train de dire : Mr Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur la Terre ». On en est où ?

A la mi-mars 2013. François Hollande s’était engagé pour une levée rapide de l’embargo européen pour pouvoir livrer des armes à l’opposition syrienne, avant de recarder en septembre : « Les Russes livrent régulièrement des armes au régime, mais nous, nous le ferons dans un cadre élargi, avec un ensemble de pays et dans un cadre qui peut être contrôlé car nous ne pouvons pas accepter que des armes puissent aller vers des djihadistes et non à l'ASL ». On en est où ?

Le 11 septembre 2013, Poutine écrivait dans le New York Times : « La Syrie n’est pas une bataille pour la démocratie, mais un conflit armé entre le gouvernement et l'opposition, dans un pays multireligieux. Il y a peu de champions de la démocratie en Syrie. Mais il y a plus qu’assez de combattants d’Al-Qaeda et d’extrémistes de tous bords qui luttent contre le gouvernement. Le Département d'Etat des Etats-Unis a désigné Nusra Al et l'Etat islamique d'Irak et du Levant, qui combattent avec l'opposition, comme des organisations terroristes. Ce conflit interne, alimentée par les armes étrangères fournies à l'opposition, est l'un des plus sanglants dans le monde ». On en est où ? 


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