Médecine légale : Martin is still alive,… mais la presse est morte
Actualités du droit - Gilles Devers, 28/02/2015
Martin est mort hier après-midi, et toute la presse – avec d’authentiques larmes à l’œil – a annoncé la mort de Martin. Sauf que Martin, bien vivant, a fait passer un démenti via son agence de presse, TF1.
« Oki, on s’est trompé, personne ne se fâche ». La ligne du parti a vite été définie, et par Martin lui-même, car il ne peut songer un instant remettre en cause le modèle économique de notre si servile presse standard.
La « liberté de la presse »… Ah l’esprit du 11 janvier… et Hollande nous faisant pleurnicher sur cet idéal, relevé de la magnificence de Voltaire… Sauf que la presse n’est libre que si elle est économiquement indépendante, et çà, c’est de la vieille histoire. Dans notre joli monde social-libéral, ce qui domine, c’est la liberté des grands groupes industriels de museler l’opinion.
La grande presse française appartient à des industriels qui ont investi pour défendre leurs intérêts, et donc l’ordre social : Bouygues, propriétaire de TF1 ; LVMH, du sympathique François Pinault, propriétaire du Point et du groupe de presse financière L'Agefi ; Dassault, propriétaire du Figaro ; Mathieu Pigasse, de la banque Lazard, Pierre Bergé, le financeur du groupe PS-SFIO, et Xavier Niel, de Free, propriétaires de Le Monde (Occidental) et L’Obs ; Patrick Drahi propriétaire de Libération, la chaîne d'information israélienne i24news et L'Express… On peut continuer à rire avec Le Provencal, propriété du philosophe Tapie… Et n’oublions pas tous les titres pendus auprès de leur banquier, qui n’ont d’autre solution que de travailler vite, sans journalistes, et en cherchant toujours le spectaculaire, qui permet d’envisager quelques contrats de pub.
Quelle misère…
Regardons un peu le vrai-faux décès de Martin.
L’AFP balance une info erronée, ce qui est grave. Alors que cette info est vérifiable par un simple coup de fil, aucun organe de presse ne vérifie, et tous se précipitent vers leur site internet pour être dans le timing… Aucune crédibilité… Blessure mortelle. Alors qu’il était si facile de vérifier cette info avant de la publier, comment leur donner le moindre crédit quand l’info relève d’un minimum de complexité ?
Le club des huit patrons qui tient la presse officielle a décidé de passer l’affaire sous silence, pour sauvegarder le système. Et tous les pseudos journalistes se la ferment, car il faut ramener la paie à la fin du mois.
Cette lamentable affaire montre que la presse officielle française n’offre aucune fiabilité. Aucune, sauf pour la météo et le championnat de D1. Comme elle ne vérifie rien, nous devons tout vérifier. Heureusement, il nous reste la presse étrangère, les médias alternatifs, et les blogs.