Le péril SMIC !
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 9/06/2012
Le salaire minimum de croissance (SMIC) est le salaire horaire en dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié et ce, quelle que soit la forme de sa rémunération (au temps, au rendement, à la tâche, à la pièce, à la commission ou au pourboire).
Le montant du SMIC horaire brut est fixé, depuis le 1er janvier 2012, à 9,22 euros, soit 1 398,37 euros bruts mensuels sur la base de la durée légale de 35 heures hebdomadaires.
En janvier 1970 le SMIC a succédé au Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), instauré le 11 février 1950. Aujourd'hui Le Smic est actuellement indexé sur des indices de prix, mais n'est pas lié à l'évolution du PIB (Produit intérieur brut).
Selon les chiffres de l'Insee , la proportion de salariés payés au SMIC est passée d’environ 10 % sur la décennie 1987-1996 à plus de 16 % en 2005.
Aujourd'hui Près de 4 millions de salariés perçoivent le SMIC (La population des salariés au SMIC horaire est très hétérogène seuls 45 % sont en emploi à taux plein toute l'année.) A noter que Le SMIC net soit 1.100 euros est proche du seuil de pauvreté fixé à 954 euros .
Au-delà du fait que le Smic est largement insuffisant pour vivre ( notamment dans les grandes villes où les loyers sont au-dessus des possibilités financières des personnes payées au SMIC) , les différentes politiques d'exonérations et allégements de charges appliqués depuis des années sur les bas salaires pour favoriser l'emploi, ont eu comme effet pervers d'augmenter la proportion d'employés payés au SMIC et de les enfermer dans une catégorie de travailleurs pauvres .
Instauré pour garantir au salarié un salaire plancher , amélioré par les dispositions conventionnelles, le Smic est devenu le salaire de référence , une sorte de plafond de rémunération .
Le coup de pousse au Smic que souhaite donner la nouvelle majorité a non seulement une haute valeur symbolique mais peut améliorer le pouvoir d'achat des salariés les plus modestes, auquel il faut apporter une réponse.
Un coup de pousse modéré ( le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a indiqué vendredi dernier que la hausse du Smic serait inférieure à 5% et qu'il s'agirait d'une "mesure juste et raisonnée"),qui selon certains experts et le Medef , mettrait les emplois en péril !
Ce n'est plus le péril jaune mais le péril SMIC !
Nous pouvons lire dans le Nouvel observateur/
"La présidente du Medef, Laurence Parisot, a mis en garde mercredi contre un "risque sérieux sur l'emploi" d'une augmentation du smic et demandé la saisine du comité d'experts chargé de se prononcer sur l'évolution du salaire minimum pour en mesurer "les effets sur l'économie".
"Sur le smic, comme sur les retraites, il faut faire des études d'impact avant toute décision", a estimé sur RTL la patronne du Medef.
"Nous ne pouvons pas aller au-delà de ce qui est prévu normalement sur le smic sans prendre un risque sur l'emploi, un risque sérieux, non seulement ça peut empêcher de nouvelles embauches mais ça peut aussi détruire des emplois. Donc il faut faire une étude d'impact", a-t-elle ajouté.
"Je demande que le comité d'experts chargé d'évaluer les effets du smic (créé en 2008 ndlr) soit saisi pour qu'on puisse bien comprendre l'effet du coup de pouce du Smic à l'économie", a poursuivi Mme Parisot.
Des propos repris par Martin Hirsch qui propose une augmentation du RSA à la place du SMIC ! pour aller plus loin
Selon le Comité d'experts "un coup de pouce ne serait pas opportun et pouvait avoir des conséquences néfastes sur l'emploi ou sur les finances publiques".
Des députés UMP se lancent dans la brèche et lancent des chiffres plus que contestables : "1% d'augmentation, c'est 700 millions d'allègements en plus", "en comptant les revalorisations de salaires des 890.000 fonctionnaires concernés, la facture atteindrait 1 milliard" lance Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du Budget dans l'Assemblée nationale sortante. Un autre avance qu’une hausse du Smic de 1% supprimerait 25000 emplois, surtout des jeunes.
La précarisation de l’emploi et le nivellement des salaires par le bas restent des moyens efficaces de rendre dociles des salariés de plus en plus frileux ! la peur du chômage est un puissant anesthésiant !
Il faut bien les rendre dociles pour qu'ils acceptent flexibilité, perte de salaire contre maintien ( temporaire) de leur emploi , stress et management par la peur bref tout un arsenal bien ajusté qui permet aux entreprises et surtout aux multinationales de garder leur marge bénéficiaire dans un monde de compétitivité exacerbée.
Droite et Medef n'ont de cesse de concilier paupérisation et précarisation des salariés et maintien de leur niveau de vie ! ce maintien ne pouvant s'opérer que par un transfert des charges vers l'état et les contribuables ! ( TVA sociale )
Il y a huit millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté en France, c'est-à-dire qui ont moins de 900€/mois pour vivre. Parmi elles, des allocataires des minima sociaux, des chômeurs mais aussi de plus en plus de salariés !
le visage de la France à quelques jours des législatives :
- plus de 4 millions de demandeurs d’emploi
- 8 millions de pauvres
- la moitié des français avec un revenu inférieur à 1580€ par mois.