Elections : Ouf, c’est fini !
Actualités du droit - Gilles Devers, 17/06/2012
Enfin sorti de ce long tunnel électoral... Les Françaises et les Français ont dit ce qu’ils en pensaient en battant le record de l’abstention, avec plus de 44%. Les vainqueurs étaient hier tout sourire, mais ils feraient bien de se poser quelques questions, car en moyenne, ils ne peuvent se prévaloir que de 30% de l’électorat, ie du peuple, donc de vous et moi.
Près d’un électeur sur deux s’est dit non intéressé, et ça se comprend : on ne s’est jamais autant rasé lors d’une campagne législative, et je dis que c’est grave.
Qui peut me citer une seule idée qui serait apparue lors de cette campagne ? Une seule idée qui ait été débattue ? Rien, rien de rien.
Dans un pays civilisé, les élections législatives devraient être les plus importantes. La République parle et agit par la loi, expression de la volonté générale, et la loi est l’œuvre du Parlement. Alors quelles lois sont capables de voter les kyrielles de lobotomisés qui ont été élus hier ? Vous en avez une idée ? Si c’est le cas, vous avez bien de la chance, et merci de m’adresser la doc, ça m’intéresse.
A part de fort distrayantes affaires de cœur mal gérées ou un gros canular de potache, il n’est absolument rien passé. Je veux dire rien passé du niveau d’un pouvoir législatif, car tout ce petit monde a été très actif pour blinder ses positions locales. C’est le délire de la proximité ! Je sais bien que les élections se gagnent en faisant risette sur les marchés et en buvant un coup lors des tournois de boules, mais il devrait y avoir le projet politique aussi. Un minimum, quand même !
Tu veux être député, bonhomme ? Alors, dis moi ta vision de la France, tes idées économiques, ton point de vue sur les grandes questions de société… Des questions plus précises ? Comment règles-tu le financement de la santé, alors que ces jours-ci les banques lancent des contrats pour avancer le montant des dépenses de santé ? Es-tu partisan d’une Europe plus fédérale, comme contrepartie des engagements financiers communs, et comment serait-elle gouvernée ? Et tu penses quoi du bouclier antimissile qu’Obama veut déployer sur l’Europe, prenant ainsi un vrai contrôle militaire de nos terres ?
De même, on pourrait faire le test auprès des sortants, en leur citant des lois qu’ils ont votées. On trouverait plein de lois dont ils ne se rappellent pas même le titre, et si on leur demandait d’expliquer le texte et ses effets juridiques, alors là, çà serait une blague propre à dérider le plus grand des dépressifs.
Tout ceci est consternant. Nous ne ferons rien sans un vrai Parlement avec de vrais parlementaires, et nous en sommes à des années-lumière. Plutôt d’ailleurs des années-ombre.
Pour ces « législatives », le débat était :
- Votez pour moi, car Hollande doit avoir une majorité, et je m’engage à être une bonne buse votant pour ses projets les yeux fermés.
- Votez pour moi, car Hollande a trop de pouvoirs, et je m’engage à être une bonne buse votant contre ses projets les yeux fermés.
Alors, après çà, c’est juste à mourir de rire de voir Ayrault prend sa voix de fluet pour affirmer que le gouvernement respectera les droits du Parlement. Tu parles… La Parlement s’est court-circuité le cerveau, alors tu ne prends pas de risques ! Nous n’avons pas de Parlement, mais juste des chambres d’enregistrement, et d’ailleurs c’est Bruno Le Roux, un grand pote de Hollande, qui sera la président du groupe PS. Comme çà, c'est clair.
Tout le monde déplore la bassesse du niveau politique en France, proche de l’inculture. Et on montre du doigt l’école, la famille, la télé… Non, la sagesse chinoise nous apprend que le poisson pourrit toujours par la tête. C’est ce dont il est question quand on élit du gaz.
Dés demain, les télés vont nous abreuver de reportages absolument passionnants genre « le bleuet fait ses premiers pas à l’Assemblée ». Qu’y fera-t-il, notre bleuet ? Il ira chercher son numéro.
Préparatifs de la rentrée parlementaire, France, 2012