Hystérie collective contre les Roms
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 7/10/2013
Médias, blogs c'est la chasse aux Roms : une véritable hystérie collective !
Avant que F.Holande ne soit Président , il écrivait au collectif Romeurope
"J’ai toujours dénoncé, et je continuerai à le faire, la stigmatisation dangereuse lancée par le candidat sortant en août 2010 à l’égard des populations de Roms : expulsions brutales à répétition, stigmatisation toujours plus forte d’une population, interdiction de travailler et de se former, reconduites aux frontières sans résultat… C’est bien la politique du Gouvernement de Nicolas Sarkozy qui est responsable de la précarité intolérable dans laquelle se trouvent ces familles et qui fabrique un groupe de population, bouc-émissaire idéal pour justifier des politiques toujours plus répressives.
Les tsiganes, Roms, gens du voyage ont été et sont encore souvent victimes de discriminations et de persécutions. Ils ont longtemps été les oubliés de l’histoire et de la reconnaissance officielle des crimes commis pendant les années noires de l’Europe."
Aujourd'hui , alors que nous sommes au centre d'une tourmente sans précédant ( reconfiguration géopolitique du monde, monde occidentale en crise, France en voie de paupérisation etc.. ) notre gouvernement stigmatise les Roms et montre le triste spectacle d'un repli sur soi sécuritaire.
François Hollande, met le cap à droite en avant toute .... derrière Valls et les chasseurs de Roms.
Comme le note si bien Médiapart " Une conduite droitière qui fragilise toute la gauche.... tout comme l' abandon du droit de vote des étrangers ou des récépissés des contrôles d’identité, le blanc-seing accordé au syndicat d’extrême droite Alliance à chaque bavure policière, la violente remise en cause de la réforme pénale,l' enterrement de l’amnistie sociale,le maintien d’une laïcité de fer exclusivement concentrée contre l’islam… À chaque fois, Hollande n’a dit mot face à la marche triomphante de l’ordre républicain prôné par Valls. Et pourtant, le FN n’a jamais été aussi proche de devenir le premier parti de France.
Au bout du compte, le seul résultat probant du laisser-aller hollandais se retrouve dans le dernier baromètre sondagier du Figaro-Magazinei : le podium des « hommes politiques d’avenir » se partage désormais entre Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Belle réussite…"
Amnesty International , note dans un récent rapport : « Durant les mois de juillet et août 2013, 3 746 Roms ont été expulsés à l’occasion de 39 opérations d’évacuation et 320 ont été évacués suite à trois incendies. Lors de ces 42 évacuations qui ont touché 4 066 personnes en deux mois, des solutions temporaires de relogement ont été proposées dans 19 cas. »
Cette année, les chercheurs d’Amnesty International ont concentré leurs recherches sur deux sites qui rassemblent « près d’un quart de la population rom en France » : l’agglomération lilloise (3 300 Roms) et Lyon et sa banlieue (1 126 Roms).
Amnesty International développe un réquisitoire documenté en trois points :
- L’absence de protection juridique contre les expulsions forcées
- L’insuffisance des réponses contre ces expulsions forcées
- la répétition des expulsions qui entraîne une précarisation croissante pour ces Roms,
« Le nombre d’expulsions est en augmentation et des records ont été atteints pour l’année 2012 et l’été 2013 », assure Amnesty International, en rappelant à nouveau que la circulaire du 26 août n’interdit pas la pratique des expulsions forcées. « Amnesty International regrette le manque de volonté politique du gouvernement et les propos de certains membres du gouvernement qui perpétuent les clichés et attisent les réactions d’animosité et de rejet », conclut le rapport de l’ONG, qui fait écho aux propos encore très récents du ministre de l’intérieur.
Comme le note fort justement le journal l'humanité :
"Au cours de son histoire, la France a connu des explosions de rejet de l’étranger. L’historien Jean-Noël Jeanneney rappelait vendredi matin sur France Inter le massacre de 150 Italiens travailleurs de la compagnie des Salins à Aigues-Mortes en 1883 par les villageois et les ouvriers français. Les Roms livrés à la vindicte populaire, 130 ans après le Italiens d’Aigues-Mortes, c’est du pain béni pour Mme Le Pen. C’est surtout un recul historique des valeurs de la France des Lumières et de la République. Après les Roms, à qui le tour ?"
Petit rappel :
La communauté Roms compte 10 à 12 millions de personnes en Europe qui représentent dans certains pays d’Europe de l’Est plus de 5% de la population. Ce sont donc des citoyens européens à part entière qui sont pourtant victimes de préjugés et bien souvent mal traités.
Les Roms désignent un ensemble de populations ayant une origine indienne. Le terme signifie «homme» en hindî. A l’origine, leur langue vient du nord-ouest du sous-continent indien. En France, ce sont ceux que l’on appelle Gitans, Tsiganes, Manouches, Romanichels ou encore Bohémiens. L’expression «gens du voyage», souvent utilisée par les législateurs pour remplacer «nomades», ne désigne pas seulement les Roms, même si elle leur est bien souvent attribuée.
l y a entre 15.000 et 20.000 Roms en France, selon le Conseil de l'Europe. Selon l'association Médecins du monde, 15.000 vivent en France depuis une vingtaine d'années, un chiffre constant malgré les expulsions, car les personnes reconduites dans leur pays d'origine reviennent fréquemment.
Leur nombre dans l'Hexagone est ainsi inférieur que chez certains de nos voisins européens. Selon Amnesty International, qui cite des chiffres du Conseil de l'Europe, ils seraient "environ 10 millions" sur l'ensemble du continent, pour moitié dans l'UE (ils sont notamment 1.850.000 en Roumanie, 750.000 en Bulgarie, 750.000 en Hongrie, 150.000 en Italie...). La France n'étant pas la seule confrontée aux migrations des Roms, une solution est réclamée à l'échelle européenne, afin notamment de favoriser l'intégration en Roumanie et en Bulgarie.
- Combien de campements de Roms en France ?
Selon le ministère de l'Intérieur, il existe actuellement environ 400 campements de Roms, dont les deux tiers sont installés en Ile-de-France. Rien qu'en Seine-Saint-Denis, il y en aurait près de 130.
- Combien de camps illicites ont-ils été évacués ?
Les expulsions de campements de Roms sont la conséquence directe de décisions de justice. Ce sont ensuite les maires qui font appel aux forces de l'ordre pour procéder aux expulsions. Dans son dernier rapport, Amnesty International rapporte que le nombre d'expulsions forcées est "en augmentation et des records ont été atteints pour l'année 2012 et l'été 2013". L'organisme humanitaire, qui s'appuie sur des chiffres de la Ligue des droits de l'Homme et l'European Roma Rights Center, précise qu'"en 2012, 11.982 migrants roms ont été chassés des squats et bidonvilles où ils habitaient", un chiffre qui "a très fortement augmenté pendant les deux premiers trimestres 2013, atteignant 10.174 personnes en six mois, un nombre jamais atteint depuis le début des recensements en 2010".
Pour aller plus loin lire cet article du Nouvel Observateur
«le rôle de bouc-émissaire» de cette communauté est mis en évidence par le Conseil de l'Europe. Les parlementaires ont énuméré des cas datant de ces dernières années, au cours desquelles des Roms ont été agressés, physiquement, verbalement ou moralement. En Bulgarie, en août 2007, un groupe de skinheads a attaqué six Roms dans la capitale. En Croatie, des discours de haine raciale ont été publiés sur Internet après la victoire d’un Rom musulman à une émission télévisée. En 2009, des cocktails Molotov ont été lancés sur des Roms en République Tchèque. La même année, en France, des fonctionnaires ont rendu visite à un campement afin d’apposer des tampons sur les mains ou les bras des personnes pour «mieux les identifier», selon le texte lu par les parlementaires. source actu Match
Ces derniers regrettent que les Etats considèrent que cette question sensible soit gérée par des organisations nationales et européennes, alors que «la principale responsabilité incombe aux gouvernements qui ne sauraient s'y dérober». Ils ont également demandé à ce que le sujet soit abordé «non seulement sous l'angle d'un groupe socialement défavorisé, mais aussi sous celui d'une minorité nationale». Une vidéo a été faite par les membres de la campagne «Dosta !», en partenariat avec l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe. Sur fond de photos de Roms, on peut y lire les mots «Découvrir», «Comprendre», «Partager», «Réussir» et surtout «Vivre».
La scolarisation des enfants roms est également une priorité pour le Conseil de l’Europe.
Le Conseil de l’Europe soutient les Roms depuis 20 ans, sans grand résultats. Partout, pourtant, ils pâtissent toujours de préjugés tenaces, de discrimination, voire de violences. On ne les voit jamais sur la scène politique.
« Ils ont accepté l’exil de la société mais ils s’y sont retranchés. On leur a lancé l’opprobre, ils l’ont changée en divorce. Leur vie n’a pas été sacrée, ils n’ont pas respecté celle d’autrui. On leur a refusé la propriété de droit, ils se la sont adjugés de fait. On les a rejetés au-delà de toute légalité, ils ont pris la ruse pour auxiliaire et la réussite pour loi.
« On les a repoussés jusque dans le sein de la nature, ils s’y sont attachés avec adoration et fanatisme. Ils ont compris tout ce qu’elle pouvait donner à ceux qui n’avaient qu’elle et ils ont retourné leur dédain aux sociétés fixes et régulières en voyant combien elles étaient incapables de montrer des charmes assez doux pour embellir la misère et l’ignominie. »
« Quand on songe aux malheurs qui ont donné lieu à cette manière de sentir, on n’est plus surpris de les voir ravir sans scrupules de quoi sustenter leur famélique existence à des sociétés qui ont été si barbares pour eux et l’on ne peut s’empêcher d’admirer la grandeur indélébile de l’âme humaine, son élévation, puisque, après de tels et si longs avilissements, elle puise encore en elle-même l’instinct de sa noblesse, s’enorgueillit de sa force et liberté, pleure sur son impuissance et sa faiblesse et traduit ces beaux mouvements dans un art admirable. »
C’était le musicien Liszt qui disait cela. Nous pouvons toujours le dire. Et nous disons « Dosta ! », « Dosta ! » à l’injustice, à l’humiliation, à l’ignorance et à la violation des droits de l’homme.