Marseille ne saute pas La Haye !
Justice au Singulier - philippe.bilger, 17/05/2018
Le 17 mai j'ai participé à une journée formidablement organisée par la Cour pénale internationale, à La Haye, sur le thème du contre-interrogatoire. J'ai découvert avec curiosité et presque émotion cette prestigieuse institution et ses locaux magnifiques. Dans un flot ininterrompu et une passion constante, se mêlent des cultures juridiques et des cultures étrangères ; le droit romano-germanique ne s'oppose pas autant qu'on le dit à la common law (notre procédure à la procédure accusatoire pour aller vite). J'ai appris, j'ai retenu, j'ai présenté le moins mal possible la cour d'assises et les particularités de notre procédure criminelle.
Marie-Jeanne Sardachti, qui est substitut au parquet de la CPI, a été la cheville ouvrière de cette réussite et je devine l'amplitude de sa charge de travail si j'en juge d'après les soucis que je lui ai causés, tant pour la structuration de ce colloque que pour les trajets ferroviaires !
Le 17 m'a fait oublier les avanies et les déceptions du 16.
Dans le train qui m'emmène à Rotterdam puis dans le train régional qui me conduit à La Haye, je ne cesse de me demander si j'arriverai à temps dans ma chambre d'hôtel pour voir la finale opposant l'équipe de Marseille à celle de l'Atletico de Madrid. Je ne crois pas du tout à la victoire de Marseille mais Français, on espère d'autant plus qu'on a oublié ses préférences et ses détestations du championnat de France pour s'unir sportivement autour de ce groupe marseillais que Rudi Garcia semblait avoir métamorphosé.
Un taxi qui traîne. J'arrive dans ma chambre. Le match a commencé depuis dix minutes. Marseille a l'air de tenir. Puis sur une passe appuyée de Mandanda, Anguissa fait un mauvais contrôle et Griezmann marque pour l'Atletico. Plus tard, Payet blessé sort. Tous le bécotent, comme si c'était le moment de faire des effusions. Y compris Griezmann trop content !
Cette première mi-temps s'achève mal. Je dîne vite et je suis à mon poste pour la seconde mi-temps. Elle sera catastrophique. L'équipe espagnole a fait ce qu'elle a voulu tandis que son adversaire, ayant perdu tous ses repères allait à vau-l'eau - il pleuvait en plus abondamment - et se faisait traiter comme un élève dominé par son maître. On a eu pitié de Marseille mouillé et impuissant. Ce fut une prestation honteuse, humiliante pour notre équipe. Rudi Garcia n'est pas un entraîneur médiocre mais face au génie tactique de Diego Simeone inspirant ses joueurs qui appliquaient ses consignes à la lettre, il s'est retrouvé dans la situation d'Unai Emery déstabilisé, contre le Real de Madrid, par Zidane et ses options tactiques décisives.
Pas un joueur marseillais n'a été à la hauteur au point qu'on est quasiment obligé d'octroyer un satisfecit à Maxime Lopez qui a remplacé Payet et n'a pas démérité mais aucun de ses centres n'a trouvé preneur.
Ce n'est pas tant la défaite qui a été insupportable qu'encore une fois les cocoricos anticipés comme s'il suffisait de disputer une finale pour la gagner.
Puisque Marseille a déçu, revenons au PSG. Aussi agaçant et richissime qu'il soit, le club parisien, avec son nouvel entraîneur Thomas Tuchel va peut-être enfin progresser en Coupe d'Europe. Il serait piquant, comme on n'attend plus grand-chose de lui sur ce plan pour ne pas être déçu à nouveau, qu'il nous surprenne et que sous une férule teutonne stricte et directive, il aille au bout.
La CPI, ensuite, a été à la hauteur de sa réputation. Je n'ai eu aucun mal, grâce à elle, à oublier les énervements du sportif en chambre à La Haye mécontent de Marseille.