Nous arrivons à peine à en parler...
Actualités du droit - Gilles Devers, 16/11/2015
Parmi leurs 129 victimes, les criminels de ce 13 novembre ont tué le cousin d'une assistante du bureau, qui était salarié de la société de production du concert du Bataclan.
Il était à l'entrée de la salle de spectacles, prenant un moment d’échange avec des amis, car tout tournait bien ce soir-là.
Lorsque les tueurs sont arrivés, il a été l’une des premières victimes. Pourquoi ? Parce qu’il était là, faisant son travail. Les premières rafales ont été pour ceux qui étaient à l’entrée. Peu importe qui ils étaient. La violence est ma loi, et comme je suis supérieur aux autres, je peux te tuer alors même que je n’ose pas croiser ton regard. La fulgurance de l’attaque nous convainc qu’il n’a pas eu le temps de se rendre compte que la guerre avait été importée dans Paris…
Et ces heures d’attente dramatiques… Car sa compagne savait qu’il était là, et elle a appris l’attaque. Elle a appelé pour prendre des nouvelles, mais le téléphone ne répondait pas. Une terrible attente… Deux heures de prise d’otages, mais après, il fallait encore attendre… Attendre entre le fol espoir et l’effroyable réel… Toute la famille est partie pour Paris, le silence dans la voiture, les larmes,… la peur,… soudain une lueur fugace d’espoir, comme si tout ceci était impossible… Quand saurons-nous ? Comment se préparer à entendre l’irréparable ? Non, ce n’est pas possible, même s’il a été tiré, il est encore vivant… Espérer un instant que son nom figure parmi les 240 blessés… Avant que vienne la confirmation du décès : victime de guerre à Paris. Le monde bascule.
Son corps a été criblé de balles. La famille a pu reconnaître le corps, mais les autorités avaient fait attention que seul le visage soit dégagé. L’horreur de A à Z.
C’est la fin d’une vie, d’un homme bon et fraternel, heureux de s’être fait sa place dans la société, aimé de sa famille et de sa compagne, et avec de beaux projets d’avenir. La vie simple que chacun souhaite : la santé, rencontrer l’être aimé, un travail, construire une famille… Né ici, de parents venus de l’autre côté de notre mer, la Méditerranée, il était musulman. Un fidèle, avec toute sa richesse spirituelle. Une histoire de famille et de foi, de confiance en l’homme. Tout a été broyé par le crime.
Le plus dur hier était de faire comprendre à sa grand-mère que son petit-fils était mort de cette guerre importée. Les mots manquaient… Comment dire ? Tant d’injustice…
Il est mort. Notre peine est immense. Ne cherchez pas les mots : ce soir, nous pleurons.