Les pensionnats indiens du Canada
Actualités du droit - Gilles Devers, 6/07/2015
- Quoi, tu ne connais pas l’histoire des pensionnats indiens du Canada ?
- Ben,… euh,…non…
J’ignorais tout de l’horrible de ces pensionnats, avant de tomber un peu par hasard sur ces faits, à l’occasion de recherches sur les droits de peuples autochtones. L’occasion d’appeler mon vieux copain Austin, qui m’a collé la plus amicale des soufflantes…
- Comment peux-tu ne pas connaitre cette histoire, ce crime de déculturation des Indiens… 150 000 enfants séparés de leurs parents et reclus dans ces pensionnats disséminés dans le pays. Des conditions de vies très dures, et près de 6 000 morts… Un crime d’Etat qui a duré jusqu’en 1990.
Au cette affaire est traitée par la Commission vérité et réconciliation, chargée globalement de la question du génocide des Premières nations, dont le site est ici. Austin me signale aussi ce site dépendant directement du gouvernement, spécifiquement sur la question des pensionnats. On y trouve beaucoup de références.
Voici quelques documents et sites :
- L’Ecole Saint-Joseph du Dakota
Comme synthèse pour découvrir ce sujet, voici un extrait d’un long et documenté article de Jules Dufour, un grand connaisseur canadien, publié sur Mondialisation.ca le 7 juin 2015, qui fait suite à la publication d’un rapport de la Commission sur ces pensionnats.
Merci Austin, mais c’est effarant…
Voici l’extrait du texte de Jules Dufour
La Commission vérité et réconciliation du Canada
Selon les termes même de la commission, « jusqu’aux années 1990, le gouvernement canadien, avec le concours d’un certain nombre d’églises chrétiennes, a exploité un système de pensionnats pour les enfants autochtones. Ces écoles et pensionnats financés par l’État et généralement dirigés par une église ont été créés pour assimiler de force les Autochtones dans le courant dominant du Canada en éliminant la participation des parents et de la collectivité au développement intellectuel, culturel et spirituel des enfants autochtones.
En règle générale, il était interdit à ces enfants de parler leur langue maternelle ou de se livrer à leurs pratiques culturelles et spirituelles. Des générations d’enfants ont été traumatisées par l’expérience. L’absence de participation parentale et familiale à l’éducation des enfants a également empêché ces derniers d’acquérir des compétences sur l’art d’être parent. On évalue à 80 000 le nombre d’anciens élèves qui sont encore vivants aujourd’hui. Puisque les pensionnats indiens ont fonctionné pendant plus d’un siècle, les répercussions qui en découlent se sont transmises des grands-parents aux parents puis aux enfants. Ces séquelles qui se sont transmises de génération en génération ont contribué à des problèmes sociaux, à une mauvaise santé et à de faibles taux de réussite scolaire dans les communautés autochtones d’aujourd’hui ».
C’est dans ces conditions que plus de 150 000 enfants des Premières Nations, Inuits et Métis ont été placés dans ces pensionnats indiens » (trcnationalevents.ca)
Source : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2013/04/26/002-pensionnats-autochtones-morts.shtml
De 2009 à 2011, la Commission de vérité et de réconciliation a participé à plus de 400 activités de sensibilisation et de collecte de déclarations. Durant son mandat, la Commission a fait la collecte de documents, a mené des travaux de recherche, préparé des rapports, organisé des actes commémoratifs et participé à des événements nationaux et à des activités communautaires. Avant la fin de juin 2011 la Commission avait recueilli 1157 témoignages individuels alors que 649 autres ont été donnés dans des cercles d’échange ou lors d’audiences publiques (trcnationalevents.ca).
Les conclusions du rapport de la Commission
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation juge que l’établissement des pensionnats autochtones au Canada a donné lieu à un « génocide culturel ». La commission estime que plus de 6000 enfants y auraient laissé leur vie. Les auteurs ont aussi rédigé 94 recommandations, allant de la réaffirmation de la relation entre la Couronne et les Premières Nations à la mise en place de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (ici.radio-canada.ca).
La commission, dans son rapport intérimaire publié en 2012, concluait que « les pensionnats indiens ont représenté un assaut contre les enfants autochtones, les familles autochtones, la culture autochtone et des nations autonomes et autosuffisantes. Elle concluait également que la mise en place du réseau des pensionnats indiens a eu des conséquences immédiates, qui n’ont cessé de se répercuter depuis les premiers jours. Elle concluait, enfin, que les Canadiens n’ont jamais reçu d’éducation complète et équilibrée sur la nature des sociétés autochtones et non autochtones (trcnationalevents.ca).
Les pensionnats indiens ont représenté un assaut contre les familles autochtones
- Le réseau des pensionnats indiens a été mis en place dans l’intention avouée d’empêcher les parents d’influer sur le développement scolaire, spirituel et culturel de leurs enfants;
- Non seulement les pensionnats ont-ils séparé les enfants de leurs parents et de leurs grands-parents, mais aussi, du fait de la séparation rigoureuse des filles et des garçons, les sœurs de leurs frères. Les enfants plus âgés étaient aussi séparés de leurs frères et sœurs plus jeunes;
- Le passage de chaque nouvelle génération dans le réseau des pensionnats donnait lieu à un affaiblissement des liens familiaux qui, à la longue, s’est soldé par la destruction virtuelle de ces liens;
- Étant donné les taux de mortalité élevés enregistrés pendant la majeure partie de l’histoire des pensionnats, nombre de parents ont passé leur vie à pleurer la mort d’un enfant, sans jamais savoir dans quelles circonstances il était mort ni ou il avait été enterré, et sans pouvoir tenir de cérémonie mortuaire appropriée (trcnationalevents.ca).
Les pensionnats indiens ont représenté un assaut contre la culture autochtone
- Le réseau des pensionnats indiens avait pour objet de « civiliser » et de « christianiser » les enfants autochtones, en substituant les valeurs euro-canadiennes aux valeurs culturelles autochtones;
- Le réseau des pensionnats indiens a déprécié et réprimé la culture et les langues autochtones. En inculquant aux élèves la honte de leurs origines, le système a sapé leur fierté et leur estime de soi. Il les a du même coup empêchés de bénéficier des avantages économiques et culturels associés à la connaissance de deux langues (trcnationalevents.ca).