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Le PSG manque de classe

Justice au singulier - philippe.bilger, 30/04/2013

Je me souviens d'une scène classique pour le rugby mais qui tranche tellement avec le football. A la fin du match entre Toulon et les Saracens à Twickenham, les vainqueurs français ont fait une haie d'honneur aux vaincus en les applaudissant. Quelle classe !

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Il y a évidemment des sujets plus importants que l'attitude du PSG à l'issue d'un match qu'il a gagné à Annecy contre la vaillante équipe d'Evian Thonon Gaillard.

Il est clair que nous n'aurions pas la puissance et la technique d'Ibrahimovic (Ibra), la condition physique de l'inlassable Lavezzi, la précision subtile de Pastore, la justesse dans la passe de Verratti ou l'omniprésence efficace de Matuidi.

Si nous remplaçions Sirigu, le PSG perdrait à plate couture. Si Thiago Silva nous laissait sa place, la défense irait à vau-l'eau (20 minutes).

Et ainsi de suite.

Mais ce dont nous sommes sûrs est qu'avec tant d'argent gagné, dépensé, tant d'argent consacré à payer tant de talents, notamment le salaire indécent, phénoménal d'Ibra, nous aurions eu un autre comportement. Nous aurions tenté d'avoir de la classe, de mériter notre chance insolente et notre merveilleuse fortune grâce à notre allure. De faire oublier notre force collective, qui ne tenait pas qu'à nos seuls dons, en faisant montre de cette extrême courtoisie qui n'est pas contradictoire avec le fighting spirit mais le couronne.

Certes, toutes les équipes du championnat de France veulent se "payer" le PSG et je ne méconnais pas que les responsabilités dans les chocs, dans les bagarres, dans les moqueries, dans les contestations et les coups ne sont pas imputables qu'à l'équipe de Carlo Ancelotti.

Mais comment celle-ci, assurée de gagner le championnat de France, menant à la marque grâce à Pastore et la préservant avec un Sirigu concentré, a-t-elle pu ainsi donner d'elle-même une si piètre image et se comporter comme si elle était saisie par l'angoisse de la descente et la rage et le dépit d'être dominée ? Comment Matuidi si doux et tranquille face à un micro s'est-il laissé aller à "chambrer" le banc vaincu au lieu de le respecter ? Comment Leonardo peut-il justifier les navrantes échauffourées de la fin du match en soutenant qu'il était normal que le PSG soit stressé face à Evian qui l'avait battu à la stupéfaction générale deux semaines auparavant (France Inter) ? Comment Canal Plus peut-il tolérer les navrantes bêtises et rigolades d'un Laurent Paganelli excité devant ces épisodes qui auraient dû au moins le conduire à se taire ou à bien se tenir ?

Ce n'est pas la première fois que je suis effaré non pas tant par la mauvaise qualité du jeu pratiqué - on ne peut pas, chaque dimanche, se transcender comme si on était en face de Barcelone, au moins lors de la première mi temps au Camp Nou - que par la posture désinvolte, condescendante, exaspérante de certains joueurs, en particulier, pourquoi le nier ?, d'Ibra auquel on a fait tellement de publicité à l'extérieur du terrain qu'il en a oublié de montrer l'exemple durant les matchs. Il est meilleur buteur, certes, mais que d'occasions manquées qu'on ne pardonnerait pas à un sportif plus modeste, moins vaniteux que lui !

Devant un tel étalage, on est presque heureux de voir Carlo Ancelloti "engueuler" Verratti après son expulsion pour carton rouge. Enfin, une réaction qui montre que tout n'est pas normal dans le meilleur des mondes du football !

Ce manque de classe de la part d'une équipe qui devrait plus que toute autre en avoir en France n'est préoccupant que parce qu'il manifeste à quel point le sport n'est perçu au plus haut niveau que comme un accomplissement technique et pas du tout pour une chance, une opportunité d'allure humaine. Des buts soit, mais, aussi et surtout, des personnalités qui donnent envie. Le foot, un art de vivre. L'esthétique dans les gestes, dans le jeu avec ballon et le spectacle sans ballon.

Le PSG, premier, étant si peu élégant, dans quelles extrémités ne serait-il pas tombé s'il avait été défait, s'il était dernier ?

Je me souviens d'une scène classique pour le rugby mais qui tranche tellement avec le football. A la fin du match entre Toulon et les Saracens à Twickenham, les vainqueurs français ont fait une haie d'honneur aux vaincus en les applaudissant.

Quelle classe !


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