Moyen Orient : El-Assad pour sauver la région ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 6/02/2015
Faut-il repasser les déclarations guerrières du petit pigeon qu’est Hollande expliquant, à peine élu, que c’était fini d’El-Assad, et reconnaissant un statut international à une opposition syrienne, adoubée sans qu’elle soit identifiée ? Faut-il repasser les propos de ce clown terrifiant de Fabius appelant à la mort de El-Assad ? Faut-il repasser le discours à l’Assemblée de ce crétin fini de Ayrault, engageant la France sur le chemin de la guerre en Syrie, avec comme « preuves formelles » des vidéos sur les gazages en Syrie, avant de se faire calmer par le parlement britannique, puis Obama ?
Dire un mot contre ce consensus insensé, c’était alors passer pour un traître à la patrie… Sauf que les temps changent, et la lumière crue des événements montre l’inanité de nos dirigeants. Faire convoquer chez les flics un gosse de 8 ans, ils savent faire, mais comprendre ce qui se passe au Moyen-Orient, c’est hors de portée. Au début, ces types me faisaient peur. Aujourd’hui, je suis un peu rassuré, car en fait ils se contentent d’être les serpillères des Etats-Unis (Territoire indien occupé, Amérique du Nord). Au moins, la partition est écrite.
Depuis septembre 2001, les dirigeants US ont engagé un plan systématique de destruction des Etats du Moyen-Orient, en confiant les manœuvres à leur grand valet, l’Arabie Saoudite. Toujours la même méthode : des groupes terroristes armés, plus ou moins maquillés d’islamisme. Ils ont ainsi détruit l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, trois pays décisifs dans la paix de la région, et ils ont essayé avec la Syrie. Le pays qui dépense à lui seul 44 % des dépenses militaires du monde a besoin de guerres pour faire son chiffre d’affaires. La paix, ce serait la ruine des US, et le lobby qui finance les élections présidentielles ne le laisserait pas faire. Au moins, c’est clair.
Pour cette politique de déstabilisation, cette association de malfaiteurs terroristes passe son temps à créer des structures qui ensuite lui échappent. Tôt ou tard, on aura accès aux 28 pages du rapport du congrès US sur le financement des attentats du 11 septembre. Pour le moment, la bien-pensance interdit de parler de complot,... mais on verra la tronche des bien-pensants après la publication, qui est inéluctable.
Et ces jours-ci, alors ? Et bien tout change, comme nous l’explique le New York Times.
Il est désormais établi que Daech est une création des services saoudiens. Le but d’origine était simple : il s’agissait de virer El-Assad, car il était contre nature qu’un groupe alaouite, donc de la famille chiite, puisse diriger ce pays, très majoritairement sunnite, et faire exploser l'armée arabe la plus puissante de la région, ce n'était pas à négliger.
Nul ne peut contester qu'il y a eu, au départ, un mouvement populaire dans la société syrienne d'opposition au régime en place,... mais on est ensuite passé à autre chose. Tous les moyens ont été bons, et se sont vite concentrés sur un axe : financer des groupes de mercenaires, appelés djihadistes, ennoblis avec un pseudo discours musulman. Les plus aguerris ont pris les devants, à savoir les groupes se revendiquant d’Al-Qaïda, via le Front Al-Nostra, et ils ont vite voulu prendre une autonomie de commandement. D’où la riposte, en finançant les groupes rivaux via l’Etat Islamique qui, victoire après victoire, sont devenus Daech, et ont proclamé un califat qui a vocation à bouleverser toutes les frontières. Mais Daech échappe à son tour à ses maîtres créateurs, avec cette trouille phénoménale : et si Daech s’en prenait désormais à l’Arabie Saoudite ?
Les US, premiers producteurs et premiers consommateurs de pétrole, ont trop d’intérêts avec le pays qui a les plus grandes réserves de brut, et ils en viennent à dire stop, car la situation est entrain de leur échapper, comme l’explique le New York Times, citant une étude récente de l’influent groupe Rand Corporation. C'est le grand retournement: il faut épargner la Syrie d'El-Assad, et mieux s'en remettre à elle.
Après un aller-retour chez Obama, et au prétexte de l’exécution du pilote, le « roi » de Jordanie a procédé, en réplique, à l’exécution d’une membre éminente de Daech, Sajida al-Rishawi et d’un homme présenté comme proche d’Al-Qaida, Ziad Karbouli.
En fait, c’était du spectaculaire pour faire passer plus discrètement ce fait grave et signifiant : hier, le « roi » a fait libérer Issam Barkawi, alias Abou Mohammed Al-Makdessi, un penseur puissant d’Al-Qaida qui était poursuivi pour « propagation d’idées terroristes ». Le procureur général auprès de la Cour de sûreté de l'Etat a soudainement renoncé aux poursuites… Mesurez où nous en sommes : les gros malins cravatés misent ainsi sur Al-Qaida pour combattre, au sol, Daech… Issam Barkawi est de notoriété l'un des principaux idéologues du djihadisme, et il a été l'un des mentors d'Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef d'Al-Qaida en Irak, mort en 2006. Pas de doute que dans les jours qui viennent Issam Barkawi condamnera la proclamation du califat, et appellera à combattre Daech, aux côtés de l’Arabie saoudite, et avec les finances des US. Et la Jordanie a déjà une excellente connaissance de ces mercenaires, car un grand nombre ont transité à travers son territoire pour se rendre sur les fronts irakiens et syriens.
Pour limiter la casse, qui sera terrible à terme, les US sont donc entrain de renverser toute leur politique : la Syrie de Assad doit rester une place forte, car c’est elle qui, en définitive, conduira les combats victorieux contre Daech et Al-Qaida, l’allié du moment… Quel aveu ! Ces desperados, empêtrés dans leurs choix insensés, jouent Al-Qaida contre Daech... Mais Al-Qaida, ils connaissent, et attendons de lire les 28 pages...
Les US financent et imposent les choix,... et les Arabes doivent filer droit.
Signe de fin d’une époque, le grand organisateur du terrorisme, le prince Bandar, pendant longtemps ambassadeur saoudien aux US a été viré dans les jours qui ont suivi la mort du roi Abdallah, ce mois de janvier.
De même, le « roi » de Jordanie, qui était en froid depuis novembre dernier avec Israël à propos de la gestion des lieux saints de Jérusalem, a été sommé de se calmer, et hier la normalisation des relations a été annoncée. Netanyahu a même téléphoné au « roi » pour lui faire part de ses condoléances.
L’Arabie Saoudite est au plus mal et s’apprête à subir une humiliation diplomatique, en s’en remettant à l’ennemi syrien…
Des conséquences innombrables vont en découler. Mais pendant ce temps, nous sommes invités à nous passionner pour les gosses de 8 ans qui ne respectent pas les minutes de silence… Dormez, braves gens… Sauvegardons la ferveur du 11 janvier, soignons notre nombril, excitons-nous contre des bandits de banlieue,... mais surtout, ne cherchons pas à comprendre.