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Le réchauffement climatique et la guerre en Syrie

Actualités du droit - Gilles Devers, 10/07/2017

Les députés dépités s’étant engagés à voter les lois sans les lire ,...

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waronterrorhoax.jpgLes députés dépités s’étant engagés à voter les lois sans les lire, nous voici amenés à nous concentrer sur l’essentiel, décrypter la pensée complexe du Prince, avec pour aujourd'hui un gros morceau : « On ne peut pas lutter contre le terrorisme sans action résolue contre le réchauffement climatique ». Une haute pensée qui me fait flipper grave, à cette époque de consensus war against terrorist. Il va falloir choisir son camp : « Tu es avec nous ou contre nous ». Brrr… Et Hulot en treillis militaire, on va pas s’ennuyer…

Pour trouver quelques explications, je suis  allé voir du côté de la presse scientifique, et j’ai trouvé Libé parfait pour nous expliquer la guerre en Syrie :

« De son côté, en 2015, l’Académie des sciences américaine a clairement corrélé la sécheresse syrienne, qui a eu lieu de 2006 à 2009, à la naissance du conflit syrien en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, et par ricochet à l’émergence du groupe Etat islamique. Par ailleurs, des experts américains ont conclu, en analysant la carte des territoires victimes de sécheresse et celle des territoires dominés par l’EI, qu’elles étaient quasi identiques.

« Selon les chercheurs de cette Académie, en provoquant le déplacement de près d’1,5 million de Syriens vers des zones urbaines, la sécheresse a conduit à la hausse des prix des denrées alimentaires et donc à des tensions importantes fragilisant la stabilité de la société et du système politique ».

Parfait : l’Académie des sciences américaine a clairement tout dit.Libé n'a pas lu l'étude, et n'en donne ni des extraits sérieux, ni les références, mais c'est la guerre, alors pas le temps de finasser.

Petit problème, j'ai poursuivi ma lecture de la presse scientifique avec Challenges, qui dit presque la même chose, mais en réalité pas du tout :

« Et pourtant. Dès la fin de l'année 2016, à quelques jours de la tenue de la Cop 21 à Paris, à la fin de l'année 2015, on pouvait lire sur le site du Huffington post (On y trouve l'article qui par de l'étude, mais pas l'étude, si vous le trouvez, ça va nous intéresser, en attendant toute la presse en parle sans la citer), l'Académie américaine des sciences avait publié une étude très sérieuse, établissant un lien entre ce qu'était devenue la Syrie et la crise climatique qui l'avait frappée à compter de 2006. "Au départ, on avait une société agraire assez stable et qui fonctionnait bien. Et puis tout le monde est parti s'installer dans des banlieues où il n'y avait rien pour les accueillir, et le gouvernement n'a rien fait", indiquait alors Mark Cane, l'un des auteurs de l'étude citée par le Huff.

« L'étude disait que l'engrenage menant à la naissance du terrorisme s'était ainsi enclenché : la sécheresse a fait monter le prix des aliments, du coup elle a aggravé les maladies infantiles liées à la malnutrition, ce qui a engendré des mouvements de population, ce qui contribué encore à l'instabilité politique, le tout finissant par mener la Syrie à la guerre civile. Les islamistes radicaux ont alors saisi cette opportunité et ainsi est né le terrorisme lié à cette mouvance… ».

J'ai donc puisé dans un autre journal scientifique Le JDD, qui fait référence aux mêmes études « américaines », mais identifie lui le « facteur de stress » qui – le perfide - a fait le lit de Daech.

« Dans une autre zone géographique, la Syrie, on note aussi le même genre d'effets, avec le long épisode de sécheresse qu'a connu le pays entre 2006 et 2011. Ce phénomène entraîne une perte historique des récoltes et des migrations massives, ce qui déstabilise le pays. Or, c'est sur cette déstabilisation, sur cet Etat failli, que peuvent ensuite prospérer les différents groupes djihadistes. Dans un rapport intitulé The Arab spring and climate change, les chercheurs Francesco Femia et Caitlin Werrel, fondateurs du Center for Climate and Security, vont plus loin en liant émergence de l'Etat islamique et phénomènes de sécheresse. Le changement climatique représenterait ainsi un "facteur de stress", également appelé par les chercheurs "multiplicateur de menaces", dans des régions déstabilisées ».

Scientifique ? Cette étude The Arab spring and climate change est rédigée par une grande équipe de deux chercheurs, qui gèrent le « Center for American Progress », un groupe de lobby pro-Clinton, sans le moindre lien avec les universités.

Et puis, enquête « américaine »…. Je regrette que notre brave presse n’ait pas davantage cité le grand scientifique qu’est le prince Charles, publiant des travaux décisifs en 2015 sur le même thème.

En réalité, ces petits marquis reprennent « La Voix de son Maître », à savoir le si sympatique Obma, qui expliquait lui aussi avoir étudié scientifiquement l’étude scientifique, prouvant que deux degrés de plus – jamais mesurés, mais si on s’arrête à ce genre de détail… – étaient la cause du terrorisme en Syrie :

« Understand, climate change did not cause the conflicts we see around the world.  Yet what we also know is that severe drought helped to create the instability in Nigeria that was exploited by the terrorist group Boko Haram.  It’s now believed that drought and crop failures and high food prices helped fuel the early unrest in Syria, which descended into civil war in the heart of the Middle East.  So, increasingly, our military and our combatant commands, our services -- including the Coast Guard -- will need to factor climate change into plans and operations, because you need to be ready ».

Traduction maison :

« Comprenez, le changement climatique n'a pas causé les conflits que nous voyons à travers le monde. Pourtant, ce que nous savons également, c'est que la sécheresse sévère a contribué à créer l'instabilité au Nigeria qui a été exploitée par le groupe terroriste Boko Haram. On croit maintenant que la sécheresse et les récoltes et les prix élevés de la nourriture ont contribué à alimenter les premiers troubles en Syrie, qui sont descendus dans la guerre civile au cœur du Moyen-Orient. Donc, de plus en plus, nos commandements militaires et nos combattants, nos services - y compris la Garde côtière - devront tenir compte du changement climatique dans les plans et les opérations, car il faut être prêt ».

Par objectivisme, je dois signaler la rédaction d’Atlantico n’a pas l’air de comprendre, mais c’est normal, ce n’est pas un journal scientifique :

« Mais il n'est pas à la portée de tout à chacun de le comprendre. Seul un esprit supérieur et complexe peut accéder à la bonne parole supérieure et complexe de notre président. Tel est, en toute modestie, mon cas. Une première hypothèse nous (j'utilise ici le pluriel de majesté avant qu'Emmanuel Macron s'en empare…) vient à l'esprit. Il se peut qu'un des collaborateurs du chef de l'Etat se soit trompé en lui glissant une des deux moutures du discours. La première, la bonne, la plus claire des deux évoquait le réchauffement islamique et le terrorisme climatique. »


Perso, je me permets de poser une question scientifique : « dans le mesure où le réchauffement climatique est la cause du terrorisme en Syrie, pourquoi larguer des bombes, et pas de l’eau ? »

 


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