Législatives : Vivement un autre calendrier, vivement la proportionnelle… vivement quelques idées !
Actualités du droit - Gilles Devers, 10/06/2012
Le PS et l’UMP, 70% des voix, auront près de 95% des sièges, avec une majorité PS pilepoil. L’UMP fait mieux que résister, mais Hollande aura une bonne majorité, peut-être même absolue. Tout çà pour ça… Des législatives comme un calque des présidentielles. Cherchez l’erreur. Cherchez les erreurs, car il y en a deux.
Le calendrier
Les législatives sont tuées par le calendrier. Le vote est happé par la puissance de l’élection présidentielle. Pour ou contre Hollande, et basta. Aucun argument n’est audible, et c’est très regrettable. L’équation personnelle des députés ne disparait pas, mais c’est peu par rapport à la mécanique institutionnelle. Les Français choisissent pour la présidentielle, et confirment ce choix pour les législatives. Avec ce calendrier, l’Assemblée est condamnée à être la chambre d’enregistrement des volontés élyséennes. Ce sera la loi de l'Elysée.
Le jeu serait différent si on votait le même jour pour les présidentielles et les législatives. Ca atténuerait le déséquilibre qu’induit la présidentielle. J'ajoute que le président du groupe PS à l’Assemblée sera Bruno Le Roux, un bon pote d’Hollande. Indépendance zéro. J’espère que Martine restera première secrétaire, mais ça n’a pas l’air de l’emballer.
Le scrutin majoritaire
Les législatives sont faussées par le scrutin majoritaire. Le vote utile joue à fond, et se trouve amplifié par le mode de scrutin. Près de 30% des électeurs disparaissent de la représentation parlementaire, et c’est un vrai problème. On va reparler d’introduire une dose de proportionnelle, et ce ne sera pas simple. Hollande avait évoqué le chiffre d’une centaine de parlementaires élus à la proportionnelle.
Mais comment faire ? Il faudra redécouper toutes les circonscriptions, et donc dégager cent députés… Bon courage ! On en reparlera… De plus, le PS et l’UMP vont analyser qu’avec cette dose de proportionnelle, ils se priveraient des majorités parlementaires confortables. Et puis, comment éviter les apparatchiks squattant les douillettes premières places de la liste ? Le débat est ouvert, mais une chose est sûre : d'une manière ou d'une autre, il est urgent de briser ce conformisme assomant.
A part çà ?
Dans la morne plaine, quelques vrais enjeux.
Marine triomphe alors que Jean-Luc est éliminé. Marine fait un très bon score et a une chance très sérieuse d’être élue. Le vote populaire a été pour Martine, et Jean-Luc a tout perdu, conduisant le Front de Gauche dans une spirale de la défaite. Je pensais qu’il ferait bien mieux, et je me suis bien planté. Jean-Luc a rendu le 2° tour plus compliqué en affaiblissant le candidat PS. On va voir… Très bon score aussi Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille de Jean-Marie (34,63%) devant le sortant, l'UMP Jean-Michel Ferrand (30,03%) et la socialiste Catherine Arkilovitch (21,98%). On part sur une triangulaire très favorable au FN.
François Bayrou est au plus mal. Il y a cinq ans, il était la 3° force de la présidentielle, et le voici en déroute. En 2007, les électeurs avaient dit quelque chose, et je ne suis pas sûr que le PS avait intérêt à faire dégager le bon François.
Ségolène Royal… L’opération perchoir est bien mal barrée, et ça ne m'attriste pas. Elle est en tête (32,03 %), mais Olivier Falorni, le très implanté premier secrétaire fédéral du PS, dégagé sans primaire interne et devenu dissident, est à 28,91%, et il se maintient. Un duel à Gauche à haut risque pour la candidate au perchoir,… et bien délicat pour notre président normal. C'est presque un gag.
L'Assemblée Nationale doit être la "représentation nationale", aussi belle et diverse que le pays. La victoire de rouleau compresseur doit tout aux institutions et au calendrier électoral. Les idées ? C'est superflu... Cette victoire sans couleur et sans odeur ne m'inspire rien de bon.