Un ouvrage sur les bibliothèques, troisième lieu
Paralipomènes - Michèle Battisti, 13/12/2015
Note de lecture à retrouver très prochainement dans le n°2015/4 d’I2D Informations, Données & Documents.
Un peu à l’image des learning centers, largement ouverts sur leur environnement et à la « dimension apprenante » vers lesquels ont évolué certaines bibliothèques universitaires, des bibliothèques de lecture publique, transformées il y a plusieurs années déjà en médiathèques, se métamorphosent à nouveau pour devenir des troisièmes lieux, des lieux entre le travail et la maison.
Cette « bibliothèque troisième lieu » reste, bien sûr, un lieu qui permet de se cultiver – c’est le moins que l’on puisse attendre d’une bibliothèque – mais en donnant davantage la main à un public très large qui s’approprie davantage les espaces, les collections, les activités, etc. C’est la dimension sociale que l’on a voulu renforcer.
On constatera que ces lieux de culture et de convivialité ne répondent pas à un seul modèle mais sont déclinés différemment en fonction de leur histoire, de leur environnement et, bien sûr, de la volonté politique des uns et des autres. Parmi bien d’autres « bibliothèques troisième lieu » évoquées dans l’ouvrage, sont ainsi présentés de manière un peu plus approfondie, un prototype de bibliothèque dans une ville, une médiathèque au milieu d’une autre ville, un open bar bibliotheek dans un théâtre, ou encore un équipement en milieu rural. De quoi se faire une idée plus précise sur le sujet.
L’ouvrage débute, bien sûr, par une indispensable réflexion sur ce concept, sa naissance, son développement, sa signification et ses multiples déclinaisons. Comme pour les learning centers, l’expérience qui mêle architecture, design, communication, édition, marketing, pédagogie, etc. peut s’avérer passionnante pour le professionnel qui multiplie à l’envi les cordes à son arc et peut « exprimer toute sa personnalité ». Au risque de perdre son âme ? Véritable chef d’orchestre, il reste bien sûr présent, dans l’animation, la médiation et … la prise de décision.
Repenser ses collections et ses services, ses interactions avec le public, ses activités, etc.; les implications sont fortes en termes de mobiliers, d’horaires d’ouverture, de recrutement et de formation du personnel, de communication, etc., mais aussi en matière de financement, par l’ouverture qui est donnée ainsi au partenariat, au mécénat, crowdfunding, etc.
Une marque Ideastores au Royaume-Uni, une identité visuelle très forte des bibliothèques néerlandaises dans leur pays… ceci correspond peut-être à une autre culture. Il n’en reste pas moins que le troisième lieu semble bien véhiculer des valeurs « dans l’air du temps », qui répond aux attentes du public et des élus et qui, ai-je volontiers retenu aussi, nécessite une réorganisation et des formations ad hoc.
Pas « d’angélisme », pas de « sidération », … ce n’est pas le moindre intérêt de cet ouvrage qui laisse une large place au retour d’expériences, notamment en provenance d’Amérique du Nord, où l’on compte déjà trois générations de « bibliothèques troisième lieu », des pays scandinaves et du Royaume-Uni, mais aussi aux mises en garde, aux recommandations. Quant au glossaire « pour les nuls » et à la bibliographie détaillée, ils complètent utilement cet ouvrage qui fait un point utile sur la question..
Ce sujet semble loin des préoccupations des centres d’information. Mais n’est-il pas judicieux quelquefois de sortir du cadre pour trouver des solutions à ses problèmes ? On n’y trouvera pas de recettes, c’est vrai, mais des expériences sur lesquelles méditer… d’autant plus que, l’ouvrage, destiné à des professionnels des bibliothèques, est riche en chiffres sur les superficies, équipements, personnels, activités.