Quelle Droite après Sarko ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 3/05/2012
Hollande a rétamé Sarko. Net et propre. S’il restait un doute, c’est fini : l’élection est pliée. Sarko comptait sur le débat pour se faire une santé, mais c’est cuit. Maintentant, que va devenir la Droite ?
La Constitution de la V° République mise tout sur le président de la République, et nous y sommes. Hollande gagne le débat haut la main. Il a travaillé les dossiers, les argumentaires et garde une spontanéité qui fait mouche. Il s'est imposé.
Sarko ? Mais où était passé Sarko ? Ou était le Sarko malin de 2007 ? Kidnappé dans le Sahel ? Nous n’avons eu droit qu’au nerveux porte-parole de Buisson, gigotant sur sa chaise, tortillant des épaules et ne tenant même pas ses mains fiévreuses.
Sur l’économie et la politique, Hollande était ajusté au millimètre, alors que Sarko essayait de nous refiler ses arguments bidon, déjà vendus mille fois, et tous au service après-vente. Objectivement, je pensais que Sarko ferait mieux tant les termes du débat étaient prévisibles. Mais rien. Le mec est épuisé. Si je fais référence aux usages de mon métier, je dirais que Hollande a plaidé alors que Sarko a déposé son dossier.
Sur la société ? Hollande a été clean, face à un Sarko pathétique cherchant à la ramener sur l’Islam. Laisse tomber, petit Sarko, le match n’est pas pour toi : l’Islam est une religion universelle et une culture millénaire… Quand une mouche entre dans la trompe d’un éléphant, elle fait tousser l’éléphant, mais elle reste une mouche.
Bien sûr, vous comprendrez que je rigole un pneu quand je les vois tous les deux conduire l’intensité dramatique du débat vers le nirvana de la loi contre le niqab. Une loi que nous allons faire annuler tôt ou tard devant la Cour de cassation ou la CEDH, tellement cette loi viole les bases du droit. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le débat.
Hollande a été plus président que Sarko. Il a juste été un peu trop théâtral quand il nous a récité sa série, sur le thème « moi président,… », mais ça a marché à 100%. Sarko est resté planté comme un benêt, attendant que Buisson, Hortefeux ou Longuet lui glissent des arguments dans une oreillette imaginaire. On repassera longtemps l’extrait dans les TD de Sciences-Po.
Mais au fait, Sarko a-t-il été un jour président ?
Une dernière chose pour mes amies et amis de Droite.
La seule chance pour Sarko de se refaire, c’était d’imposer sa maestria de président face à l’amateur Hollande. On a vu ce qu’il en était. Alors, soyons réalistes.
Sarko vaut mieux que sa campagne. Pendant cette série de crises, il n’a pas été si mauvais. Le truc de la BCE qui prête à 1% aux banques, et les banques qui prêtent à 5% aux Etats, ça s’appelle seulement le coût du risque. La BCE n’assumerait pas ce coût à 1%. Ce qui a été fait est correct.
Le problème n’est plus Sarko. Le problème, ce sont les idées qui ont pourri sa présidence, et la terre de ces idées, c’est l’UMP. Aussi, l’enjeu, c’est d’exploser l’UMP de Sarko et de Buisson. Tapons le mal à la racine xénophobe.
La SARL Le Pen est inscrite dans le paysage entre 15 et 20%, et toute une partie de l’UMP veut s’allier avec le FN relifté. Qu’ils vivent leur vie.
Ca laisse la place à la Droite, celle qu’on appelle la Droite républicaine, franche, sociale et solide. Ce sont de grands amis du pays. Aussi, perdu pour perdu, il s’agit aujourd’hui de dézinguer la ligne Sarko-Buisson-Copé-Morano, car une défaite trop juste laissera croire que la cause de la défaite est la crise et non pas cette pensée pourrie.
Alors, chères amies et chers amis de Droite, il faut voter Hollande pour que nous retrouvions une vraie Droite. Bon, voter pour Hollande que vous désapprouvez, vous défrise ? Et bien, c’est ce que je ferai, et comme tant d’autres ! Hollande et son marécageux PS, ok, on a vu le problème, et on aura bien le temps de s’en occuper. Mais aujourd’hui, il faut redistribuer les cartes pour retrouver une vraie démocratie.
Frère et soeur