Peillon/Hollande : Le gouvernement perd sa boussole
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/10/2012
Que dit la morale laïque d’un ministre qui défie le président de la République et trahit le gouvernement auquel il appartient ?
Peillon se contrefiche du chichon et n’a jamais entrepris le moindre travail sur le sujet. En revanche, il y a une chose que Peillon-le-Serpent connaît bien, ce sont les votes internes au PS,… ces votes qui ont assuré sa carrière.
Or, on a voté la semaine dernière au PS, et les enseignements sont clairs :
- 5 mois après la présidentielle, seuls 50% des adhérents sont venus voter, le Parti se démobilisant devant le spectacle d’Hollande qui s’écroule ;
- le staff du parti ne fait que 68% des votants, soit 34% des inscrits, et donc il y a un hold up à faire sur les 66% qui refusent de suivre ces losers.
Peillon avait exigé le ministère de l’Éducation faute de quoi il présentait une motion au congrès. Il aurait fait ce qu’il a toujours fait avec Monterbourpif (« Le Nouveau Parti Socialiste ») : récupérer la « Gauche » du parti en racontant n’importe quoi sur le thème de la surenchère. Ça ne coûte pas un rond, et ça marche à tous les coups. Hollande n’a pas voulu de ce péril, et il a nommé Peillon.
Peillon ne s’est pas tenu tranquille 3 jours. A peine nommé, il annonçait déjà le changement des rythmes scolaires, pour le fun, juste histoire de tester Hollande et Ayrault. Depuis, il joue sa carte perso. Mais entre combiner dans les couloirs et se faire une notoriété nationale, il y a un bras. Surtout pour une grosse feignasse.
Là-dessus vient la préparation du congrès et le choix du premier secrétaire. Aubry et Ayrault pensent que les temps seront durs, qu’il faut un vrai patron, et ils choisissent l’apparatchik Cambadélis.
Peillon, Mosco et Valls organisent la chasse, avec ce qu’ils ont toujours su faire : foutre la trouille à Hollande. Argument limpide : Camba roule pour Aubry, la rivale redoutée. Message reçu : Hollande impose la marionnette Désir, se fâchant avec Ayrault.
Suit le vote, et seulement 34% de votants pour l’alliance institutionnelle. Une page se tourne.
Dans la presse, on glorifie Valls, l’expulseur des Roms, la population la plus vulnérable. Le PS exorcise les démons de la solidarité, et s'en trouve soulagé. Des députés frondeurs refusent de voter le traité Merkozy. Maurel, inconnu, récupère 13% et se présente comme premier secrétaire, visant 20%. Aussi, Peillon, absent du congrès, a un besoin urgent de se positionner. D’où sa sortie sur le chichon.
Problème : tout le monde comprend que la question n’est pas le chichon, mais l’absence d’autorité d’Hollande.
Hollande aurait dû virer Peillon sur le champ. Privé de son ministère et hors course pour le congrès car le vote interne a eu lieu, Peillon aurait retrouvé le caniveau, perspective intéressante car le dénuement matériel est propice à la réflexion philosophique.
Avec cette saillie iconoclaste, tout le monde a perdu. Peillon se montre tel qu’il est, manipulateur et sans contenu ; Hollande se trouve à poil, par son manque d’autorité, et Ayrault passe un seuil de plus dans la souffrance ; Valls gonfle ses appuis à Droite pour mettre tout le monde d’accord. Encore quatre ans et sept mois…
Avec la récession qui s’annonce, amplifiée par l’intégrisme des saladistes budgétaires, nous allons vers des temps sociaux très difficiles. Comme il n’y a plus de gouvernement, c’est la société qui va se réguler elle-même. Ça sera intéressant à voir,… mais espérons que ça tienne.
On en aura bien besoin