Actions sur le document

Terrorisme : Quelle efficacité, sans réponse internationale ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 15/11/2015

Samedi vers 17 heures, le métro de Paris était désert : nous...

Lire l'article...

Samedi vers 17 heures, le métro de Paris était désert : nous étions à peine 30 personnes dans la rame. Je m’arrête à Denfert-Rochereau, dans l’une des grandes brasseries de la place,... qui était pratiquement vide. Je sors prendre le bus pour Orly, et passent devant moi cinq militaires en tenue de combat, l’arme collée sur la poitrine. Les SMS pleuvent : on prend des nouvelles, on se dit des choses gentilles… Paris a été sidéré par les attaques, ces attaques qui avaient pour but de faire le plus grand nombre de morts. Ni le quartier, ni les lieux, ni les victimes n’avaient la moindre signification. Les commanditaires, qui visent la politique étrangère du gouvernement, ne s’en sont pris à aucun organisme d’État, ni à aucun lieu symbolique du pouvoir. Ils n’ont pas le moindre grief contre ceux qu’ils ont tué, car ils les ignorent. Ce peut être l’un ou l’autre, c’est indifférent. C’est donc un défi au pouvoir, sans s’en prendre directement à lui, pour créer la tension maximale dans la société.

Rien de nouveau me direz-vous, c’est le propre du terrorisme… Certainement, et cela nous oblige d’autant plus un raisonnement correct.

Bien sûr, nous sommes bouleversés par ce qui est arrivé à Paris, avec ce soir un chiffre de 129 victimes, témoignant d’une insécurité jamais connue,… mais il faut déplorer la focalisation franco-française.

Le 31 octobre dans le Sinaï, c’était l’explosion d’un Airbus, avec 224 morts, essentiellement des Russes. Le 12 novembre, ce sont 43 morts et 250 blessés dans un quartier chiite de Beyrouth. Et le 13, c’est l’attaque de Paris. Chaque fois, c’est la même signature, et les mêmes victimes. Cela signifie aussi que la liste, hélas, n’est pas finie.

Je ne pas prétendre un instant qu’il puisse exister une solution simple. Mais, devant une telle série, l’excitation répressive, comme si la France était seule face au défi, est pitoyable.

La France est un pays fort, qui dispose de tous les moyens pour se défendre. Or, après cette attaque, elle donne le spectacle déconcertant d’une frénésie réformatrice qui est une victoire de Daech : ils ont mis la République à terre, et celle-ci, en urgence, de revoir tous ses systèmes… On en est là ? L’état d’urgence, sur trois mois et pour tout le territoire, il faudrait quand même nous expliquer. Et pourquoi faut-il en urgence, réformer l’état d’urgence ? En quoi ce système, déjà draconien, se trouve-t-il en échec, alors que jouent par ailleurs toutes les lois répressives, dont la loi récente sur le renseignement ? Le gouvernement dispose informations que nous n’avons pas, et alors qu’il s’apprête à empiéter à nouveau sur nos libertés, il a le devoir de s’expliquer car nous sommes en démocratie, et que le meilleur rempart contre le terrorisme, c’est une démocratie effective. Cette fébrilité inquiète, pour ne pas dire plus.

Surtout, toute personne sensée comprend qu’il est impossible de traiter les attaques de Paris en ignorant la bombe de l’Airbus russe ou l’attentat de Beyrouth. Ce sont les mêmes commanditaires, les mêmes méthodes, les mêmes victimes.  C’est une politique terroriste d’ensemble. Trois actes terroristes en 15 jours, et plus de 400 victimes civiles. Humainement, la solidarité est totale entre les victimes de l’Airbus, de Beyrouth et de Paris. Politiquement, les gouvernements tireront des enseignements majeurs du croisement des informations et des analyses. D’un point de vue judiciaire, comment admettre un cloisonnement des investigations ? L’efficacité impose une concertation policière étroite, des échanges d’information, et une organisation commune d’une surveillance, pour une fois pertinente, des commanditaires de Daech.

Hélas, nous sommes dans l’impasse. La Russie et le Hezbollah, du fait de leur soutien à la Syrie, sont décrétés « ennemis principaux ». Il n’y aura donc aucune coopération internationale mais seulement l’exaspération des rivalités,... devant le vrai ennemi principal qui, lui, engrange ses terrifiants succès.

Cet aveuglement, jusqu'à quand ?

00bGYRXB-istock-000022540084small.png


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...