Barbarie en Arabie Saoudite : Interview exclusive du président Chollande
Actualités du droit - Gilles Devers, 23/09/2015
- Alors président Chollande, t’as vu le truc chez tes amis saoudiens ?
- Oui, j’ai vu. Ils sont supers. On leur a vendu des armes pour qu’ils combattent El-Assad, le Hezbollah et le méchant Poutine, et en plus ce sont eux qui garantissent de facto l’achat des frégates à l’Egypte. Le gouvernement égyptien ne parvient pas à nourrir son peuple, alors tu penses bien que ce n’est pas lui qui va payer les frégates… Les saoudiens sont de grands démocrates, et s’ils financent des groupes armées, c’est pour la démocratie et la liberté, dont ils sont l’avant-garde. Les méchants Etats-Unis (Territoire indien occupé, Amérique du Nord) laissent entendre que ce sont eux qui financent le terrorisme depuis des décennies, surtout depuis 2001, et que leur pétrole sent le gaz. Mon gros pif n’a rien senti, alors je suis leur ami. Ça me donne une carrure internationale. Vive la France, vive Chollande.
- Mais non, président Chollande… Je te parle pas de tes amis, mais du jeune Ali Mohammed al-Nimr, 20 ans, un chiite saoudien. Il a cru que le « printemps arabe » c’était pour de vrai… Alors qu’il était mineur au moment des faits, 17 ans, il a été arrêté et torturé, puis condamné à la décapitation en public et à la crucifixion. Son crime est d’avoir contesté le régime de tes amis. Des amis veulent le spectacle de cette torture, puis la pourriture du corps sur la croix.
- Ah bon. Mais, si mes amis l’ont condamné, c’est que ça doit être un très méchant terroriste… Euh, je veux dire un terroriste pas comme ceux que mes amis financent, et qui sont des démocrates, amis des libertés.
- Ben, pas du tout, président Chollande. Dans cette affaire, il n’y a pas une goutte de sang. La seule chose reprochée à Ali Mohammed al-Nimr, c’est d’avoir exprimé ses idées.
- C’est dingue, on se croirait à Cuba ou en Russie…
- Calme-toi... Tiens, c’est l’heure de tes gouttes….
(À ce moment, interruption de la discussion car c’est Fabius qui téléphone).
- Salut Fabius, ça va mieux ?
- Mais pourquoi tu me demandes si ça va mieux ? Tu sais que je suis un jeune homme…
- Oui, euh…
(Là, le président Chollande se met à l’écart, puis vient me retrouver).
- Bon, je t’explique. Pour défendre la démocratie et les libertés, il faut que j’aille larguer des bombinettes dans le désert syrien, et il va falloir faire très attention de viser à côté de nos cibles, car ce sont mes amis saoudiens qui financent les djihadistes que je dois faire semblant d’attaquer.
- Oh la la… Si tu zigouilles les djihadistes, ça sera une victoire pour El-Assad et tes amis seront pas contents… Il faut mettre sur les Rafale un ordi pour viser de travers…
(A ce moment, interruption de la discussion car c’est Le Drian qui téléphone).
- Salut Le Drian, alors ça va pour les régionales en Bretagne ?
- Fais par le con, Chollande, tout le monde croit que je suis Ministre de la Défense…
- T’as raison, et puis on est sur écoute… Avec la nouvelle loi, Cazeneuve écoute tout.
- Et puis Obama aussi nous écoute…
- Non, ça c’est fini. Il n’écoute que les gens qui comptent : Merkel, Cameron, Rousseff…
(Là, le président Chollande se met à l’écart, puis vient me retrouver).
- Bon, je t’explique. C’est le truc de nos putains de Rafale. Ils sont trop chers, tellement compliquées qu’ils deviennent inutilisables. Notre chance, c’est qu’Obama a dit à l’Arabie Saoudite de se calmer, car il mise sur l’Iran pour stabiliser cette région entièrement chaotique. J’en ai profité pour refiler les Rafale, et ce n’est quand même pas pour un militant politique novice qu’on va abandonner des milliards de dollars de commandes militaires.
- Mais… c’est un être humain !
- Oui, mais il a dit les choses pas gentilles sur mes amis…
- Arrête, Chollande, tu déconnes. Et tous tes discours sur les droits de l’homme et la démocratie ? C’était juste pour la Corrèze ?
- Oui.
- Mais tu n’es qu’un bouffon ?
- Oui. C’est le meilleur moyen d’être réélu. Vive Chollande II !