Le droit d’asile, première source de l’immigration : un pas dans la bonne direction
Actualités du droit - Gilles Devers, 13/04/2015
La très droitière Cour des Comptes nous a livré son tract contre le droit d’asile. La présidence du « socialiste » Migaud, nommé par Sarko (on ne rit pas !) nous offre régulièrement de délicieux morceaux, tirant tous azimuts sur tout ce qui bouge, sans imaginer que s’il y a les chiffres, il y a aussi la politique et le social, mais ça, c’est bien compliqué et ça ne rentre pas dans de jolies petites cases. La Cour des comptes se shoote aux chiffres avec des délices de gourmant, et elle est devenue la Cour des Comptabilités, et encore la Cour des Comptabilités des Riches.
Bien sûr, une fois de plus, le problème, c’est les pauvres. Heureusement qu’on va pouvoir les nourrir avec les poubelles.
Sur le droit d’asile, la Cour des Comptabilités des Riches a donc livré un rapport larmoyant non sur ces pauvres gens que la dictature et la misère amènent à rompre avec leur terre pour trouver la précarité en France, bafouant l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais sur les comptabilités, véritablement piratées par les pauvres.
Ce rapport, en deux mots ? On atteint 60.000 demandeurs d’asile soit une forte hausse. Seule une minorité est admise au titre du statut,… mais les autres restent après le rejet et tentent de se faire leur place autrement. Seuls 1% des déboutés sont expulsés et chaque année, 40 0000 restent en France, d’abord comme clandestin. Justice et police sont impuissants. La Cour des comptabilités est inconsolable : « La politique d'asile est devenue la principale source d'arrivée d'immigrants clandestins en France ».
Le coût global serait de plus deux milliards d'euros, ce qui est effectivement un chouia. Mais sur un PIB de 2 134 milliards d'euros, on relativise… Les 2 milliards, ça représente environ huit heures de PIB annuel. On devrait pouvoir supporter le choc…
Surtout, la Cour des Comptabilités des Riches, bouleversée par l’émotion, a oublié quelques critères complémentaires.
D’abord, 40.000 personnes qui vivaient dans la misère la plus totale et dans l’oubli des droits, ont trouvé une terre d’accueil où tout est difficile mais où ils peuvent avoir une chance. Je leur dis bienvenue, bon courage et merci de votre confiance pour avoir rejoint la grande France. Nous allons tous ensemble faire un joli pays.
Ensuite, la Cour des Comptabilités des Riches doit bien penser à faire deux colonnes : dépenses et recettes. Car ces familles nouvelles, qui ont la volonté ardente de prendre leur place, coûtent au début mais apportent beaucoup par la suite, en innovant et construisant, et nous confortant nos attachements dans le monde. Ces damnés de pauvres sont nos ambassadeurs de demain, et je rigole trop en pensant à la tronche de nos faiseurs de xénophobie – FN, UMP, PS – quand dans quelques années, d’autres rapports leur expliqueront que s’il n’y avait le travail et les cotisations des enfants de l’immigration, leur pension de retraite ressembleraient à des pommes fripées.
Enfin la Cour des Comptabilités des Riches pourrait jeter un coup d’œil au-dessus des frontières. Elle verrait que l’Allemagne ne traite pas 60.000 dossiers, mais 100.000, et qu’elle vit ça pas trop mal. Elle pourrait aussi découvrir ce joli pays qu’est le Liban qui avec 4 millions d’habitants accueille 2 millions de réfugiés. Elle pourrait peut-être aussi poser la question de savoir pourquoi le nombre de réfugiés s’accroit, et alors elle pourrait demander des comptes aux Etats qui ont massacré l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie. Et leur présenter l’addition, au lieu de stigmatiser les pauvres.