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Une enquête sur le fil…à linge

Chroniques judiciaires - prdchroniques, 10/01/2012

"Nous, soussigné gendarme X, agent de police judiciaire, sous le contrôle de l'adjudant Y, vu les articles 20, 21-1 et 75 à 78 du code de procédure pénale, nous trouvant au bureau de notre unité, rapportons les opérations suivantes: le … Continuer la lecture

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"Nous, soussigné gendarme X, agent de police judiciaire, sous le contrôle de l'adjudant Y, vu les articles 20, 21-1 et 75 à 78 du code de procédure pénale, nous trouvant au bureau de notre unité, rapportons les opérations suivantes: le 16 octobre, Mme T. se présente à notre unité et manifeste le désir de déposer plainte contre X pour vol de linge. Nous enregistrons sa plainte"

Suivent dix pages de procédure, soigneusement cotées et paraphées. Elles commencent par la déposition de la plaignante:

"J'avais étendu mon linge sur le fil à 11 heures samedi. Je me suis absentée l'après-midi et, à mon retour, j'ai remarqué l'absence de deux culottes.

- Pouvez-nous nous décrire les vêtements qu'il vous manque?

- Il s'agit d'une culotte blanche de taille 36, et une autre de couleur beige de taille 38. Je pense que mon voisin, M. Z, peut être l'auteur de ce vol, mais sans certitude.

Le gendarme X, flanqué du maréchal des logis chef Y vont le lendemain au domicile du voisin, pour lui annoncer sa convocation à la gendarmerie. Un mois passe. Le voisin se présente à la date prévue. Il est retraité, un peu dépressif et reconnaît tout de suite qu'il est l'auteur du vol.

- Pourquoi avez-vous pris les deux culottes alors qu'il y avait d'autre linge?

- C'est pas une histoire de sexe. C'est comme ça et puis c'est tout.

- Qu'en avez-vous fait?

- Je suis rentré chez moi et je les ai mises dans le sac poubelle.

- En avez-vous parlé à votre épouse?

- Non, elle l'a appris quand vous êtes venu, elle l'a raconté à ma fille qui m'a engueulé.

- Pourquoi êtes-vous en mauvais terme avec vos voisins?

- Il fait du bruit le week-end avec sa tronçonneuse et le burin sur la ferraille.

Le gendarme X informe le procureur de la République. Celui-ci demande au voisin de dédommager sa voisine, en échange de quoi il prononcera contre lui un simple rappel à la loi.

En décembre, la procédure s'épaissit.

"Nous, gendarme X, sous le contrôle de l'adjudant chef Y, poursuivant l'enquête en cours, joignons à la procédure l'attestation du dédommagement que nous remet Mme T., accompagnée du ticket de caisse d'un montant de 33,40€. Elle reconnaît avoir reçu un chèque correspondant de la part de M. Z.".

Le ticket de caisse de l'achat d'un « boxer Capucine » et d'un « shorty Joséphine » dans un hypermarché est enregistré dans le dossier.

Monsieur Z est convoqué une nouvelle fois à la gendarmerie. Procès-verbal de « notification de rappel à la loi », est dressé. Le gendarme X reprend la plume : « Ce jour comparaît devant nous M. Z à auquel il est reproché d'avoir sur le territoire national et depuis temps n'emportant pas prescription, frauduleusement soustrait une culotte blanche taille 36 et une autre culotte taille 38 sur un fil à linge au préjudice de Mme T. L'informons que s'il était poursuivi devant le tribunal correctionnel, les peines maximales encoures pour les faits cités auxquelles il pourrait être condamné sont de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Invitons le comparant à ne pas renouveler l'infraction ».

Suit cette précision: « La personne affirmant ne pas savoir lire, lecture lui est faite ».

Madame T décide de maintenir sa plainte. Le procureur de la République est à nouveau saisi. Décide de classer sans suite. Janvier 2012, fin de la procédure.


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