Procès PIP: la conscience d’un homme
Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 24/04/2013
Alban Gosse dit des choses essentielles avec des mots très simples. De 1997 à 2006, cet ingénieur en matériaux, a été salarié de PIP. Cité comme témoin, mercredi 24 avril, à la barre du tribunal correctionnel de Marseille, il raconte le cas de conscience auquel il a été confronté. Comme les autres, il savait que le gel utilisé n'était pas celui qui était homologué. Comme les autres, il s'est d'abord tu. Mais un jour de 2004, il a décidé de présenter sa démission au patron de l'entreprise, Jean-Claude Mas.
- Il m'a dit que je ne retrouverais rien. Que je deviendrais vendeur de pizzas dans un camion.
Alban Gosse accepte alors la promotion de directeur technique qui lui est proposée.
- Je pensais qu'on allait pouvoir changer les choses. Qu'on allait m'écouter. Mais rien ne bougeait.
Un an plus tard, en 2005, il demande une nouvelle fois à être licencié.
- Je n'avais pas beaucoup d'armes pour exprimer mon désaccord, parce que je ne pensais pas qu'il y avait une dangerosité du gel. Mais après, c'est simplement un problème de morale et d'honnêteté qui me faisait dire qu'on ne pouvait pas utiliser ce produit. Je pense avoir été honnête. C'est ma ligne de conduite dans ma vie professionnelle et dans ma vie de tous les jours. Les problèmes de conscience, ça peut vous bouffer de l'intérieur. Fin 2005, j'étais à bout de souffle.
Alban Gosse quitte l'entreprise en janvier 2006.
L'avocate de l'Agence nationale de surveillance du médicament (ex AFSSAPS), partie civile au procès, lui demande:
- Pourquoi ne pas avoir prévenu les autorités sanitaires à l'époque?
Avec les mêmes mots justes, le témoin répond:
- Pourquoi est-ce qu'on ne dénonce pas son employeur? Parce que c'est son employeur. Parce qu'il y a 100 ou 120 personnes qui travaillent dans l'entreprise. Parce que derrière ces 100 ou 120 personnes, il y a 100 ou 120 familles. Et que c'est lourd.