L’horreur d’une société normalisée
Actualités du droit - Gilles Devers, 4/04/2015
C’est le beau ouïk de Pâques, le printemps montre son nez, les premières fleurs sont un bonheur, et je souhaite à toutes et à tous de belles journées de détente et de joie, en famille et entre amis. Cool trois jours, ça fait du bien.
Alors, promis juré, je ne vais pas vous prendre la tête aujourd’hui, promis juré,… mais quand même… Je craque. Contrôle social et hygiénisme : ça devient insupportable, et il faut s’en occuper.
Ce premier trimestre finit avec l’image d’une France qui se décolle de ce qu’elle était, et qui bascule. On peut aussi garder une vision optimiste, et sur le blog, c’est tendance : la France reste, portée et nourrie par sa belle société, alors qu’un amoncellement de lascars encravatés – Droite et Gauche – veut la faire basculer dans le contrôle social, et va se rétamer.
Nos plus précieuses libertés – celle de l’intime, de la pensée, des idées, des interrogations, du combat pour les révolutions, du goût suave de la subversion contre la violence de l’ordre établi – sont remises en cause par la loi sur le renseignement intérieur. Attention, je ne rigole pas : le PS fait ce que l’UMP de Sarko-Buisson n’osait pas. Une horreur inefficace dans la lutte contre la criminalité, comme nous l’expliquent nos amis des Etats-Unis, qui ont payé pour savoir. Cette loi, c’est la cérémonie des adieux avec cette Gauche de gouvernement. Et je vois – la larme à l’œil – le spectacle consternant de tous nos braves compatriotes qui acceptent de livrer le cœur de leur vie privée au ministre de l’Intérieur, sur le mode : « moi, je n’ai rien à me reprocher, alors qu’on épie ma vie privée ne me gêne pas ». Oh, les amis, rebranchez votre cerveau, c’est urgent !
Dans le même temps, il y a aussi tout cet insupportable hygiénisme sanitaire et social. Rien que pour la journée d’hier, et tout à coup de taxes et de sanctions pénales :
- interdiction des kits mains libres (demain, on va interdire au conducteur de parler aux autres personnes dans la voiture);
- pénalisation des sites dits pro-ana (alors que l’anorexie est une maladie dont il faut parler);
- pour les cigarettes, les paquets neutres (au passage, prévoir un joli recours en droit des marques…et bien penser à provisionner).
- bien dans la même lignée (parmi tant d’autres), l’autre naze qui vole à 1% et qui veut nous condamner à voter pour lui !
Dans la tradition, la loi fixe des limites, laisse chacun s'organiser en fonction de ces limites, et prévoit la sanction des abus. C'est un régime de liberté, à l'opposé de ce qu'on nous prépare: une loi qui nous dit ce qu'il faut faire. C'est la société du contrôle et de l’asservissement : votre destin est d’entrer dans la case qui vous est réservée par ceux qui savent. Dans un pays de liberté, tu fais ce que tu veux, sachant qu’il n’y pas de liberté sans responsabilité, et qui si tu fais le con, tu vas dérouiller. Ça, c’est la belle liberté, notre terre nourricière. Ces lois de comportement sont celles d'un régime qui nous réduit à être des acteurs économiques, vivant pour dépenser ce que la puissance économique nous alloue. La loi se permet de nous dire ce qu'il faut faire et penser. Elle punit quiconque transgresse le code social,
Et puis après, qu'on se calme sur les transgressions, les excès: il font partie de l'équilibre. Tu déconnes, tu dérapes, tu exagères ? Oui, comme moi, hier ou demain. Cette liberté parle à l’être humain, qui n’est pas une machine contrôlée par expert et cotée en bourse, mais une personne fragile, avec un destin de quelques décennies sur terre, et qui pense... Nous sommes aussi forts que nous sommes faibles, nous avons autant de qualité que de défauts, les erreurs, les fautes et les excès font partie de notre vie. Comme la folie qui la régule, parle de nous.
Notre devoir le plus essentiel est d’organiser la riposte à ces faiseurs de système qui, en fait, sont obnubilés, car ils ont peur des peuples, des gens, de vous et moi. Ils mendient nos suffrages, mais rien ne leur fait plus peur que ce peuple, ce peuple qu’ils veulent piéger dans le jeu moral de l’élection. Comme des mauvais bergers, leur seul projet est de nous faire filer droit, en nous culpabilisant et nous cadenassant à coup de lois pénales. Ils se font élire car ils s'estiment supérieurs, et veulent nous mater. Ils croient même pouvoir s'autoriser à penser pour nous, définissant ce qui est bien et ce qui est mal, et voulant l'imposer à coup de taxes et de lois pénales. Insupportable.
La transgression est inhérente à la vie comme elle l’est au droit. Ne nous laissons pas faire.