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Deux condamnations et quatre acquittements requis au procès Achoui

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 2/10/2013

Dans les affaires de voyous, il y a une limite au-delà de laquelle la justice n'entre pas. Liens indissociables noués entre clans, terreur des représailles, loi du silence, autant de frontières sur lesquelles a buté le procès de la tentative … Continuer la lecture

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Dans les affaires de voyous, il y a une limite au-delà de laquelle la justice n'entre pas. Liens indissociables noués entre clans, terreur des représailles, loi du silence, autant de frontières sur lesquelles a buté le procès de la tentative d'assassinat de Karim Achoui. L'avocat général Bruno Sturlese en a pris acte en requérant, mercredi 2 octobre, l'acquittement de quatre des six accusés.

"Ma conviction, c'est que les enquêteurs ne sont pas à côté de la plaque. Les hommes qui sont devant vous, j'en suis convaincu, sont tous mêlés à ce projet. Mais je me retrouve à cette heure sans preuve sur le mobile et le commanditaire de l'assassinat. Pour quatre de six accusés, je n'ai que des indices qui ne me permettent pas de démontrer leur participation à la tentative d'assassinat de Karim Achoui. Je ne peux que vous demander de les acquitter", a déclaré Bruno Sturlese.

Parmi ceux-là, figurent Djamel Hakkar et Jacques Haddad, soupçonnés d'avoir joué les rôles de commanditaires et intermédiaires dans le guet-apens tendu à l'avocat.  Les policiers entendus pendant le procès, dont le chef d'enquête de l'époque,  Olivier Richardot - aujourd'hui numéro 2 du RAID - avaient eux-mêmes admis publiquement à la barre ne pas avoir de preuves de l'implication de Djamel Hakkar.  L'avocat général les a suivis, contrairement à la position qui avait été celle du parquet et du juge pendant l'instruction.  "Djamel Hakkar, je ne peux démontrer ni sa volonté [de tuer Karim Achoui], ni les ordres qu'il aurait donnés. Jacques Haddad, l'homme tranquille qui reconnaît sans ergoter son appartenance au grand banditisme, a menti placidement, imperturbablement, en grand professionnel. Mais contre lui non plus, je ne dispose pas de suffisamment d'éléments". 

La logique de l'acquittement s'imposait dès lors pour les deux hommes qui étaient accusés d'avoir servi de messagers à la famille Hakkar dans ce complot. Faute de chef, pas de lieutenants.

Restait Ruddy Terranova, formellement reconnu par Karim Achoui comme étant celui qui lui a tiré deux balles dans le corps le 22 juin 2007 à la sortie de son cabinet et Mamadou Ba, suspecté d'avoir été le pilote de la moto et pour lequel les charges sont beaucoup plus fragiles. Bruno Sturlese a requis 20 ans contre le premier, 15 ans contre le second, en demandant à la cour et aux jurés de ne pas retenir contre eux la circonstance aggravante de la "bande organisée" - "puisque, dit-il, je ne suis pas en mesure de vous la prouver" - et de lui substituer celle de tentative de meurtre sur avocat. 

Mais l'avocat général ne pouvait dresser ce constat d'échec de l'accusation, sans évoquer le rôle ambigu joué par la victime pendant l'enquête, comme tout au long du procès où il a continué à soutenir, envers et contre tout, la thèse d'un "complot policier".
"Karim Achoui nous a fait beaucoup défaut à cette audience. Il a manqué à des moments clés, qui auraient pu être des moments de vérité. On n'a pas pu avoir de confrontation entre les accusés et la partie civile. Il n'a fait citer aucun témoin. Il est resté extérieur, spectateur de ce procès".  

Evoquant la pratique professionnelle "déviante" de Karim Achoui "qui a été sanctionnée par une radiation définitive du barreau", Bruno Sturlese a indiqué que, selon lui, c'est c'est bien de ce côté là et uniquement de ce côté là, que se trouvent les raisons de cette tentative d'assassinat. "Le métier d'avocat pénaliste est un métier exposé et il l'est de plus en plus. mais Karim Achoui s'est surexposé par des méthodes douteuses. Il est sorti des clous et s'est brulé les ailes


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