Va-t-on laisser Hollande bafouer la vie privée ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 16/01/2014
Le héros de la Gauche molle, en perdition, a commencé les grandes soldes. Il sert la soupe au Medef, mieux que Sarko, se vante d’expulser deux fois plus de Roms que Sarko et fait le malin parce qu’il a restauré la censure pour immoralité, terre visqueuse sur laquelle Sarko n’avait jamais osé mettre le pied. Ce sont des faits, et c'est beaucoup, mais après tout, on peut se contenter de hausser les épaules parce qu’il ne s’agit que de la vente des pièces détachées d’une politique en faillite.
Mais quand ce grand nigaud invoque la « vie privée », je dis non, parce que là, c’est vraiment notre affaire à tous. Alors, gère tes amours, et régale-toi des délicieux croissants policiers servis sur l’édredon, mais respecte la notion de vie privée, qui est un bien commun.
L’agence de presse la Pravda Molle nous demande d’ingurgiter : « Chacun, dans sa vie personnelle, peut traverser des épreuves. C’est notre cas, nous traversons des moments douloureux. Mais j’ai un principe c’est que les affaires privées se traitent en privé, dans une intimité respectueuse ». Désolé, c’est totalement à côté de la plaque.
Tout serait simple si l’homme du changement normal avait respecté ce à quoi il s’était engagé devant Sarko : « Moi président, il y aura une claire distinction entre vie politique et vie privée ». Sauf que ce n’était que de la com’.
Hollande a toujours mis en avant une part de sa vie privée. A commencer par sa douce Ségolène qui donnait une conférence de presse depuis la maternité, le lendemain de la naissance d’un de leurs enfants. En continuant par le jovial Hollande qui avait choisi la Une du grand journal féministe Gala, en octobre 2010, pour nous présenter Valérie, « la femme de sa vie ». En poursuivant par le génial été 2012, où il n’y en avait que pour François et Valérie en sweet sur la plage de Cabasson ou achetant des cartes postales à Bormes-les-Mimosas. Que c’était mignon, ces scènes si publiques de la vie privée… Je n’oublie pas non plus le post-adolescent baiser de la Place de la Bastille, devant les supporters attendant que commence la bataille contre les puissances de l’argent…
Et la Dame ne serait que la vie privée ? Ah bon…. Avec sa place à la Une du site de l’Elysée ? Avec un bureau, un budget et des collaborateurs ? Et la présence très active lors des déplacements et des réceptions ? Jusqu'à s'occuper d'humanitaire dans le Liban brûlant ? La première Dame a un rôle public, c’est une évidence factuelle… Alors, l’honneur bafoué de la première Dame, genre le réveillon en famille, et la galipette protégée par la police le lendemain, ça nous concerne.
Ce sont des faits qui comptent, car ce couple a choisi de nous prendre à témoin de son bonheur, quand cela l’intéressait. Si un président fait mystère de sa vie privée, parce que seule compte la politique qu’il conduit, une intrusion serait inacceptable. Mais lorsque le couple a choisi de s’institutionnaliser et de se donner en spectacle, il garde certes une part de vie privée, mais il doit assumer comme étant public ce qu’il a lui-même choisi de rendre public. Ce n'est pas plus compliqué.
Mais il y a pire dans cette indécence sans limite, qu’on tente d'étouffer sous le voile intégral de la vie privée.
Valérie a été hospitalisée. C'est clairement une information qui relève de l’intimité de la vie privée, car la santé fait partie du noyau dur de la protection de la vie privée. Et tout le monde sait qu’elle n’est pas hospitalisée pour une mauvaise chute à ski, mais parce qu’elle a craquée, car son honneur de femme a été bafoué à la face du monde. Donc, vie privée pour les amours de la rue du Cirque, mais vie publique pour l'hospitalisation de la femme humiliée ? Lamentable. Voir le mec qui se dodeline en faisant le beau devant les journalistes, pendant que la femme pleure sur son lit d’hôpital, c’est d’une infinie cruauté. Réfléchissez un instant... Mettez-vous un instant à la place de la femme qui pleure…
Et il y a le pire,… car le cruel s’apprête à répudier, en public. Magnanime, et grand cœur, il attend que celle qui était la femme de sa vie sorte de l’hôpital, avant « d’éclaircir la situation ». Mais, avec cet homme d'action, ça ne traînera pas : Valérie va être répudiée avant le voyage aux US, car il faut faire place nette. Le polygame a fait son choix. C’est le pouvoir du mec, du sale macho consommateur de femmes. Le même qui nous saoule avec la dignité… Abject.