Jacques Brel, concert d’adieu à l’Olympia, octobre 1966
Actualités du droit - Gilles Devers, 21/09/2013
A 37 ans, Jacques Brel décide d’arrêter la scène, mettant fin à une tournée éreintante, commencée sept ans plutôt, et qui l’a emmené dans le monde entier. Voici le concert de ses adieux à l’Olympia en octobre 1966, concert qui est aussi celui des adieux à Paris, la ville qui pour toujours l’a placé dans la lumière.
Retrouver Brel, c’est l’enthousiasme. Ce frêle jeune homme, si à l’aise avec ses deux fidèles, Gérard Jouannest au piano et François Rauber pour les arrangements… Cette voix envoûtante, cette inégalée présence sur scène, la puissance des paroles, une musique lyrique et intime, cette dramatisation qui noue les tripes en quelques mesures…
Mais retrouver Brel, c’est aussi plonger dans le malaise, la fragilité. L'artiste nous éblouit autant qu’il nous glace. On aimerait mieux ne pas entendre ce que chante Brel, comme dans cet Amsterdam fait de tout, mais il sait nous conduire là où il ne faut pas aller, pour y trouver la beauté. C’est là que Brel est unique... Ecouter Les vieux… Ecouter Jef... Brel est l’ami que nous, les Jef, rêvons de trouver pour le jour où tout va mal, avec la puissance de l’amitié et la franchise de cet ami capable de dire tout ce que nous nous épuisons à garder secret.
Et Ne me quitte pas… Tout d’une grande chanson d’amour… mais il n'en est rien. Cette si poignante chanson parle de la lâcheté des hommes. Qui a le courage de venir sur scène, seul face au public, dans la lumière crue d’un projecteur, chanter Moi je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas, pour finir, brisé : Laisse-moi devenir l'ombre de ton chien...
Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
À te regarder
Danser et sourire
Et a t’écouter
Chanter et puis rire
Laisse-moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
L’ombre de ton chien
Ne me quitte pas
http://www.youtube.com/watch?v=6S48n0PSeo0
Après vingt minutes d'applaudissements,
Jacques Brel, en peignoir, vient saluer le public de l'Olympia