Le Capitaine Courage Sarkozy peut-il encore remonter la pente ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 29/01/2012
Mais qui lui a mis en tête cette TVA sociale ? Comme petit patron, je suis gagnant : le 1° octobre je laisserai mes tarifs – c’est-à-dire le hors taxe – intacts, mais j’augmenterai la facture des clients de 1,6 %. Ce sont eux qui paieront l’augmentation de la TVA et moi, je bénéficierai d’une baisse des charges patronales. En cumulée, je passerai de 65 de charges, à 63,4%. Je précise au passage à Sarko qu’il n’y a pas besoin de six mois pour régler les ordinateurs. Une minute suffit, alors il peut rendre la loi applicable dès ce mois de mars.
Parmi mes clients, il y a les entreprises, qui parviennent souvent à récupérer la TVA, mais pour les particuliers, ce sera à eux de payer. Plein but. Chères amies, chers amis, divorcez vite, à compter d’octobre, ce sera 1,6% de taxe en plus.
Merci Sarko. Mais rassurez vous, il est génétiquement impossible que je vote pour celui qui a légitimé les valeurs FN, qui a affaibli et la loi et la police, qui a instauré les punitions collectives contre les Roms, qui a vendu notre politique étrangère aux US, et qui a stigmatisé comme jamais les patients psy.
Je ne focalise pas sur sa personne. Je souhaite que disparaisse avec lui cette purulente UMP qui a autorisé les apéros saucisson-pinard dans les locaux de l’Assemblée Nationale.
Bloquer six chaînes télés, pour voir le héros du bouclier fiscal annoncer qu’il augmente la TVA, et voir la tronche accablée des cadors de l’UMP expliquant le coté génial d’une hausse des impôts… un grand moment. Pour fêter ça, on s’est sifflé un Madiran Montus de 2005 à faire pleurer dans les chaumières.
Alors, c’est plié ? Pas si sûr.
Hollande a des qualités objectives et passe bien, mais le goût de la victoire va amener les seconds couteaux à vouloir briller. Or, les bases sont connues : le programme est faible, le parti est décalé, et les bonnes places sont rares. Il va falloir tenir l’attelage.
Ensuite, le corps électoral français lors d’un vote de second tour est beaucoup moins versatile que lors des sondages. Tous les seconds tours (hormis 2002) se jouent à 52/48, et Sarko va mécaniquement remonter. Ce sont 2% d’indécis, qui se prononcent sur des critères aléatoires les derniers jours, qui feront le résultat. Et le président en fonction a des atouts pour polluer la dernière semaine...
Et puis, attention, il reste quatre mois, et quatre mois au temps de l’instantané médiatique, c’est très long. Fin janvier 1995, Balladur était à 65 % d’opinions positives, et son staff de campagne regroupait les poids lourds : Sarkozy, Pasqua, Bayrou, Léotard, et Simone Veil. Ils ont brillé jusqu’en mars, avant de se fracasser.
En 2007, Sarko a réussi la prouesse de se faire élire sur le thème de la rupture. Là, il se méfie du « changement dans la continuité » à la Giscard, et nous tente l’image du capitaine courage.
On verra. Mais Sarko doit trouver un autre souffle qu’hier soir s’il veut arriver en tête au premier et au second tour. L’adversité va le doper. Alors ?...Il peut se refaire ou non ?