Je me souviens de mon enfance
Zythom - Blog d'un informaticien expert judiciaire - Zythom, 12/12/2012
Je me souviens d'une fleur bleue dans le jardin du logement de fonction de mes parents à Willems dans le Nord. J'avais quatre ans. Pourquoi mon cerveau a-t-il mémorisé cette image plutôt qu'une autre, je ne sais pas. Mais c'est le souvenir le plus ancien dont j'ai conscience.
Je me souviens des pas du premier homme sur la lune. J'étais en camping avec mes parents en Espagne. Nous regardions les informations le soir dans une salle commune sur une télévision en noir et blanc. La salle était bondée. J'ai longtemps cru avoir vu Neil Armstrong sortir de "Eagle" en direct, mais il est peu probable que mes parents m'ait laissé veiller jusqu'à 3h56 du matin. J'ai donc du voir la retransmission lors du journal du soir. J'avais six ans.
Je me souviens de la Peugeot 403 de mes parents. Il y avait un accoudoir au milieu de la banquette arrière sur lequel je m'asseyais fièrement pour mieux voir la route. Il n'y avait pas de ceinture, ni à l'avant, ni à l'arrière.
Je me souviens des lignes jaunes sur les routes de France, avant qu'elles ne passent toutes en blanc. Je me demande comment étaient alors signalés les travaux... C'est amusant de voir qu'à peu près en même temps, les États-Unis remplaçaient le marquage blanc des routes, par un marquage jaune.
Je me souviens du bruit que faisait le gros bouton de changement de chaînes de notre poste de télévision noir et blanc. Je me souviens aussi de la venue du technicien lors de la création de la troisième chaîne couleur de l'ORTF. Il possédait un savoir qui m'a fasciné: le pouvoir de régler cet objet incroyablement compliqué qu'était une télévision. Après son départ, nous avions une troisième lucarne sur le monde. Mais toujours pas le droit de la regarder la veille des jours de classe... C'est-à-dire en pratique uniquement le samedi après-midi. J'avais alors onze ans.
Je me souviens du "landi" (orthographe?), sorte de gymnastique dont on faisait tous les mouvement ensemble dans la cour de récréation.
Je me souviens des murs en torchis de la maison. Ce mélange de paille et d'argile recouvrait l'intérieur des murs de briques rouges, et était caché par nos tapisseries. Il était impossible d'y faire tenir quoi que ce soit d'un peu lourd avec des clous. Je me souviens d'une armoire à médicament qui s'est effondrée avec fracas, sans prévenir, emportant quelques poignées de torchis.
Je me souviens des quelques fois où mes parents sortaient le samedi soir, nous laissant ma sœur et moi blottis dans le grand lit de mes parents. Tous les craquements de notre grande maison me terrorisaient.
Je me souviens de la traversée de l'école des filles, par le 1er étage, pour aller à la cantine située dans l'école maternelle. Cette école, jumelle de la notre du point de vue architecturale, était subtilement différente.
Je me souviens du Manège enchanté et de Zébulon qui me faisait peur. Je me souviens d'Aglaé et Sidonie. Je me souviens de la Maison de Toutou, de Bonne nuit les petits qui donnait le signal du brossage de dents... Je me souviens des Shadoks saison 2 (ZO) et saison 3 (MEU), de leur univers étrange, de la voix de Claude Piéplu et du tombé de rideau final de chaque épisode, qui me terrorisait.
Je me souviens du grenier de la maison, encombré de vieilles tables d'école avec pupitre en bois et encriers. Elles sont recherchées maintenant par beaucoup de collectionneurs...
Je me souviens de la grande pièce où nous travaillions tous les soirs, ma sœur, mes parents et moi, chacun sur son bureau. Sur un mur étaient entassés des cageots en bois formant une grande bibliothèque dans laquelle étaient rangées toutes nos affaires. Des cageots originellement prévus pour le stockage des oranges.
Je me souviens d'une cravate à élastique que je devais mettre dans les grandes occasions, avec ma tenue du dimanche, les cheveux bien peignés.
Je me souviens de mon enfance solitaire et studieuse, heureuse et protégée par l'amour et la vigilance de mes parents.
Je m'en souviens surtout en cette soirée consacrée à la fin d'une expertise judiciaire en recherche d'images et de films pédopornographiques. Je me souviens et je pleure.
Je me souviens des pas du premier homme sur la lune. J'étais en camping avec mes parents en Espagne. Nous regardions les informations le soir dans une salle commune sur une télévision en noir et blanc. La salle était bondée. J'ai longtemps cru avoir vu Neil Armstrong sortir de "Eagle" en direct, mais il est peu probable que mes parents m'ait laissé veiller jusqu'à 3h56 du matin. J'ai donc du voir la retransmission lors du journal du soir. J'avais six ans.
Je me souviens de la Peugeot 403 de mes parents. Il y avait un accoudoir au milieu de la banquette arrière sur lequel je m'asseyais fièrement pour mieux voir la route. Il n'y avait pas de ceinture, ni à l'avant, ni à l'arrière.
Je me souviens des lignes jaunes sur les routes de France, avant qu'elles ne passent toutes en blanc. Je me demande comment étaient alors signalés les travaux... C'est amusant de voir qu'à peu près en même temps, les États-Unis remplaçaient le marquage blanc des routes, par un marquage jaune.
Je me souviens du bruit que faisait le gros bouton de changement de chaînes de notre poste de télévision noir et blanc. Je me souviens aussi de la venue du technicien lors de la création de la troisième chaîne couleur de l'ORTF. Il possédait un savoir qui m'a fasciné: le pouvoir de régler cet objet incroyablement compliqué qu'était une télévision. Après son départ, nous avions une troisième lucarne sur le monde. Mais toujours pas le droit de la regarder la veille des jours de classe... C'est-à-dire en pratique uniquement le samedi après-midi. J'avais alors onze ans.
Je me souviens du "landi" (orthographe?), sorte de gymnastique dont on faisait tous les mouvement ensemble dans la cour de récréation.
Je me souviens des murs en torchis de la maison. Ce mélange de paille et d'argile recouvrait l'intérieur des murs de briques rouges, et était caché par nos tapisseries. Il était impossible d'y faire tenir quoi que ce soit d'un peu lourd avec des clous. Je me souviens d'une armoire à médicament qui s'est effondrée avec fracas, sans prévenir, emportant quelques poignées de torchis.
Je me souviens des quelques fois où mes parents sortaient le samedi soir, nous laissant ma sœur et moi blottis dans le grand lit de mes parents. Tous les craquements de notre grande maison me terrorisaient.
Je me souviens de la traversée de l'école des filles, par le 1er étage, pour aller à la cantine située dans l'école maternelle. Cette école, jumelle de la notre du point de vue architecturale, était subtilement différente.
Je me souviens du Manège enchanté et de Zébulon qui me faisait peur. Je me souviens d'Aglaé et Sidonie. Je me souviens de la Maison de Toutou, de Bonne nuit les petits qui donnait le signal du brossage de dents... Je me souviens des Shadoks saison 2 (ZO) et saison 3 (MEU), de leur univers étrange, de la voix de Claude Piéplu et du tombé de rideau final de chaque épisode, qui me terrorisait.
Je me souviens du grenier de la maison, encombré de vieilles tables d'école avec pupitre en bois et encriers. Elles sont recherchées maintenant par beaucoup de collectionneurs...
Je me souviens de la grande pièce où nous travaillions tous les soirs, ma sœur, mes parents et moi, chacun sur son bureau. Sur un mur étaient entassés des cageots en bois formant une grande bibliothèque dans laquelle étaient rangées toutes nos affaires. Des cageots originellement prévus pour le stockage des oranges.
Je me souviens d'une cravate à élastique que je devais mettre dans les grandes occasions, avec ma tenue du dimanche, les cheveux bien peignés.
Je me souviens de mon enfance solitaire et studieuse, heureuse et protégée par l'amour et la vigilance de mes parents.
Je m'en souviens surtout en cette soirée consacrée à la fin d'une expertise judiciaire en recherche d'images et de films pédopornographiques. Je me souviens et je pleure.