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Bernard Nut

- Wikipedia, 9/01/2012

Bernard Nut (19 avril 1935 - 15 février 1983) était un officier de l'armée française dont l'assassinat, alors qu'il était responsable de la DGSE sur la Côte d'Azur, défraya la chronique en 1983.

Sommaire

Jeunesse

Bernard Nut était issu d'une famille d'officiers et l'un de ses ancêtres avait été tué lors de la charge des cuirassiers à Reichshoffen. Il perdit son père, Paul Nut, « Mort pour la France », tué au combat à Naamé en Syrie le 8 juillet 1941. Pupille de la Nation, il s’engage le 9 octobre 1953 alors qu'il est mineur en imitant la signature de sa mère et intégre l’école des sous-officiers de Cherchell en Algérie. À la sortie de l’école, il est nommé au grade de sergent. Il intègre le 3e RIC (3e régiment d’infanterie coloniale) le 12 juin 1954. Il participe aux opérations menées en Tunisie de juillet à août 1955 pour être ensuite envoyé en Algérie le 21 août 1955 où il intègre la 5e compagnie du 16e RIC jusqu’en mai 1957.

Blessé lors de cette première campagne en Algérie, il refuse d'effectuer toute démarche en vue d'obtenir indemnisation ou pension et sert à l’état-major de Fort-de-France en Martinique. Il est nommé au grade de sergent-chef le 1er juillet 1959. Le 22 juillet 1960 après avoir quitté la Martinique il est affecté au RMT (Régiment de Marche du Tchad) à Pontoise puis passe et réussi le concours des officiers des services pour intégrer l’EMA de Montpellier le 22 septembre 1960. Il sort major de sa promotion le 1er octobre 1961.

Il choisit à la sortie de l’école d’officiers le cadre spécial des troupes de marine et c’est ainsi qu’il est affecté au grade de sous-lieutenant au 16e RIMa (régiment d’infanterie de marine) le 1er janvier 1962.

Carrière d'officier des renseignements

C’est au sein de ce régiment qu’il participe une seconde fois aux opérations en Algérie de janvier 1962 à janvier 1963. En mars 1963, il est affecté au BCS 31 qui va devenir le 15e BIMa (Bataillon d’Infanterie de Marine) qui se trouve sur l’Île de la Réunion. Il est promu au grade de lieutenant et deviendra le chef du 2ème Bureau au sein de la Subdivision Militaire de la Réunion placée sous les ordres du Commandement Supérieur des Forces Françaises du Sud de l’océan Indien.

L’officier noteur, le colonel Jean Lacour portera sur sa feuille de note les mentions suivantes :

Le lieutenant NUT est un brillant officier qui améliore sans cesse sa très bonne formation de base. A continué à obtenir d’excellents résultats dans son emploi de chef du 2e Bureau.

De retour en métropole, il est affecté au 89e BS (Bataillon des Services) (ancien 44ème RI) et intègre donc le SDECE (Service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage) le 1er janvier 1967 pour travailler au sein du service recherche R2 au secteur Afrique. Il est promu au grade de capitaine le 1er juillet 1969.

Le 2 octobre 1969, il est envoyé en qualité d’adjoint de chef de mission pour quatre ans au Sénégal, sous son identité réelle mais sous une couverture diplomatique en qualité d’attaché de presse de l’ambassade de France de Dakar. En 1970, il devient chef de mission du SDECE au Sénégal.

Durant son séjour, il supervisera deux coups d’État qui se solderont chacun par un échec, coups d'états dirigés contre le président de la République de Guinée, Sékou Touré. Le 26 juillet 1973 il rentre en France et il est notamment chargé de l’instruction du personnel intégrant le service R2.

Missions périlleuses

Il est ensuite affecté au secteur Asie du SDECE. Il est envoyé en mission seul au milieu du Cambodge à la fin de l’année 1975, au moment de la dictature maoïste, afin de fédérer les différents mouvements de résistance au régime de Pol Pot. À plusieurs reprises, il évite de justesse d'être pris par les Khmers rouges. Le 1er juillet 1977, il est nommé au grade de commandant.

Au début de l’année 1980, il est envoyé en mission en Afghanistan toujours sous IF (identité fictive) sous le nom de Bernard Flaubert alors que le pays vient d’être envahi par les armées de l’Union soviétique.

Retour en Europe

De retour de cette mission, il intègre le secteur Europe du SDECE et prend le poste de chef de mission métropolitaine de recherche à Nice le 1er juillet 1980.

Il fréquentait notamment des ressortissants et des ressortissantes d'Etats étrangers dans la zone. Le 4 avril 1982, le SDECE change de dénomination et devient la DGSE (Direction générale de la Sécurité Extérieure).

Sa vie personnelle subit alors l'influence croissante du nouveau directeur général qu'il rencontre fréquemment.

Les dernières appréciations de son chef de service portées sur sa fiche de notation sont les suivantes :

« Placé depuis peu à la tête d’une mission métropolitaine de recherche, le commandant NUT en a pris rapidement la mesure grâce à sa grande faculté d’adaptation, son aisance à maîtriser les problèmes et sa totale disponibilité.

Doté d’un jugement sain et objectif guidé par le bon sens, d’une aptitude particulière à apprécier avec précision les situations, cet officier sait prendre ses responsabilités et les assume avec discipline et un souci scrupuleux du devoir et de l’efficacité. Ses très bons résultats sont le fruit d’une action persévérante, conduite avec dynamisme et la volonté de réussir. Il est à ranger parmi les meilleurs et mérite toute confiance. '»

Assassinat

Il est promu au grade de lieutenant-colonel le 1er octobre 1982 et nommé responsable de la DGSE sur la Côte d'Azur. Le 15 février 1983, il est retrouvé devant son véhicule de service stationné sur le bord de la RN 202 dans la commune de Rigaud mort d’une balle ayant traversé la boite crânienne, son arme ayant tiré trois balles.

Le prix d'une mort en service

Alors qu'une partie des médias suggère qu'il peut s'agir d'un suicide, l’instruction judiciaire déterminera que les éclats de balle retrouvés dans la boîte crânienne étaient d’une composition différente des trois balles non percutées restant dans le barillet et qu’il s’agissait bien d’un assassinat. Le 18 septembre 1989, le service du contentieux du ministère de la Défense reconnait qu'il est mort en service. Mais sa veuve ne touchera qu'une pension de reversion correspondant au grade de commandant car il n'a pas effectué les six mois nécessaires en tant que lieutenant-colonel.

Bibliographie

  • Treize mystères de la Côte, Roger-Louis Bianchini, Fayard, 2005, ISBN 2213623848
  • Cadavres sous influence de la Ve république, Christophe Deloire, Jean-Claude Lattès, janvier 2003, ISBN 978-2709623025
  • The French Secret Service; Deacon, Richard. ; Londres : Grafton Books, 1990; ISBN 0-586-20673-6
  • Who's Who in Espionage; Payne, Ronald and Dobson, Christopher; New York: St.Martin's Press, 1984; ISBN 0-312-87432-4
  • Spies and Provocateurs: A Worldwide Encyclopedia of Persons Conducting Espionage and Covert Action, 1946-1991, Minnick, Wendell L., Jefferson NC: McFarland, 1992 ; ISBN 0-89950-746-8

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