Jean-Charles Persil
- Wikipedia, 25/01/2012
Caricature par Auguste Bouquet (1832).
Jean-Charles Persil, habillé en magistrat, tente de décapiter le journaliste et dessinateur Charles Philipon à l'aide de son grand nez transformé en lame de scie. Philipon est allongé les mains liées sur une pile d'exemplaires de la revue La Caricature dont il était directeur.
Jean-Charles Persil, né à Condom (Gers) le 13 octobre 1785 et mort à Antony (Hauts-de-Seine) le 10 juillet 1870, est un homme politique français. Il fut ministre de la Justice et des Cultes sous la monarchie de Juillet (1834-1837) puis pair de France (1839) et conseiller d'État (1852).
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Biographie
Fils de Jean-Joseph Persil, négociant, et de Marie Denux, Jean-Charles Persil fit son droit à Paris en une année, fut reçu docteur l'année suivante (1806) et songea à devenir professeur de droit, mais passa sans succès les concours des facultés de Paris et de Grenoble. Il acquit cependant une certaine réputation par deux ouvrages qu'il publia : Le régime hypothécaire (1809) et Questions sur les privilèges et les hypothèques (1812). Il s'inscrivit au barreau, et devint un avocat renommé.
Sous la Restauration, il prit part aux combats politiques du parti libéral. Il défendit son ami Nicolas Bavoux devant la Chambre des pairs. Le 23 juin 1830, il fut élu député dans le 2e arrondissement électoral du Gers (Condom)[1]. Il protesta contre les ordonnances de Saint-Cloud et fit partie de la délégation qui, autour d'André Dupin, se rendit à Neuilly-sur-Seine pour offrir au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume.
Il fut nommé procureur général près la cour royale de Paris, ce qui l'amena à se représenter devant ses électeurs : il fut réélu député le 8 novembre 1830[2]. Lors des élections générales du 5 juillet 1831, il fut élu dans le 4e arrondissement électoral du Gers (Lombez)[3].
Tant comme magistrat que comme député, Persil se rangea résolument du côté du parti de l'ordre et combattit avec ardeur les libéraux, si bien que La Fayette disait de lui qu'il était « furieux de modération ». Il poursuivait les clubs, les associations, les journaux républicains, dénonçait des complots, multipliait des procès où, souvent, d'ailleurs, les jurys se montraient plus cléments et relaxaient les prévenus. Cette dureté lui valait les attaques incessantes des journaux satiriques, qui le représentaient fréquemment avec un immense nez en forme de lame de scie et la légende « le Père-Scie ». L'un d'entre eux annonça un jour : « M. Persil est mort pour avoir mangé du perroquet. » Charles Philipon, qu'il poursuivit avec vigueur, prétendait qu'il pouvait « descendre d'un anthropophage ramené par le Capitaine Cook ».
Le 4 avril 1834, Persil fut nommé ministre de la Justice et des Cultes dans le premier ministère Soult, en remplacement de Félix Barthe et conserva ces fonctions jusqu'au 22 février 1836 dans les ministères Gérard, Maret, Mortier et Broglie.
Il fut réélu député le 15 mai 1834[4]. Lors des élections législatives du 21 juin 1834, il fut de nouveau élu dans trois collèges électoraux : le 4e de la Corrèze (Ussel)[5] ; le 2e du Gers (Condom)[6] ; le 4e du Gers (Lombez)[7]. Il choisit Condom et fut remplacé à Lombez par M. Troy et à Ussel par Camille Périer.
Persil redevint ministre de la Justice dans le premier ministère Molé du 6 septembre 1836 au 15 avril 1837. Il s'affronta à Louis Mathieu Molé qui refusait la dissolution de la Chambre des députés, donna sa démission et, quittant le cabinet avec les doctrinaires, fut nommé président de la Commission des monnaies, fonction lucrative et peu absorbante. Mais, entré dans la coalition, il continua de ferrailler contre le président du Conseil qui obtint sa révocation au début de 1839.
Il fut réélu député le 4 novembre 1837[8] puis le 2 mars 1839[9]. Le 25 avril 1839 il publia dans Le Journal des débats une déclaration dans laquelle il annonçait revenir au bercail conservateur : ceci lui valut d'être réintégré dans ses fonctions à l'hôtel des monnaies, nommé pair de France le 7 novembre 1839 et fait grand officier de la Légion d'honneur (24 avril 1845). Jusqu'en 1848, il fut un soutien ponctuel du gouvernement de Louis-Philippe Ier. À la Chambre des pairs, il fut notamment le rapporteur de l'importante loi du 15 juillet 1845 sur la police des chemins de fer.
Après la révolution de 1848, il quitta la vie publique. Il fut toutefois nommé conseiller d'État le 31 juillet 1852. Il aurait été aussi sénateur du Second Empire[réf. à confirmer][10] :
Il mourut en 1870.
Œuvres
- Régime hypothécaire, ou commentaire sur le XVIIIe titre du livre III du Code civil, relatif aux privilèges et hypothèques, Paris, chez P. Gueffier, 1809, in-8 (nlle. éd. augmentée 1817, 2 vol. in-8)
- Questions sur les privilèges et hypothèques, saisies immobilières et ordres, faisant suite au Régime hypothécaire ; contenant la solutions des difficultés qui se présentent habituellement devant les Tribunaux, ou sur lesquelles l'Auteur a été consulté, Paris, chez P. Gueffier, 1812, 2 vol. in-8 (nlle. éd. 1820)
- Dissertation sur le rétablissement du droit d'aînesse et des substitutions, Paris, Baudouin frères, 1826, in-8
- Lettres de M. Persil, député de l'arrondissement de Condom, aux rédacteurs de ″La Presse″ et des ″Débats″ [à l'occasion de son départ de la Direction générale des monnaies], 1839
Notes et références
- ↑ par 126 voix sur 228 votants et 268 inscrits, contre 97 à M. de Burosse
- ↑ 188 voix sur 200 votants et 288 inscrits
- ↑ 99 voix sur 190 votants et 226 inscrits contre 86 au candidat légitimiste, M. de Panat
- ↑ 111 voix sur 203 votants et 244 inscrits
- ↑ 98 voix sur 176 votants et 211 inscrits contre 59 à M. de Valon
- ↑ 184 voix sur 357 votants et 485 inscrits contre 165 à M. Pagès
- ↑ 127 voix sur 213 votants et 244 inscrits contre 86 à M. Domezon
- ↑ 249 voix sur 358 votants et 583 inscrits
- ↑ 308 voix sur 328 votants
- ↑ Anne Marie Christin et Viviane Alleton, L'écriture du nom propre, L'Harmattan, 1998, 320 p. (ISBN 9782738470836) ; qui cite « Persil, Jean-Charles », dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 vol., 1863-1890 [détail de l’édition]. (tome XII, page 677)
Sources
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, Paris, Dourloton, 1889
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