Régime de Vichy
- Wikipedia, 3/02/2012
État français
Régime de Vichy
Devise : « Travail, Famille, Patrie »
Statut | État[2] |
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Capitale | Paris, siège du gouvernement : Vichy |
Langue | Français |
Monnaie | Franc |
22 juin 1940 | Armistice |
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10 juillet 1940 | Pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain |
18 avril 1942 | Pierre Laval nommé chef du gouvernement |
11 novembre 1942 | Occupation de la zone libre |
20 août 1944[3] | Départ de Pétain, fin effective du régime |
1940-1944 | Philippe Pétain |
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1940 | Pierre Laval |
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1940-1941 | Pierre-Étienne Flandin |
1941-1942 | François Darlan |
1942-1944 | Pierre Laval |
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Entités précédentes :
Entités suivantes :
Le nom de Régime de Vichy désigne le régime politique dirigé par Philippe Pétain, qui assura le gouvernement de la France du 10 juillet 1940 au 20 août 1944 durant l'occupation du pays par l'Allemagne nazie[3], et dont le siège se situait à Vichy[4], situé en zone libre jusqu'en novembre 1942.
Après le vote des pleins pouvoirs constituants le 10 juillet 1940 par l'Assemblée nationale, la mention République française disparaît des actes officiels : le régime est dès lors désigné sous le nom d’État français. Du fait de son aspect particulier dans l'histoire de France, de sa légitimité contestée[5] et du caractère générique de son nom officiel, le régime est le plus souvent désigné sous les appellations Régime de Vichy, Gouvernement de Vichy, voire simplement Vichy.
Les Allemands, qui occupent d'abord le Nord et l'Ouest, et à partir du 11 novembre 1942, la métropole tout entière, laissent l'administration française sous l'autorité d'un gouvernement français installé à Vichy et dirigé par le maréchal Pétain, nommé président du Conseil par le président Albert Lebrun. Dès juin 1940, Pétain met en œuvre une politique de collaboration avec les nazis, se substitue au président de la République, qui, bien que n'ayant pas démissionné de son mandat, se retire de la fonction[6], et se nomme lui-même « chef de l’État français[7] ». Au cours de la guerre, cette collaboration prendra plusieurs formes : coopération économique, arrestations de résistants, de francs-maçons et rafles de Juifs sur le territoire métropolitain. Sur le plan militaire, le régime n'est pas un allié officiel pour le Troisième Reich mais le gouvernement Laval reconnaît la Légion des volontaires français (LVF) comme une association d'utilité publique[8] et contribue aussi à l'effort de guerre allemand via la collaboration de son industrie militaire — comme défini dans les conditions d'armistice[9]. Il fournit en outre à l'occupant une force armée supplétive de répression en métropole, avec la Milice française.
Considérant que la République française n'a jamais cessé d'exister, le général de Gaulle déclare le régime de Vichy « nul et non avenu » à la libération en 1944.
Les circonstances
Prologue : la défaite de 1940 et l'invasion allemande
En réponse à l'invasion de la Pologne par les troupes d'Adolf Hitler, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre au IIIe Reich. Adoptant alors une stratégie défensive, les deux alliés, au lieu d'envahir l'Allemagne dont l'armée est occupée en Pologne, laissent passivement son armée détruire les troupes polonaises. Les Français restent donc derrière la ligne Maginot et temporisent, en espérant pouvoir s'appuyer sur un blocus maritime, comme celui qui provoqua l'effondrement allemand en 14-18. C'est la « drôle de guerre ». Mais le 10 mai 1940, Hitler attaque en envahissant les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Le commandement français s'y attendait et lance ses troupes à la défense de la Belgique, comme prévu. Utilisant à plein les concepts des novateurs français de 1918, ignorés par leur propre commandement (choc et rapidité, couple char-avion, concentration), le fer de lance de l'armée allemande (une dizaine de divisions blindées) traverse le massif des Ardennes, jugé impénétrable par les généraux français (et donc mal défendu, et mal soutenu lorsque l'attaque apparut évidente) et encercle du sud vers le nord l'armée franco-britannique engagée en Belgique.
Début juin, défendu autour de Dunkerque par quelques divisions françaises qui se sacrifient, le contingent britannique regagne l'Angleterre lors de l'opération Dynamo. Le gouvernement quitte Paris le 10 juin pour Bordeaux. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par deux millions de réfugiés de la région parisienne. Selon l'historien Jean-Pierre Azéma, entre le 15 mai et le 10 juin, au moins six millions de Français abandonnent leur domicile. Participant à l'« exode » de 1940, ils se retrouvent sur les routes sous les attaques de la Luftwaffe, et ruinent la logistique militaire française. La bataille de France est perdue, en dépit de la résistance héroïque de nombreuses unités. La campagne militaire cause 120 000 morts côté français (100 000 militaires et 20 000 civils) et 40 000 militaires côté allemand ; les Allemands font plus de deux millions de prisonniers.
Le 10 juin 1940, Mussolini, allié d'Hitler, déclare la guerre à la France (sa démarche étant qualifiée de « coup de poignard dans le dos »[10],[11],[12]), mais ne parvient pas à faire avancer ses troupes à travers les Alpes bien défendues par l'armée des Alpes du général Olry. Franco, sollicité, refuse d'entrer en guerre contre la France, même lorsque l'effondrement français est patent.
La demande d'armistice
C'est la panique en France dans le monde politique et militaire. Certains veulent poursuivre la lutte alors que d'autres veulent demander l'armistice. Paul Reynaud, bien qu'étant pour la poursuite de la guerre, est trop timoré et n'agit pas de manière ferme. Pourtant appuyé sans réserve par le ministre de la Marine et des Colonies, le ministre de l'Armement et le sous-secrétaire d’État à la Guerre Charles de Gaulle, et soutenu de façon relative par le président de la République Albert Lebrun, la majorité du Conseil des ministres et quelques militaires, il ne parvient pas à constituer un « cabinet de guerre » à l'anglaise.
C'est le deuxième camp, soutenu par le général Weygand, le maréchal Pétain, Pierre Laval et l'amiral Darlan, qui l'emporte. Le général de Gaulle, partisan de la poursuite de la guerre, rejoint Londres pour chercher du soutien auprès des Alliés. D'autres personnalités se réfugient en Amérique. Le président du Conseil Paul Reynaud, qui voulait continuer la lutte, choisit finalement de démissionner le 16 juin 1940.
Le président de la République Albert Lebrun nomme alors le maréchal Pétain président du Conseil. Le lendemain (17 juin), ce dernier forme un nouveau gouvernement à Bordeaux, puis annonce à la radio que la France doit cesser le combat et demander l'armistice. Suite à quoi, le général de Gaulle prononce depuis Londres son « Appel du 18 Juin » devenu célèbre (mais passé relativement inaperçu dans le chaos ambiant). Le mouvement de la France libre s'organise au Royaume-Uni avec d'autres volontaires français. Voir : France libre – Chronologie de la France libre.
Le 22 juin 1940, la délégation française doit aller signer l'armistice, dans la clairière de Rethondes, dans le wagon qui avait servi de cadre à l'armistice de la Première Guerre mondiale et devant le monument qui parlait de l'« orgueil criminel de l'Empire allemand vaincu par les peuples qu'il voulait asservir ». Hitler fait ensuite exploser le monument sous les caméras. Quant au wagon il est envoyé en Allemagne, où il sera détruit en 1945[13]. L'Allemagne entend ainsi effacer la défaite de la Première Guerre mondiale et humilier la France.
L'armistice
Les conditions de l'armistice sont motivées par les préoccupations d'Hitler à cette époque. Il faut bien sûr, empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il faut veiller à ce que sa flotte ne rejoigne pas le Royaume-Uni qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire, car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser ni l'allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le contenu de la convention d'armistice, un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses suivantes[14] :
- initialement en juillet 1940, le pays est coupé en quatre : zone occupée, zone libre (séparées par une ligne de démarcation), Alsace-Moselle annexée par le Reich, et deux départements du Nord sous l'administration militaire allemande de Bruxelles ;
- en novembre 1942 la zone occupée allemande s'étend : à la zone initiale (dite « zone Nord ») s'ajoute la majeure partie de la zone libre (dite « zone Sud » à partir de nov. 1942) ; simultanément l'Italie occupe la plupart des territoires à l'est du Rhône et la Corse ;
- en octobre 1943 les Italiens se retirent, la zone occupée allemande s'étend à tout le pays, mais simultanément la Corse se libère ;
- durant l'été 1944, à partir du 6 juin, la plus grande partie du territoire est libérée par les forces Alliées et celles de la Résistance.
- Les prisonniers de guerre (plus de 1,8 million d'hommes) restent en captivité jusqu'à la signature d'un accord de paix.
- La moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c'est la zone occupée, qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constitue la zone libre (c'est-à-dire « non occupée »), regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones sont séparées entre elles par la ligne de démarcation.
- La France doit pourvoir à l'entretien de l'armée d'occupation. Il s'avéra que le montant de ces indemnités allait être fixé de façon quasi-discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s'élèvera, en moyenne, à 400 millions de francs par jour.
- Dans la zone libre, l'armée française est limitée à 100 000 hommes et les troupes sont désarmées.
- La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire exceptées l'Alsace et la Moselle : elle s'exerce donc en zone occupée, mais dans celle-ci, il est stipulé que l'Allemagne exerce « les droits de la puissance occupante[14] », ce qui implique que l'administration française doit collaborer avec elle d'une « manière correcte[14] ».
- L'Empire colonial français reste également sous l'autorité du Gouvernement français.
- Les bâtiments de la flotte de guerre française rejoignent leurs ports d'attache du temps de paix, Cherbourg, Brest et Lorient se trouvant en zone occupée. (« La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache des navires en temps de paix »).
- La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.
Le choix d'Hitler de laisser à la France vaincue son empire peut paraître aujourd'hui tout à fait contestable. À l'époque, dans une lettre au Duce, Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée), par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies, la marine allemande n'étant pas en mesure de conquérir le vaste empire colonial Outre-Méditerranée, et l'envoi de troupes dans des contrées éloignées n'entrant pas dans la stratégie d'Hitler. Dans les faits, à l'exception de l'Afrique équatoriale française, de la Polynésie française (alors désignée sous le nom d'Établissements français de l’Océanie) et de la Nouvelle-Calédonie, les colonies françaises ne se rallieront ni à de Gaulle ni aux Alliés dans les mois qui suivront l'armistice.
De son côté, Churchill, face au risque de voir la flotte française rejoindre ses ports d'attaches maintenant occupés par l'ennemi, conformément aux conventions d'armistice envoie le 3 juillet 1940, dépêche une escadre britannique pour sommer l'escadre française de Mers el-Kébir de se joindre à elle, ou de rejoindre les Antilles françaises[15]. L'amiral français Marcel Gensoul rejeta l'ultimatum, sans informer Vichy de toutes les possibilités ouvertes par celui-ci, dont celle de rejoindre les Antilles françaises pour se mettre à l'abri des Allemands. Il s'ensuivit un combat naval à Mers el-Kébir, au cours duquel trois des six navires de ligne que possède la marine française sont détruits ou mis hors de combat.
En outre, l'Italie bien que revendiquant l'ancien comté de Nice et la Savoie, dont elle n'est pas parvenue à s'emparer, doit se contenter d'une partie de Menton et de Fontan (ses seules prises de guerre). Les autres territoires revendiqués (dont la Corse) ne seront occupés par l'armée italienne qu'ultérieurement, le 11 novembre 1942, lors de l'invasion de la zone antérieurement non occupée.
Le fondement législatif du régime de Vichy
Le nouveau gouvernement et l'Assemblée nationale s'installent en juillet à Vichy, ville calme et disposant de grandes capacités hôtelières. Une propagande est mise en place, destinée à justifier les choix politiques dont celui de la nouvelle « capitale ». Le culte de la personnalité du maréchal, appelé aussi « maréchalisme » en est le principal moteur.
Le 10 juillet 1940 est soumise à l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat (réunie pour l'occasion dans la salle de l'Opéra du Grand Casino de Vichy), une proposition de révision de la Constitution permettant d'attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, président du Conseil. Sur 649 suffrages exprimés, sur les 907 parlementaires de l'époque, 57 députés et 23 sénateurs votent « non », 20 autres parlementaires s'abstiennent (dont 3 après demande de rectification de leur vote) et le reste approuve. La séance fut présidée par Jules Jeanneney.
Le texte adopté était :
« Article unique.
L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie.
Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées. La présente loi constitutionnelle, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale, sera exécutée comme loi de l’État[16]. »
Cet acte législatif n'ayant pas été voté dans les formes[17] prévues par les lois constitutionnelles de 1875 organisant les institutions de la Troisième République, sa régularité est sujette à caution, mais il met fin, de fait, à la forme républicaine du gouvernement de la France.
La nouvelle constitution, rédigée par le maréchal Pétain, ne fut jamais promulguée[18], le chef de l'État n'édictant que 12 actes constitutionnels, pris entre 1940 et 1942 sur la base de la loi constitutionnelle de 1940, pour organiser provisoirement le régime de l'État français. Le projet de Constitution prévoyait de conserver pour le chef de l'État le titre de président de la République[19].
Durant la période de l'Occupation, le parlement ne fut pas dissous, mais Sénat et Chambre des députés furent « ajournés jusqu'à nouvel ordre », seul le chef de l'État pouvant les réunir[20]. Le Parlement ne se réunit plus durant toute l'Occupation, entérinant dans les faits le caractère autoritaire du régime de Vichy.
Par la suite, le régime a dû chercher une forme de représentation pour remplacer le suffrage universel égalitaire et atomisé. Cette recherche aboutit à l'annonce, le 24 janvier 1941 de la création d'une « assemblée consultative ». C’est le Conseil national[21]
Les puissances étrangères, dont les États-Unis[22], et l'URSS[23],[24], prennent cependant acte de ces changements et dépêchent leurs représentations diplomatiques à Vichy ; à ce moment, le général de Gaulle n'a encore d'autre légitimité que sa conscience, le soutien immédiat du gouvernement britannique (le 28 juin 1940) et d'une poignée de Français libres, qui pour le régime de Vichy ne sont que « des rebelles, traîtres et séditieux ». Lorsque la guerre prend une tournure plus favorable aux Alliés, les gaullistes commencent à se faire admettre comme représentants légitimes de la France. Après leur entrée en guerre, le 22 juin 1941, les Soviétiques reconnaissent le Comité national français le 26 septembre 1941[23]. Le Comité français de la Libération nationale est reconnu par les Alliés le 26 août 1943[23]. Les Américains n'admettent pleinement l'autorité de Charles de Gaulle qu'après le débarquement du 6 juin 1944.
Controverse sur les fondements juridiques du régime
La question de savoir si, derrière ce changement d'appellation, l'« État français » est la même personnalité de droit public et international que la République française, reste encore controversée. En effet, deux thèses s'opposent.
- selon l'une, l'« État français » est la même personnalité de droit public et international que la République française, parce que c'est le Parlement qui a investi le maréchal Pétain du pouvoir de former un gouvernement et de demander l'armistice : à l'appui de cette thèse, ses tenants rappellent que jusqu'à fin 1944, les ambassades des États étrangers dialoguaient toutes avec le gouvernement Pétain et non avec la « France libre »;
- selon l'autre, pendant les quatre années d'occupation, la continuité historique et juridique de l'état français revient à la « France libre », au Conseil de défense de l'Empire, au Comité national français, au Comité français de la Libération nationale (reconnu par les Alliés le 26 août 1943) et au Gouvernement provisoire de la République française : à l'appui de cette thèse, ses tenants rappellent qu'en 1940, le parlement qui a voté les plein pouvoirs au maréchal Pétain ne s'est pas réuni librement et régulièrement, mais sous la pression de la panique provoquée par l'offensive allemande.
L'Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental tranche toutefois la question juridique et réaffirme ainsi que « La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit celle-ci n'a pas cessé d'exister » et que « Sont, en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française. » tout en organisant en outre le retour à la légalité et à l'ordre républicain.
Cependant, certains actes récents comme le discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 au Vélodrome d'Hiver reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation vers l'Allemagne de Juifs français au cours de l'occupation du pays par les nazis, constituent une rupture avec la doctrine gaullienne, suivie avant lui par tous les présidents de la Quatrième République et de la Cinquième République, qui rejette une telle reconnaissance au motif que le Régime de Vichy, sous la direction duquel ces exactions ont été menées, n'était pas l'autorité politique légitime de la France (cette autorité étant incarnée par le général de Gaulle, chef de la France libre[25]).
Repères chronologiques
1940
- 14 juin 1940 : les Allemands entrent dans Paris, le Gouvernement part se réfugier à Bordeaux.
- 17 juin 1940 : le maréchal Pétain forme un gouvernement et demande les conditions de l'armistice.
- 18 juin 1940 : appel du général de Gaulle, à la radio de la B.B.C. de Londres.
- 22 juin 1940 : signature de la convention d'armistice franco-allemande à Rethondes dans le wagon où avait été signé l'armistice du 11 novembre 1918; le 25, signature de l'armistice franco-italien.
- 3-8 juillet 1940 :Opération Catapult; le 3, les Britanniques saisissent tous les navires français réfugiés en Grande-Bretagne ; le 3 et le 6, une escadre française composée notamment de 2 croiseurs de bataille et de 2 cuirassés est attaquée à Mers el-Kébir, Le cuirassé Bretagne est coulé, le cuirassé Provence et le croiseur de bataille Dunkerque plus le contre-torpilleurs Mogador sont mis hors de combat. 1 297 marins français sont tués ; l’escadre française se trouvant à Alexandrie est immobilisée et neutralisée ; le 8, à Dakar, le cuirassé Richelieu est torpillé, et immobilisé.
- 10 juillet 1940 : à Vichy, vote par le Parlement de la Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 qui donne les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, président du Conseil, substituant l’État Français à la République française.
- 11 juillet 1940 : promulgation des actes constitutionnels fondant l’« État français ».
- 12 juillet 1940 : Pierre Laval vice-président du Conseil.
- 3 octobre 1940 : statut des Juifs en conseil des ministres (Journal officiel du 18 octobre).
- 24 octobre 1940 : rencontre Hitler-Pétain à Montoire.
- 30 octobre 1940 : discours de Pétain appelant à la collaboration[26].
- 13 décembre 1940 : Laval, démissionné, n’est pas remplacé. Pierre-Étienne Flandin devient ministre des Affaires étrangères.
1941
- 9 février 1941 : Flandin remplacé par l'Amiral de la flotte François Darlan comme vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
- 8 juin-11 juillet : Les Britanniques et les Forces françaises libres envahissent les territoires sous mandat français du Liban et de Syrie
- 22 juin 1941 : opération Barbarossa, la Wehrmacht envahit l'URSS et n'est arrêtée que devant Moscou et Leningrad
- 18 juillet 1941 : Pierre Pucheu devient ministre de l'Intérieur.
- 4 octobre 1941 : La Charte du Travail est promulguée par l’État français ; elle instaure des corporations par branches d'activité, dissout les syndicats et interdit les grèves.
- 20 octobre 1941 : attentat à Nantes contre un officier allemand, Karl Hotz. En représailles, les Allemands fusillent 48 otages deux jours plus tard à Châteaubriant.
1942
- 27 mars 1942 : le premier convoi de Juifs quitte Drancy pour rejoindre les camps de concentration nazis.
- 18 avril 1942 : remplacement de Darlan par Laval. Celui-ci prend le titre officiel de chef du gouvernement de Vichy. René Bousquet secrétaire général de la police[27].
- 5 mai 1942 : débarquement britannique à Diégo-Suarez (Madagascar), les combats avec les forces françaises obéissant à Vichy cesseront le 8 novembre
- 2 juillet 1942 : accords Bousquet-Oberg de collaboration policière.
- 16 et 17 juillet 1942 : rafle du Vel' d'hiv.
- 23 octobre-3 novembre 1942 : défaite du maréchal Rommel à la bataille d'El-Alamein, point extrême de l'avance italo-allemande vers le Canal de Suez, début de la retraite de l'Afrika Korps vers la Tunisie
- 8-11 novembre 1942 : opération Torch (débarquement anglo-américain en Algérie et au Maroc).
- 11 novembre 1942 : la Wehrmacht envahit la zone Sud, non occupée, et occupe Tunis et Bizerte, sans combats.
- 19 novembre 1942 : l'Armée d'Afrique reprend le combat contre les Allemands en Tunisie, à Medjez el-Bab.
- 27 novembre 1942 : sabordage de la Flotte française à Toulon et dissolution de l'Armée de l'Armistice.
- 7 décembre 1942 : ralliement de l'Afrique Occidentale Française aux Alliés
- 24 décembre 1942 : l'amiral François Darlan est assassiné à Alger par le jeune monarchiste Fernand Bonnier de la Chapelle.
1943
- février 1943 : reddition des troupes allemandes encerclées à Stalingrad.
- 30 janvier 1943 : création de la Milice française.
- mars 1943 : ralliement de la Guyane française aux Alliés
- 13 mai 1943 : reddition des forces de l'Axe en Tunisie.
- 24 mai 1943 : mort du premier milicien tué par la Résistance.
- 31 mai 1943 : l'escadre française immobilisée à Alexandrie se rallie aux Forces navales française d'Afrique.
- 15 juillet 1943 : les Antilles françaises se rallient à la France libre.
1944
- 1er janvier 1944 : Darnand nommé secrétaire général au maintien de l'ordre.
- 6 juin 1944 : jour-J : l'opération Overlord est lancée par les Alliés, pour débarquer en Normandie (D Day).
- 15 août 1944 : débarquement franco-américain en Provence (opération Dragoon).
- 20 août 1944 : Pétain est transféré contre son gré par les Allemands à Belfort, puis à Sigmaringen, en Allemagne, le 8 septembre[3].
- 19-25 août 1944 : insurrection et libération de Paris, par la 2e division blindée du général Leclerc
- 26 août 1944 : le général de Gaulle à Paris. Il défile triomphalement sur les Champs-Élysées.
- 23 novembre 1944 : Leclerc libère Strasbourg avec la 2e division blindée.
La « Révolution nationale » dans le paysage politique français
« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » proclame le 17 juin 1940 le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil, qui vient de demander à l'Allemagne nazie les conditions d'un armistice. Dans son message aux Français du 25 juin 1940, le jour même de l'armistice, il annonce un « ordre nouveau » qui commence. « C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord, je vous convie », ajoute-t-il.
La devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » est remplacée le 15 septembre 1940[28] par le slogan « Travail, Famille, Patrie » (devise « empruntée » aux Croix de feu) qui s'avérera réactionnaire dans ses modalités d'application et guère honoré par son promoteur[29]. La personnalisation du régime, étroitement associé à Philippe Pétain, se retrouve dans l’emploi de la francisque : symbole du chef de l’État à titre personnel, elle est utilisée comme emblème du régime lui-même sur les documents officiels[30].
Les fondements idéologiques de cet « ordre nouveau » sont précisés dans le discours du 11 octobre 1940 :
« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique […] Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus asservi qu’au cours des vingt dernières années […] par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France […] On ne saurait davantage y découvrir les traits […] d’une revanche des événements de 1936 […] L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »
« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ». Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes et les ont dressées les unes contre les autres. Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »
En 1940, l'immense majorité des Français reconnaissent l'homme providentiel dans ce « beau vieillard » de 84 ans, auréolé dans son prestige de vainqueur de Verdun, qui sera l'objet d'une grande vénération entretenue par des institutions comme la Légion française des combattants, créée le 29 août 1940. Cependant, en dépit des déclarations conciliantes du maréchal repoussant toute idée de revanche, ses plus ardents soutiens de la droite cléricale, conservatrice, antidreyfusarde et parfois réactionnaire ne s'y trompent pas en savourant le départ de ceux qu'ils honnissaient. Ainsi, Paul Claudel écrit dans son journal :
« La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, Juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme. »
Charles Maurras, fondateur de la revue royaliste L'Action française, saluera, le 9 février 1941[31], la disparition de la « gueuse » (la République) en parlant d'une « divine surprise ».
Les lois d'exclusions d'août et octobre 1940, qui frappent francs-maçons et Juifs font figure d'interdictions professionnelles. La chasse aux communistes, entamée sous le gouvernement Daladier (à la suite de la signature du pacte germano-soviétique, le 23 août 1939), était une priorité du régime de Vichy, avant même que les Allemands ne s'en préoccupent. Elle est une constante de la politique collaborationniste, d'octobre 1940 à la Libération. Le PCF avait été interdit sous la Troisième République, en septembre 1939 à la suite du pacte germano-soviétique, et toute activité communiste était donc déjà illégale à l'avènement de Pétain.
L'historien Jean-Pierre Azéma a ainsi pu retenir six caractéristiques de l'esprit qui anime le régime réactionnaire de Vichy :
- la condamnation sans appel du libéralisme ;
- le refus du principe égalitaire, proclamé par la Révolution ;
- une pédagogie anti-intellectualiste ;
- la défiance à l'égard de l'industrialisme ;
- l'affirmation d'un nationalisme fermé (qui s'oppose au nationalisme républicain d'avant l'affaire Dreyfus) ;
- l'appel à un rassemblement national.
Le régime de Vichy, privilégie les images d’une société rurale, corporative et religieuse. La « révolution nationale » fait du concept de folklore paysan étroitement imbriqué à celui du régionalisme un modèle normatif, partie intégrante de l'idéologie vichyssoise et de son projet culturel[32].
L'historien communiste Roger Bourderon dans les années 1970 comme l'écrivain Bernard-Henri Lévy en 1981 qualifièrent de fasciste le régime de Vichy. Cette idée n'est pas reprise par des historiens de la période comme Jean-Pierre Azéma et Robert Paxton; ceux-ci mettent en avant que Pétain, fort du soutien populaire qu'il avait créé, a refusé l'idée d'un parti unique que lui proposait Marcel Déat en août 1940, et également que l'obsession de la discipline qui caractérise les sermons moralisateurs du maréchal ne s'est pas traduite par une réelle militarisation du pays tournée vers l'expansion. Cela découle en partie des conditions de l'armistice. Il y a bien une volonté d'embrigadement dans la création des Chantiers de la Jeunesse (une forme de « service national civil » qui remplace le service militaire obligatoire) qui accueillent, dès août 1940 les 100 000 jeunes de la classe 1940 qui ne peuvent pas être incorporés dans l'armée d'armistice, et qui sont encadrés par des officiers pour se livrer à divers travaux d'utilité publique en plein air, mais non comparables[Pourquoi ?] aux mouvements de jeunesse fascistes comme les Jeunesses hitlériennes. Les partis de collaboration à tendance fascistes comme le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot ou le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat sont longtemps restés marginaux par rapport au gouvernement et à l'entourage du maréchal. Ce n'est qu'en 1944 que les Allemands ont imposé l'entrée au gouvernement de Joseph Darnand, chef de la Milice, et de Philippe Henriot d'abord (6 janvier 1944), puis de Marcel Déat (16 mars 1944).
Le cléricalisme de Vichy
Le régime de Vichy va rechercher l'appui de l'Église catholique romaine, dont l'influence à cette époque reste non négligeable. Pétain n'était pas, avant qu'il ne devint chef de l'État, un catholique pratiquant, mais du moins avait-il quand même été élevé dans l'Église, alors que Laval et Darlan étaient plutôt « de l'autre bord ».
Le courant passe bien entre le maréchal et certains prélats de l'Église française, qui se pressent pour lui rendre visite à Vichy. En tête de ces évêques et cardinaux maréchalistes, le cardinal Gerlier, primat des Gaules. La doctrine catholique de l'époque, et notamment sa composante sociale, a largement inspiré la Révolution nationale, et le cardinal Gerlier déclare d'ailleurs : « Travail, Famille, Patrie, ces trois mots sont les nôtres ». Depuis la fin du XIXe siècle, la France avait connu des gouvernements pour lesquels l'étiquette de « laïque » était plus ou moins synonyme d'anticlérical. L'Église catholique romaine en France comptait bien profiter d'un gouvernement favorable pour marquer quelques points (le cardinal Saliège, évêque de Toulouse, rappelle avec insistance l'incompatibilité de la ségrégation raciale avec le christianisme : il sera déporté par l'occupant).
Les membres du clergé retrouvent leur place dans les cérémonies officielles. En plus de ce genre de signes extérieurs de sympathie, l'épiscopat français obtient satisfaction sur un certain nombre de points :
- la loi de 1904 qui interdisait aux religieux d'enseigner dans le public est abrogée en septembre 1940 ;
- les mouvements de jeunesse reçoivent l'agrément officiel en décembre 1941. En 1942, le projet de Pucheu d'instaurer un mouvement de jeunesse unique est écarté ;
- l'enseignement privé confessionnel reçoit des subventions de l'État (400 millions de francs en 1941).
En revanche, l'Église n'obtient pas le droit d'enseigner la religion à l'intérieur des locaux scolaires. Malgré cela, l'épiscopat reconnaît la légitimité du régime du maréchal jusqu'en 1944. Cette légitimation n'empêche pas plusieurs prélats d'exprimer publiquement des critiques, par exemple au sujet des déportations des Juifs, à partir de juillet 1942. Cela n'empêche pas non plus un certain nombre de catholiques et membres du clergé de se détacher nettement du régime et de s'engager dans la Résistance.
L'une des institutions du nouveau régime à laquelle les catholiques accordaient le plus volontiers leur concours est sans conteste la Légion des combattants, qui remplace toutes les associations d'anciens combattants. Dès sa fondation, les prêtres y adhèrent en grand nombre ainsi que quelques évêques. Par la suite, certains des cadres de la Légion participeront à la création de la Milice, mais d'autres l'abandonneront, tel le lorrain François Valentin, l'un de ses dirigeants les plus actifs, qui choisit le 29 août 1943, troisième anniversaire de la Légion, pour lancer un appel à la résistance.
La spécificité du régime de Vichy dans l'Europe occupée
La spécificité du régime de Vichy réside dans deux faits : il est issu d'un vote du corps législatif, et le chef de l'État et son gouvernement restent sur place. Il partage cette spécificité avec le Danemark. En revanche le fait que jusqu'en novembre 1942, le gouvernement de Vichy ait été localisé en zone non occupée et bénéficie ainsi d'une autonomie relative, représente un cas unique dans l'Europe occupée. La collaboration d'État commence en France dès la proclamation de l'armistice. Paxton souligne que les autorités civiles d'un pays occupé sont normalement amenées à coopérer avec l'armée d'occupation dans un certain nombre de domaines techniques afin d'assurer les services essentiels aux populations civiles, étant entendu que les soldats occupants bénéficient également de ces services. Le régime de Vichy prend fin de facto avec la Libération et son gouvernement se réfugie en Allemagne aux yeux de laquelle il continue à représenter la France de jure jusqu'à l'effondrement final.
La Pologne est d'abord partagée dès le 17 septembre 1939 entre l'Allemagne nazie et l'URSS stalinienne : massacres, déportations et destructions s'ensuivent. Côté allemand, une partie de son territoire est rattachée directement au Reich, tandis que le reste est placé sous autorité allemande sans être annexé, sous le nom de « gouvernement général » (agrandi l'été 1941 lorsque l'Allemagne attaque l'URSS). C’est le dirigeant nazi allemand, ex-avocat, Hans Frank, qui en est nommé gouverneur général. Ce système prend fin avec l'arrivée de l'Armée rouge à partir de l'été 1944.
La Finlande, d'abord attaquée par l'URSS le 30 novembre 1939, soutenue par les Alliés, et qui reste une démocratie pendant toute la durée de la guerre, se retrouve aux côtés de l'Axe le 22 juin 1941 lorsque l'Allemagne attaque l'URSS. Cette alliance avec l'Axe prend fin le 4 septembre 1944 lorsque la Finlande fait la paix avec l'URSS et chasse la Wehrmacht de son territoire (les Allemands se retirent en Norvège).
Au Danemark occupé, le roi et le premier ministre social-démocrate Thorvald Stauning restent en place après la capitulation du 9 avril 1940 et pratiquent, contraints et forcés, une collaboration économique avec l'Allemagne jusqu'à la fin de l'occupation le 9 mai 1945.
En Norvège, le roi et le gouvernement, d'abord réfugiés dans le Nord, s'exilent à Londres avec une grande partie des forces armées. Quisling, chef du parti d'extrême droite Nasjonal Samling, est imposé en 1942 par les Allemands. Il instaure un gouvernement fantoche pro-nazi, la réalité du pouvoir étant entre les mains du Reichskommissär Josef Terboven jusqu'à la fin de l'occupation le 9 mai 1945.
Aux Pays-Bas, le gouvernement s'exile à Londres avec la reine Wilhelmine. Le pays fut alors administré par le Reichskommissar Arthur Seyss-Inquart qui poussa en avant le parti pro-nazi NSB (Nationaal-Socialistische Beweging, Mouvement national-socialiste). Ce système prend fin avec la Libération début 1945.
En Belgique, après la capitulation du 28 mai 1940 décidée par le roi Léopold, le gouvernement se réfugie en France et s'exile ensuite à Londres, alors que le roi reste dans son palais de Laeken. La Belgique est alors placée sous une administration militaire allemande qui laisse travailler les services administratifs belges, sous la direction de secrétaires généraux. Ce système prend fin avec la Libération début 1945.
En Tchécoslovaquie, la partie tchèque est annexée par l’Allemagne sous le nom de protectorat de Bohème-Moravie. À sa tête est placée un Reichsprotektor allemand, d’abord von Neurath, puis Heydrich (tué par la résistance tchèque). L'occupation est très dure, des centaines de villages subissent le sort d'Oradour. Ce système dure jusqu'à la fin de l'occupation le 9 mai 1945. De son côté, la Slovaquie est placée sous l’autorité de Mgr Tiso qui s’allie à l’Allemagne. Elle cesse d'exister comme état satellite de l'Allemagne en septembre-octobre 1944, lorsque les armées soviétiques et roumaines en chassent la Wehrmacht et y rétablissent l'autorité du Gouvernement provisoire tchécoslovaque.
En Hongrie les nazis bénéficient de l'alliance spontanée du gouvernement en place dirigé par l'amiral Horthy, désireux d'effacer les conséquences du traité de Trianon de 1918 (but partiellement atteint de 1940 à 1945). Horthy cherchant, l'été 1944, à se dégager de l'alliance allemande, est remplacé par Szálasi qui maintient la Hongrie dans l'orbite allemande jusqu'au bout, et c'est l'invasion soviétique et roumaine qui met fin à l'alliance hongro-allemande.
En Roumanie l'effondrement de la France (qui en avait garanti les frontières le 13 avril 1939) est suivi par des ultimatums soviétique et allemand à la suite desquels elle perd 40 % de son territoire en juin-août 1940 ; puis un coup d'état fasciste renverse en octobre 1940 le roi Carol II et met au pouvoir le maréchal Antonescu qui s'autoproclame « Pétain roumain », fait entrer la Wehrmacht dans le pays, puis s'allie à l'Allemagne le 1er juin 1941 dans le but de récupérer les territoires cédés l'an précédent à l'URSS. Cette alliance prend fin le 23 août 1944 lorsque la Roumanie déclare la guerre à l'Axe et s'engage aux côtés des Alliés.
La Bulgarie, après une période de neutralité, devient l'alliée de l'Axe le 1er mars 1941, sans toutefois entrer en guerre contre les Alliés ni appliquer de mesures antisémites ; son but est seulement de s'agrandir en annexant les territoires à populations bulgarophones de Yougoslavie, de Roumanie et de Grèce (but atteint entre 1941 à 1944). La Bulgarie quitte Axe le lendemain de l'entrée des armées soviétiques sur son territoire, le 5 septembre 1944.
La Grèce capitule face à l'invasion de l'Allemagne, de l'Italie et de la Bulgarie en avril 1941, et est occupée par l’Allemagne, l’Italie et la Bulgarie. Là aussi l'occupation est très dure et se traduit par une guerre de harcèlement et de répression constante pendant toute sa durée, la majeure partie du territoire étant libérée par la résistance fin 1944, le reste début 1945.
Quant à l'Italie, les Allemands la considèrent comme un pays ennemi après la capitulation du 3 septembre 1943 (même si, dans le nord, Mussolini est autorisé à former la « République de Salo ») et la soumettent à un régime d'occupation ; partout où ils se trouvent, ses soldats sont désarmés et faits prisonniers par la Wehrmacht. La résistance prend de l'ampleur et les populations italiennes accueillent les Alliés en libérateurs.
Les hommes du régime de Vichy
Les dirigeants majeurs
Le drapeau de l'« État français » est le drapeau tricolore de la France, sans marque distinctive particulière de ce régime[34],[35].
Pétain, Laval et Darlan, le chef d'État et ses deux premiers ministres (qui n'ont en fait que le rang de vice-président du conseil) sont les trois politiques les plus emblématiques de la période. Darlan a été vice-président du conseil de février 1941 à avril 1942.
L'historien Robert Frank souligne que le point d'accord fondamental entre les trois hommes a d'abord été leur volonté de cesser un combat jugé « meurtrier et inutile », et sur ce point, ils bénéficient du soutien de la grande majorité des Français. Tous les trois parient sur une victoire finale du Reich. À partir du moment où l'armistice est signé, certaines conséquences en découlent : les Français qui veulent continuer le combat deviennent hors-la-loi. Aucun des trois hommes n'avait initialement adhéré à une quelconque idéologie mussolinienne ou hitlérienne, mais dans l'atmosphère de la défaite, ils s'en rapprochent très rapidement et leurs intérêts sont liés à ceux de l’Allemagne : la paix allemande leur permet de développer la Révolution nationale et de réorganiser la France selon leurs idées, forts de la souveraineté qu'ils exercent dans l'Empire colonial et de la zone non occupée.
- Philippe Pétain. Pour les Français de l'époque, Pétain est le vainqueur de Verdun, il est adulé par la majorité des Français qui approuvent l'armistice et lui font confiance pour défendre les intérêts de la France face à l'occupant et à ses ennemis (le Royaume-Uni étant désormais défini comme tel). La théorie du glaive et du bouclier fait espérer un moment que De Gaulle (le glaive) et Pétain (le bouclier) agiraient secrètement de concert pour duper les Allemands, espérance qui disparaîtra en 1942. Les anciens combattants forment le noyau le plus fidèle des partisans de Pétain. Marc Ferro a montré les paradoxes de Pétain, partagé entre son anti-germanisme profond et sa volonté de collaborer avec le Reich : Pétain a bel et bien voulu la collaboration, mais il la subordonne aux intérêts de son nouveau régime[36]. Malgré son grand âge et les atermoiements dont il fait souvent preuve, Pétain est bien l'inspirateur de la Révolution nationale[37]. Il entend « régénérer la France » en instaurant un régime autoritaire qui s'appuie sur l'armée[37], l'Église[37],[38], les notables et les élites[37],[38]. Il ne s'est pas signalé dans son passé par des positions fascistes et a même été considéré jusque dans les années 1930 comme un maréchal « républicain[39] ». Marc Ferro conclut, après avoir fait l'inventaire des différences et des ressemblances entre le régime de Vichy et les régimes fascistes et nazis : « Mais, paradoxe de l'analyse, l'inventaire des différences avec le fascisme ne signifie-t-il pas aussi que la France ne fut aussi « fasciste » que durant ces années là[40] ? ». Selon les mots de Robert Frank, « l'antisémitisme d'État de Vichy est en grande partie le sien, puisqu'il a contribué personnellement à la rédaction du premier statut des Juifs[41]. »
- Laval, le seul membre du gouvernement à être muni d'un Ausweiss permanent (permission de passer d'une zone à l'autre) pense être l'homme de la situation pour entamer une négociation globale avec le vainqueur. Il n'est impliqué ni dans l'élaboration ni dans l'application de la Révolution nationale. Pragmatique, ancien membre de la SFIO, son passé de pacifiste proche des francs-maçons l'éloigne considérablement des amiraux et des cardinaux, compagnons naturels de Pétain. La collaboration avec l'Allemagne est la grande politique à laquelle il doit attacher son nom. Au nom de celle-ci, il accepte de collaborer aussi pour la déportation des Juifs. Il n'hésite pas à faire inclure les enfants de moins de 16 ans dans les convois de déportation, alors que les Allemands ne le demandaient pas.
- Darlan, chef d'état-major de la marine et artisan du réarmement naval de la France dans les années 1930 était de sensibilité centre gauche et considéré comme un républicain en ce sens qu'il n'avait aucun penchant monarchiste ou clérical. Il est initialement jusqu'au-boutiste, farouche partisan de la poursuite des combats jusqu'en juin 1940, mais se rallie à l'armistice et pousse ensuite la collaboration d'État avec l'Allemagne plus loin que Laval pendant la période, de décembre 1940 à avril 1942, où ce dernier avait été écarté de la place de vice-premier ministre. Il tente ensuite de concilier les Alliés avec Vichy pendant la courte période où il est au pouvoir en Afrique du Nord. Il peut paraître comme un opportuniste ambitieux, ce qu'il est sans doute, mais selon Robert Franck, l'ensemble de ses positions s'explique aussi par des considérations de géostratégie biaisée par une phobie des Britanniques consécutive à l'affaire de Mers el-Kébir. Il veut préserver la marine française et l'Empire. Sans affinité particulière avec le fascisme, il ne cessera pourtant de penser qu'une victoire du Royaume-Uni serait pire que la domination allemande et entraînerait « le retour au pouvoir des Juifs cosmopolites et des francs-maçons inféodés à la politique anglo-saxonne » (notes de Darlan, octobre 1940). Son antisémitisme est durable puisque c'est son gouvernement qui prépare et promulgue le deuxième statut des Juifs en juin 1941. Contrairement à Laval, il adhère globalement au projet de Révolution nationale.
Ralliements au Régime de Vichy
Les serviteurs du régime de Vichy qui sont les protagonistes de la « Révolution nationale » sont recrutés à droite, mais aussi dans cette partie de la gauche pacifiste et/ou anti-démocrate qui a dérivé vers l'extrême-droite. Nous sommes alors dans une période où beaucoup de formes de racisme conscient ou non, étaient une manière de « penser les Hommes » très répandue en Europe et Amérique du Nord, de sorte que les idées antisémites (« les Juifs » sont ceci ou font cela – en tant que groupe– et « posent un problème » que les nations -dont on les exclut- « doivent résoudre ») et le droit du sang qui imprègne toute la « Révolution nationale » ont pu séduire des hommes aux parcours idéologiques divers[42]. Ces idées mèneront à la « Solution finale », mais ceux qui les adoptent dans les années 1935 à 1941 n'en comprennent pas forcément la portée criminogène, ou ne s'en soucient pas.
Parcours relativement logiques, Raphaël Alibert est proche de l'Action française ; Joseph Barthélémy, parlementaire de la droite libérale, a été membre de l'Alliance démocratique ; Philippe Henriot avait été vice-président du grand parti de droite traditionnelle qu'était la Fédération républicaine, tandis que Jean-Louis Tixier-Vignancour a été membre des Croix-de-feu lors de son élection au siège de député des Basses-Pyrénées en 1936[43]. Il y a une composante chrétienne réactionnaire : ce sont ceux que Pascal Ory appelle les « nouveaux croisés »[44]) : parmi eux, le cardinal Baudrillart, Alphonse de Châteaubriant, Robert Valéry-Radot…
Il y a une composante proprement fasciste chez des hommes qui rallient davantage la collaboration que le régime de Vichy lui-même : Jacques Doriot, Simon Sabiani sont passés du communisme au fascisme dès les années 1930[45] ; Eugène Deloncle et Jean Filliol, fondateurs de la Cagoule rejoignent tout naturellement le Régime de Vichy. Les activistes de l'extrême-droite française comme le national-collectiviste Pierre Clémenti, Jean Boissel ou le franciste Marcel Bucard joueront un rôle dans les instances de Vichy, dans la Milice ou la LVF[46].
Parcours plus atypiques, Jean-Pierre Abel, Gaston Bergery, Marcel Déat, René Belin ou Charles Spinasse avaient été initialement pacifistes, socialistes, radicaux ou syndicalistes. Un petit groupe d'élus communistes autour de Marcel Gitton rompt avec le PCF au moment du Pacte germano-soviétique et constitue le Parti ouvrier et paysan français. Tous finissent par se rallier à la « Révolution nationale ».
Quelques parlementaires ou intellectuels pacifistes, philosémites ou même les deux avant la guerre, le plus souvent de gauche, anciens membres ou sympathisants de la LICA (Ligue internationale contre l'antisémitisme) dans les années 1920-1930, vont s'engager dans la collaboration, considérant les Juifs comme responsables de la guerre avec l'Allemagne et versant rapidement dans l'antisémitisme.
Gouvernements
Dans le dernier gouvernement de la Troisième République, dit gouvernement Philippe Pétain, Pétain est le Président du Conseil. Tout en devenant chef de l'État, il conserve par l'acte constitutionnel du 11 juillet 1940 la « plénitude du pouvoir gouvernemental [...][47] ». Le titre de Président du Conseil n'est ensuite plus utilisé dans les actes constitutionnels pour désigner Pétain, cependant « Pétain continue d'en être le détenteur et d'en exercer les pouvoirs afférents[48]. »
À partir du premier gouvernement Laval (16 juillet 1940), les cabinets sont couramment désignés du nom du vice-président du conseil, titre assumé successivement par Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin et François Darlan.
Le 18 avril 1942, Pierre Laval revient au pouvoir, avec le titre de chef du gouvernement, Pétain lui abandonnant, par l'Acte constitutionnel no 11 du 18 avril 1942, la « direction effective de la politique intérieure et extérieure de la France [...][49] ». Le chef du gouvernement demeurant cependant responsable devant le chef de l'État.
- Gouvernement Laval, du 16 juillet 1940 au 13 décembre 1940
- Gouvernement Flandin, du 14 décembre 1940 au 9 février 1941
- Gouvernement Darlan, du 10 février 1941 au 18 avril 1942
- Deuxième gouvernement Laval, du 18 avril 1942 au 19 août 1944
Les quatre phases successives du gouvernement de Vichy
Pétain, Laval et Darlan sont les trois personnalités qui ont exercé les plus hautes responsabilités dans l'« État français », de juin 1940 à la Libération. Autour d'eux, on peut distinguer plusieurs vagues successives dans le personnel politique du régime de Vichy. Régime autoritaire dès sa création, Vichy connaît plusieurs évolutions politiques, avec sur la fin une nette radicalisation :
- Le Vichy de la « revanche réactionnaire » (1940-1941)
- Toutes les composantes de la droite sont présentes dans le premier gouvernement Laval : des ultras assagis (Paul Marion, du PPF), des maurrassiens (Raphaël Alibert, Yves Bouthillier), des libéraux (Lucien Romier), divers réactionnaires (général Weygand, Xavier Vallat). La gauche n'est pas absente, par exemple René Belin, ancien leader de la CGT.
- Le Vichy technocratique (1941-1942)
- avec l'arrivée de Darlan (1941), un personnel beaucoup plus jeune – que l'on appellerait plus tard des technocrates – fait son entrée en politique Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, François Lehideux, à la production industrielle, jeunes loups de la banque Worms, dans le cabinet de Darlan, René Bousquet à la police[27].
- Le Vichy « pragmatique » de Laval (1942-1943)
- le retour de Pierre Laval en 1942 marque aussi un certain retour d'un personnel politique plus républicain, très éloigné de la volonté de revanche politique du Vichy de 1940. L'objectif du gouvernement Laval est très pragmatique : donner des gages à l'Allemagne par la collaboration pour obtenir une plus grande autonomie de la France et une bonne place dans l'Europe nouvelle. Le gouvernement Laval marque un peu la fin de la Révolution nationale (avec par exemple la réhabilitation des départements républicains contre le régionalisme prôné par le Vichy traditionaliste de 1940).
- Le Vichy des « ultra-collabos », ou « Vichy milicien » (1944)
- à partir de la fin 1943 et surtout du début 1944, les ultra-collaborationnistes de Paris, sympathisants du nazisme à côté desquels Laval paraît presque modéré, entrent en force au gouvernement : Philippe Henriot, Marcel Déat et Joseph Darnand. La Milice française, notamment, voit son influence s'accroître fortement.
La collaboration d'État (1940-1944)
À la suite de Stanley Hoffmann (1974), d'autres historiens, comme Paxton ou Azéma ont coutume de désigner sous le terme de « collaborationnistes » ceux qui souhaitaient, pour des raisons idéologiques, parce qu'ils étaient sympathisants fascistes ou nazis, une collaboration renforcée avec l'Allemagne hitlérienne. Il s'agit, par exemple, du chef du Parti populaire français (PPF), Jacques Doriot, de l'écrivain Robert Brasillach, à la tête de la revue Je suis partout, ou encore de Marcel Déat. Ceux-ci ont pu influencer la politique menée par les gouvernements de Vichy, quoique ce n'est qu'en 1944 que les ultra-collaborationnistes deviennent majoritaires au gouvernement.
La collaboration économique
La collaboration économique, au sens où l'entendent des historiens comme Paxton[50] découle d'abord de la dette de guerre théoriquement fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark. Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour, l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers. L'emploi du terme de « collaboration économique » signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration française comme conséquence désastreuse de l'armistice de 1940.
De même on peut également ajouter les prisonniers de guerre, qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.
En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle. Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Vichy décida d'autoriser les entreprises françaises à accepter des contrats avec les Allemands. Les commandes allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie française. Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942, et à la Libération, il était pratiquement nul. De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie française en grande partie pour son compte : en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne. Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct. Selon l'historien allemand Eberhard Jäckel, « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht [...] , 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements[51]. »
En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvre, Fritz Sauckel va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO. Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires. Volontaires et STO sont plus ou moins rémunérés.
Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice allemande :
« L'industrie française des armements de guerre fut remise à pleins tours pour les armements allemands. […] Sans le potentiel économique de la France, Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps. C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France. »
Deux auteurs, Fabrizio Calvi et Marc Masurovsky, montrent dans un ouvrage, Le Festin du Reich (2006)[52], que des banques américaines à Paris « avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre » (malgré les « lois, ordonnances [américaines] réprimant le commerce avec l’ennemi ») et qu'elles ne furent guère inquiétées par la mission Matteoli[53],[54].
La collaboration policière
Indépendamment de la collaboration avec l'occupant, les autorités de Vichy mettent en œuvre dès 1940 « une politique répressive au nom de l'ordre et de la lutte contre « l'Anti-France »[55] ». Vichy renforce ensuite son organisation policière en étatisant les polices municipales (avril 1941) et en instituant d'innombrables polices parallèles spécialisées comme le Service de police anticommuniste (SPAC) ou la Police aux questions juives (PQJ), et le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu crée dès 1941 les Groupes mobiles de réserve (GMR) qui participeront à la lutte contre les maquis aux côtés de la Milice. En mai 1944, on dénombre ainsi plus de 120 000 hommes participant au maintien de l'ordre[56].
Dans la zone occupée, les relations entre la police française et les autorités d'occupation sont normalement régies par l'article 3 de la convention d’armistice qui spécifie notamment que : « [...] Dans les régions françaises occupées, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante [...] Le gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux règlementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ces dernières d’une manière correcte [...] ».
Dès l'armistice de juin 1940, les Allemands sont venus chercher dans les camps de prisonniers de guerre les républicains espagnols, sans que l'« État français » (le Régime de Vichy) ne proteste[57]. Ces derniers sont alors la seule catégorie recherchée par les Allemands dans les camps de prisonniers, et la plupart d'entre eux sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen. Hitler cherche à ce moment-là à entraîner l'Espagne de Franco dans la guerre[57]. Jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, la lutte anticommuniste n'est pas une priorité pour l'Allemagne nazie. Néanmoins, Vichy continue l'œuvre amorcée par Daladier, avant d'obtenir une autorisation en bonne et due forme des autorités d'occupation en août 1940. Ultérieurement, lorsque les communistes commencent à perpétrer des attentats contre les Allemands, puis à mettre sur pied diverses formes de résistances, les communistes arrêtés par la police française sont livrés aux forces d'occupation[57].
En février 1942, avant de prendre ses fonctions de Militärbefehlshaber in Frankreich, c'est-à-dire, commandant militaire en France en remplacement de son cousin Otto, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel avait exigé « une séparation nette et claire entre ses attributions militaires et toutes les questions politiques[58] ». Cette demande allait par ailleurs dans le sens des visées de Himmler et de Heydrich qui s'efforçaient d'étendre leur emprise policière et politique partout dans le Reich en expansion[58]. Hitler pour qui il était essentiel d'avoir aux postes-clés des exécutants partageant sa manière de voir signe donc le 9 mars 1942, un décret instituant dans la juridiction du Militärbefehlshaber un Höherer SS-und Polizeiführer qui était donc une sorte de Himmler pour la France[58]. Le nouveau venu a sur les services français un droit d'autorité et de surveillance qu'il partage avec bien d'autres et décide de l'emploi des forces de police françaises en zone occupée[58]. Le décret précise que : « Sont également rangées au nombre des mesures policières, les sanctions contre les criminels, les Juifs et les communistes motivées par des attentats non élucidés contre le Reich allemand ou ses ressortissants[58]. ». C'est le général SS Karl Oberg qui est nommé au nouveau poste créé par Hitler. Il est assisté par Helmut Knochen, Chef de la police de sûreté (SIPO) et du service de sécurité (SD) pour la France. Deux mois après la Conférence de Wannsee, Heydrich effectue sa première visite en France entre le 5 et le 12 mai 1942 pour mettre en route la coopération des polices qu'il appelle « sentiment de camaraderie policière » : il promet à la police française l'indépendance dans la zone occupée, à condition qu'elle poursuive efficacement la répression contre les ennemis de l'armée d'occupation[27] qui sont aussi ceux de la Révolution nationale[59].
À ce moment, dans toute la France occupée, la police régulière allemande n'a à sa disposition que trois bataillons, soit 3 000 hommes en tout, alors que ces effectifs sont de 5 000 en Hollande[60]. Sans doute pour la garde des trains, le RSHA peut s'assurer du concours de la Feldgendarmerie, mais pour les arrestations, les SS doivent faire appel à la police française dont les effectifs se montent à 47 000 hommes en zone occupée[60].
René Bousquet nommé au secrétariat général à la police par Pierre Laval en avril 1942[27], animé de même la volonté que Pierre Pucheu de disputer aux occupants l'exercice de la répression, est amené à adopter à la fois une politique de reconquête de la répression contre les Allemands et contre les officines parallèles mises en place par Pucheu en 1941[61]. Cette attitude se trouve en phase avec celle d'Oberg de Knochen et de leur chef Heydrich qui décident, contrairement à leurs prédécesseurs, de jouer la carte de la police française[61]. Lui confier davantage d'autonomie et de responsabilité, sans comporter de gros risques, pouvait comporter des avantages substantiels : une efficacité supérieure, l'économie de réactions patriotiques toujours à craindre avec la population, l'espoir d'un engagement plus net de policiers désormais compromis[61].
La formalisation de la collaboration résultant de cette nouvelle donne est formalisée par ce qu'on appelle les « accords » Bousquet-Oberg de juillet 1942 qui prévoit que ce soit la police française qui prenne en charge les rafles de Juifs[27], première étape de la déportation dans des camps d'extermination. Les gendarmes français ainsi que les douanes se verront confiés la surveillance des voies d'accès et des abords limitrophes du camp de Drancy. Le « fichier Tulard », recensant les Juifs du département de la Seine, qui avait été constitué sur ordonnance allemande par la préfecture de police à partir d'octobre 1941 sert à préparer les rafles qui sont opérées conjointement par les Allemands et la police française à partir de mai 1941, puis à partir de juillet 1942 par la seule police parisienne[62].
La police française doit normalement pourchasser tous les résistants. Cependant, les actions de la police en zone Sud restent relativement discrètes jusqu'en novembre 1942[63]. En effet, pendant cette période, la chasse aux dissidents est l'affaire des services de renseignements de la Marine et de l'Armée d'armistice (ce qui n'empêche pas quelques éléments des services secrets de l'Armée de terre de tremper secrètement dans la Résistance)[64].
Le 25 août 1942, plus de deux cents policiers allemands, munis de faux papiers français sont autorisés à pénétrer en zone Sud avec des voitures gonio pour y faire la chasse aux radios clandestines[65]. La collaboration policière ne s'arrête pas avec l'invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942.
En décembre 1942, Hitler a l'occasion de livrer comment il envisageait la collaboration de la police, alors que Jodl venait d'annoncer que la police française avait arrêté six membres d'un groupe terroriste, Hitler s'exclama : « Bien ! La police est bonne. Nous allons lui passer le mors et travailler avec elle seule. Himmler connaît sa police. Il se sert de moyens condamnables et il arrive comme cela à racoler les gens petit à petit. Ce sera une alliance avec la police ! Rien n'est plus haï que la police dans le pays et elle recherche des appuis auprès d'une autorité plus forte que celle de son propre État ; c'est nous. La police nous suppliera un jour de ne pas quitter le pays. » Eberhard Jäckel qui rapporte le propos conclut que rarement Hitler n'a exposé aussi crûment un des principes fondamentaux de sa politique française, mais de sa politique tout court. La collaboration volontairement et librement consentie lui paraissait toujours suspecte ; mais si elle venait de gens compromis à fond, alors, il la jugeait digne de confiance[66].
Une des dernières opérations d'envergure menée par la police française sera la Rafle de Marseille organisée les 22, 23 et 24 janvier 1943. Le 24 janvier, le quartier du Vieux-Port sautait, miné par la police française qui avait néanmoins, écrit Eberhard Jäckel, obtenu un certain adoucissement par rapport aux ordres allemands[67].
Par la suite, à partir de 1943, la charge de la lutte contre les résistants est globalement transférée à la Milice de Darnand, notamment la lutte contre les maquis[68],[69].
La collaboration militaire
Hitler ne veut pas d'une collaboration militaire institutionnelle entre la France et l’Allemagne : il se méfie des Français, et même des collaborateurs déclarés. De plus, après l'écrasante défaite de 1940, l'armée française fait bien pâle figure[70],[71]. D'un autre côté, Pétain et les différents personnages de Vichy, pratiquent la collaboration d'État dans divers domaines, précisément dans l'espoir d'obtenir pour la France un rôle de second dans l'Europe de l'« ordre nouveau[71] ».
La neutralité française initialement affichée permet de fait aux Allemands de se reposer sur l'armée française pour repousser d'éventuelles attaques britanniques en métropole ou dans l'Empire français[70]. L'armée d'armistice est limitée à 100 000 hommes en métropole, mais elle comprend 450 000 hommes dans les diverses colonies[72]. En septembre 1940, après que l'Afrique équatoriale française (AEF) ait basculé dans le camp de la France libre, à Dakar, l'armée restée loyale à Vichy repousse les forces navales anglaises et françaises libres[73].
Darlan essaye de marchander d'importantes concessions militaires et politiques, en signant les protocoles de Paris paraphés le 28 mai 1941. Ces protocoles consistent en quatre documents dont les trois premiers concernant l'utilisation par les Allemands des bases de Bizerte (Tunisie), de Dakar (Sénégal) et d'Alep (Syrie), et l'engagement par les Français à défendre ces bases contre une éventuelle attaque britannique ou américaine (alors que l'Allemagne, elle-même, n'est pas encore en guerre avec les États-Unis)[74],[75]. Ces concessions visaient à obtenir un renforcement de l'armée d'armistice. La véritable contrepartie espérée résidait dans un quatrième document qui contenait toutes les concessions politiques demandées aux Allemands, mais ne fût jamais signé par une autorité allemande d'un niveau supérieur à celui de l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz[74],[75].
Malgré l'opposition de Weygand, chef des armées en Afrique, le gouvernement de Vichy relance les Allemands durant tout l'automne 1941, mais ne ratifiera jamais ces accords[74]. Darlan consentira alors, à la manière de Laval, à des concessions sans contreparties : des fournitures (camions, carburant, pièces d'artillerie) sont livrées à Rommel via la Tunisie. Quelques vedettes lance-torpilles transitent par le Rhône[74]. Quant au protocole sur la Syrie, il a été immédiatement appliqué, avant toute signature, et permis à la Luftwaffe de bombarder à partir de la Syrie les forces britanniques en Irak. Aussi a-t-il entraîné une riposte des Anglais et des Français libres au Levant, qui vont récupérer les territoires de Syrie et du Liban après plus d'un mois de combats fratricides ayant fait plusieurs milliers de victimes dans les deux camps[76]. Il représente le cas de concessions militaires les plus poussées de la part de Darlan et de Pétain[76].
Après l'été 1941, c'est à l'extérieur du gouvernement que tous les mouvements collaborationnistes s'unissent plus ou moins avec la bénédiction de l'ambassadeur Otto Abetz pour créer la « Légion des volontaires français » (LVF), qui est en fait une association de droit privé. De juillet 1941 à juin 1944, 16 000 volontaires se présentent, parmi lesquels 7 000 hommes sont retenus pour être engagés sur le front russe. La LVF est financée et entretenue par les Allemands, ils combattent dans des unités allemandes et portent l'uniforme allemand[77]. Après un premier affrontement peu convaincant avec les forces soviétiques, le 536e régiment d'infanterie dans lequel sont regroupées les troupes de la LVF, est ramené à l'arrière et confronté aux seuls partisans. L'ensemble des collaborateurs engagés sous l'uniforme allemand (LVF, Milice et Waffen-SS français) sera ensuite regroupé dans la division Charlemagne[78],[79]
Une tentative de récupération de la LVF sous l'appellation de Légion tricolore par le gouvernement de Vichy sera un cuisant échec, en grande partie parce que le gouvernement voulait en faire une force française sous uniforme français ce qui n'était pas du tout du goût des allemands[77].
Le 8 novembre 1942, lors de l'opération Torch, les alliés débarquement en Afrique du Nord à Casablanca, Alger et Oran. À Casablanca les combats sont violents. La marine de Vichy, inférieure en nombre, se livre à un « baroud d'honneur » qu'ordonne le général Noguès pour résister aux Américains. À partir du 11 novembre, l'amiral Darlan et le général Juin ainsi que la plupart des officiers français en Afrique du Nord se sont joints aux Alliés, en Algérie et au Maroc[80]. Cependant en Tunisie, les amiraux Derrien et Esteva restent fidèles au maréchal qui a ordonné aux forces françaises d'Afrique de résister et de combattre les Alliés[81],[82].
À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, une unité militaire, la Phalange africaine (parfois appelée « compagnie Frankonia »)[83] qui ne regroupera pas plus de 300 hommes est constituée en Tunisie pour combattre les Alliés aux côtés des forces de l'Axe. Elle sera écrasée fin avril 1943[77],[84].
La pratique de la collaboration des gouvernements de Vichy
L'entrevue Hitler-Pétain à Montoire, dont le but est de manifester la bonne volonté française afin d'obtenir des concessions, ne débouche sur aucun résultat concret : juste après l'entrevue, sur ordre du gauleiter Bürckel, près de 100 000 Mosellans sont expulsés de Lorraine vers la France. De plus, 6 500 Juifs allemands, que les nazis ne veulent pas interner dans leur propre pays, sont raflés au Palatinat et en Bade-Wurtemberg, pour être confiés au gouvernement de Vichy. Celui-ci les interne au camp de Gurs, en zone Sud, en attendant de les relivrer à l'ennemi, lorsque celui-ci aura pu mettre en route ses camps d'extermination de Pologne.
À partir de l'automne 1940, Laval commence à faire des concessions unilatérales aux Allemands, dans l'espoir d'être payé de retour d'une façon ou d'une autre : il cède ainsi les intérêts français dans les mines d'or de Bor, en Yougoslavie, ainsi que les réserves d'or que les Belges avaient confié à la France en mai 1940.
Darlan pousse la politique de collaboration un peu plus loin que ne l'a fait Laval en essayant de pratiquer avec Hitler la politique du donnant-donnant. En fait, Hitler ne sera jamais vraiment favorable à une collaboration avec les Français, et les concessions militaires et policières faites par Darlan n'obtiendront pas les contreparties politiques souhaitées.
En avril 1942, Laval revient au pouvoir et essaye de promouvoir la politique de la « relève », c'est-à-dire, le départ en Allemagne de jeunes travailleurs français dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), en échange du rapatriement de prisonniers dans la proportion d'un prisonnier pour trois ouvriers. Quelques mois plus tard, en novembre 1942, à la suite de l'opération Torch, la zone libre est envahie, et la France devient entièrement vassalisée par l'Allemagne. Pour contrer les résistants de plus en plus nombreux dans les maquis, la police française laisse la place à la Milice, en contact direct avec la Waffen SS.
En mars 1944, la Milice participe à l'assaut contre le maquis des Glières (Haute-Savoie), aux côtés des forces allemandes, et aux répressions qui s'ensuivirent.
En juin 1944, au moment du Débarquement et lors de la Libération du territoire français par les Alliés, aucune troupes de celles qui restaient au gouvernement de Vichy ne se battent aux côtés des Allemands.
La propagande et les médias
Il faut souligner qu'en 1940 le terme de propagande n'a pas la connotation négative que les cinq années suivantes lui donneront. Il est employé là où l'on utilisera ensuite les mots de publicité et d' information (comme dans ministère de l'information).
Dès le 18 juillet 1940 le commandement militaire allemand met en place la Propaganda abteilung qui a un rôle de contrôle et de censure sur la presse écrite, la radio, la littérature, le cinéma et l'ensemble des manifestations culturelles et bénéficie de larges moyens.
Radio Paris, mise à la disposition des occupants en juillet 1940 et dirigée par le Dr Bofinger n'a pas de mal à recruter du personnel français choisi le plus souvent dans las rangs de l'extrême-droite, comme Jean Hérold-Paquis recruté en 1942, qui ponctue sa chronique militaire quotidienne par le slogan: « Et l'Angleterre comme Carthage, sera détruite[85] ».
France-Actualités-Pathé-Gaumont qui diffuse dans les cinémas de la zone libre et Actualités Mondiales, version française de la Deutsche Wochenschau diffusée en zone occupée, intensifient leurs échanges d'actualités filmées à partir de janvier 1941. On assiste, en mai 1942, à une unification sous le titre France-Actualités placé sous l'autorité d'un conseil d'administration formé de représentants allemands et de représentants de Vichy dont l'influence diminue progressivement, tendant à devenir une fiction[86].
La presse travaille avec les informations de l'Office français d'information.
L'Ambassade d'Allemagne possède sa propre maison d'éditions, les Éditions Le Pont.
L'affiche est un instrument de propagande utilisé par le régime pour la médiatisation de la Révolution Nationale. Le Centre d'études antibolchéviques qui dépend indirectement du ministère de l'Information a produit la célèbre Affiche rouge en 1944.
Les Juifs en France pendant le régime de Vichy
Repères chronologiques
- 10 juillet 1940 : Pierre Laval fait voter par le l'Assemblée nationale les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, qui se déclare chef de l'État[7].
- 3 octobre 1940 : premier statut des Juifs. Les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales.
- 4 octobre 1940 : La loi du 4 octobre 1940 prévoit l’internement des Juifs étrangers dans des camps. Ce seront ceux de Beaune-la-Rolande, de Pithiviers et de Jargeau dans le Loiret, de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) ainsi que d’autres encore sur l’ensemble du territoire.
- 29 mars 1941 : création du Commissariat général aux questions juives (CGQJ). Xavier Vallat premier commissaire ; Louis Darquier de Pellepoix lui succède de mai 1942 à février 1944.
- 13 mai 1941 : zone occupée : premières rafles de Juifs étrangers, organisées par la préfecture de Police.
- 2 juin 1941 : deuxième statut des Juifs : par rapport au premier statut, durcissement de la définition du Juif, allongement des interdictions professionnelles, numerus clausus à l'université (3 %), et les professions libérales (2 %). Les Juifs sont obligés de se faire recenser en zone libre.
- Du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942, se tient au Palais Berlitz, boulevard des Italiens à Paris, une exposition antisémite intitulée : « Le Juif et la France[87] ». Cette exposition de propagande tente de justifier l'antisémitisme de Vichy[87],[88]. L'inauguration de l'exposition est diffusée par les Actualités Mondiales, le 12 septembre 1941[89]. L'exposition est ensuite envoyée à Bordeaux et à Nancy[87].
- Janvier 1942 : conférence de Wannsee : les officiels nazis définissent les modalités pratiques de la « solution finale », c'est-à-dire l'extermination complète des Juifs d'Europe, enfants compris.
- 20 mai 1942 : port de l'étoile jaune obligatoire (application le 7 juin) en zone occupée.
- 16-17 juillet 1942 : rafle du Vel' d'Hiv à Paris, arrestation de 12 884 Juifs déclarés « apatrides » (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants).
- 8 septembre 1943 : capitulation de l'Italie conduisant à l'occupation de la zone italienne (Nice) jusqu'alors épargnée par les rafles.
- 15 août 1944 : dernier convoi de déportation depuis Clermont-Ferrand.
Les Juifs en France de 1940 à mi-1942
Il y a en 1940 environ 300 000 Juifs en France métropolitaine, parmi lesquels 150 000 citoyens français et 150 000 étrangers. Les deux tiers de l'ensemble, mais la très grosse majorité des Juifs étrangers vivent en région parisienne. Sur les 150 000 Juifs français, 90 000 sont de vieille souche et parmi les Juifs naturalisés ou étrangers, souvent immigrés de l'Europe de l'Est, la moitié est arrivée dans les années 1930[90]. Les derniers arrivés sont des juifs envoyés d'Allemagne par le gouvernement nazi dans les semaines qui suivent l'armistice. Les Juifs français qui se partagent, sur le plan religieux, entre orthodoxes, libéraux et agnostiques, revendiquent plus volontiers l'appellation d'« Israélites » que celle de « Juifs ». Ils ne se reconnaissent pas forcément dans le consistoire central censé régir depuis Napoléon leur vie communautaire. Ils appartiennent souvent à des milieux aisés et cultivés, alors que les Juifs étrangers qui vivent en majorité à Paris se situent en majorité aux bas de l'échelle sociale. Ces mêmes Juifs étrangers sont généralement attachés à la yiddishkeit, symbole de la fidélité aux coutumes ancestrales[90].
Les Juifs de France vivent une situation d'oppression depuis juillet 1940 jusqu'à la mi-1942. À partir du printemps 1942, ils doivent faire face à la politique de la « solution finale » décidée par les nazis dans l'Europe occupée depuis la conférence de Wannsee[91]. Cette tentative d'extermination des Juifs dans toute l'Europe occupée est maintenant connue sous le nom d'Holocauste ou de Shoah. Il s'agissait pour les nazis de déporter tous les Juifs d'Europe vers des camps d'extermination situés principalement dans l'Est de l'Allemagne et en Pologne. Jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone libre, la situation des Juifs n'est pas exactement la même en zone libre et en zone occupée. Les lois françaises antijuives s'appliquent sur l'ensemble du territoire, mais en zone occupée s'ajoutent des décrets allemands[91].
Le gouvernement de Vichy mène une politique de restriction des droits des Juifs et des francs-maçons dès son installation, avant même que les Allemands n'en expriment la demande expresse[92]. Dès juillet 1940, le ministre de la Justice Alibert crée une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927[93]. Le retrait de la nationalité concernera 15 154 personnes[93] dont 7 000 Juifs environ[94].
Le 16 août 1940, le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939 réprimant l'injure et la diffamation raciales est abrogé par une loi du gouvernement de Vichy[95].
Le 23 septembre 1940, le Militärbefehlshaber in Frankreich (Chef de l'administration militaire allemande en France), promulgue une ordonnance qui interdit aux Juifs qui ont fui la zone occupée d'y retourner, oblige les commerces juifs de la zone occupée de se signaler par une affiche spéciale, et oblige les Juifs de la zone occupée à se faire recenser auprès de leur sous-préfecture avant le 20 octobre 1940[96].
En octobre 1940, le Conseil des ministres de Vichy promulgue le premier statut des Juifs (voir Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy) : les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales. Le 7 octobre 1940, l'abrogation du décret Crémieux prive 100 000 Juifs d'Algérie de la citoyenneté française[91].
Un Commissariat général aux questions juives est créé en mars 1941, sous la direction de Xavier Vallat[91]. Sa mission est de veiller à l'application de la législation antijuive.
Le deuxième statut des Juifs de juin 1941 est encore un peu plus restrictif : il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs et établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à 3 % dans l'université et 2 % dans les professions libérales. Ce statut autorise les préfets à pratiquer l'internement administratif de Juifs de nationalité française[97].
Enfin, en juillet 1941, les Juifs doivent céder leurs droits sur les entreprises à des « Aryens ». Les Allemands avaient appliqué cette mesure en zone occupée depuis octobre 1940.
Selon les mots d'Asher Cohen :
« Sans cette législation sanctionnée par un gouvernement français respecté parce que légitime, les déportations ultérieures étaient presque impensables, en tout cas, bien plus compliquées à exécuter [...] L'aryanisation semble être le domaine où une certaine efficacité fut obtenue et où les résultats furent impressionnants. Les Juifs furent effectivement écartés de la vie économique de la nation, apparemment sans grande difficulté[98] »
Quant aux Juifs étrangers, venus des pays de l'Est suite déjà aux menaces et persécutions nazies d'avant guerre, ils sont considérés comme des indésirables en France. Les difficultés de la capitulation ont, aussi, rendu les conditions d'accueil beaucoup plus précaires[91]. À partir du 4 octobre 1940, les préfets peuvent interner les étrangers de « race juive » dans des camps spéciaux ou les assigner à résidence. En février 1941, 40 000 Juifs étrangers croupissent dans une série de camps : Les Milles, Gurs, Rivesaltes, etc.[91]. En juillet 1940, alors que la « solution finale » n'était pas encore à l'ordre du jour, les Allemands avaient expulsé 20 000 Juifs d'Alsace et de Lorraine vers la zone non occupée[99]. Plus tard, à partir de 1942, lorsque des pressions commencent à s'exercer pour pouvoir mettre en œuvre la « solution finale », le gouvernement français sut toujours se montrer conciliant pour livrer aux Allemands des Juifs étrangers. La collaboration entre les polices allemandes et françaises est renforcée par ce qu'on appelle les accords Bousquet-Oberg, du nom du chef de la police française et du représentant en France de la police allemande. Les Allemands peuvent compter sur la police française pour rafler les Juifs étrangers, du moins jusqu'à la fin 1942. En novembre 1941, sous la pression allemande, Xavier Vallat crée l'Union générale des israélites de France (UGIF) qui doit intégrer toutes les organisations sociales juives. Pour les nazis, il s'agissait de faciliter les persécutions antisémites, comme ils l'avaient fait avec les Judenrat en Europe de l'Est. Xavier Vallat met à la tête de l'UGIF des notables français qui pratiquent un légalisme souvent contesté par les organisations juives immigrées.
Mise en œuvre de la solution finale
Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d'extermination massive des Juifs d'Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d'extermination. Officiellement, il s'agit de les regrouper dans une région mal définie (on parle de la Pologne) que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs. Parmi eux se trouvent des Juifs français, et le gouvernement de Vichy n'exprime pas de protestation. En zone occupée, les Juifs sont obligés de porter l'étoile jaune à partir de mai 1942. Cette mesure ne sera jamais imposée en zone Sud, même après son occupation par les Allemands. La déportation des Juifs va prendre une grande ampleur à partir de la rafle du Vel' d'hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : 12 884 Juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés par la police française, rassemblés au Vélodrome d'hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d'où ils seront acheminés vers les camps d'extermination. Fin août 1942, en zone libre, 7 000 Juifs étrangers sont raflés et livrés aux Allemands.
Contrairement aux premières lois antijuives, mais comme pour l'aryanisation, l'initiative de la déportation qui coïncide avec l'imposition de l'étoile jaune à Paris fut allemande[100]. La rafle du Vel' d'hiv avait été précédée en mai 1942 d'un certain nombre de pourparlers entre Heydrich, Oberg, Knochen et Dannecker du côté allemand et Pierre Laval, Bousquet[27] et Legay du côté français. Les différents interlocuteurs français n'accédèrent pas aux demandes des Allemands de procéder à la déportation de Juifs français, mais par contre acceptèrent d'étendre à la zone libre la déportation de Juifs étrangers[27]. L'organisation des rafles était confiée à la police française selon les termes d'une sorte de protocole signé le 2 juillet 1942 que l'on appelle les accords Oberg-Bousquet[100],[101],[27]. Au conseil des ministres du 3 juillet, Pierre Laval aurait déclaré :
« Il faut distinguer entre Juifs français et déchets expédiés par les Allemands eux-mêmes. L'intention du gouvernement allemand serait de faire un État juif à l'est de l'Europe. Je ne serais pas déshonoré si j'expédie un jour vers cet État juif les innombrables Juifs étrangers qui sont en France[102]. »
Les deux trains de mesures antijuives, celui d'octobre 1940 et celui de juin 1941 n'avaient guère soulevé de protestations de la part des autorités religieuses qui restaient le plus fidèle soutien du régime[103]. Tout juste, le cardinal Gerlier, primat des Gaules, avait-il remis au chef de l'État, en septembre 1941 une note exprimant des réserves sur la politique antisémite. Son homologue protestant, le pasteur Boegner, avait adressé une lettre personnelle à l'amiral Darlan un peu plus tôt, en mars 1941. De même, les conditions très dures d'internement des Juifs étrangers n'avaient guère ému l'opinion publique. Seules quelques organisations charitables, soit juives, soit protestantes (la CIMADE), rejointes par quelques catholiques s'étaient préoccupées de porter secours aux internés des camps de Gurs, Noë, Récébédou, etc.[91].
À partir de la mi-1942, on assiste à un revirement de l'opinion publique. Le port de l'étoile jaune, d'abord avait suscité la réprobation de beaucoup de Français ainsi qu'une nouvelle protestation du pasteur Boegner. Ce sont enfin les rafles de l'été 1942 qui provoquent un tournant décisif. Non seulement parmi les chrétiens de base, mais également parmi la hiérarchie catholique[104]. En plus des démarches confidentielles, cinq prélats catholiques de la zone Sud font connaître publiquement, en chaire, leur désapprobation. La protestation la plus célèbre est celle de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont la lettre est lue en chaire le 23 août[104].
Dorénavant, Laval et Bousquet mettront en avant l'opposition de l'Église dans les pourparlers avec Oberg pour réduire l'implication de la police française dans le processus de déportation des Juifs[105]. Selon les mots de Serge Klarsfeld, « la fin de cette coopération massive ne se situe pas en 1943, après la défaite de Stalingrad [...] mais en septembre 1942, alors que l'Allemagne est encore victorieuse[106] ». Ce tournant ne veut pas dire arrêt : la police française, toujours sous les ordres de Bousquet, arrête dans la région parisienne 700 personnes en octobre, 600 en novembre et 835 en décembre, dont la plupart étaient françaises[107].
En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone Sud. Aussitôt, le Höherer SS und Polizeiführer s'installe dans toutes les préfectures pour développer ses activités antijuives[108]. La police allemande montre sans doute moins d'efficacité que la police française[27], mais elle traque aussi bien les Juifs français que les étrangers[108], et beaucoup de Juifs français de la zone Sud, se croyant protégés ou oubliés par le gouvernement de Vichy, n’avaient pas pris l'habitude de se cacher. De novembre 1942 à septembre 1943, la zone d'occupation italienne, à savoir les deux départements de la Savoie et surtout les Alpes-Maritimes, devient le dernier refuge pour les Juifs[109]. On en trouve près de 30 000, en septembre 1943 dans ce qui s'avérera être une souricière, lorsque les Allemands envahissent la zone après la capitulation de l'Italie[110]. Sous la conduite d'Alois Brunner, la police allemande et une unité de Waffen-SS ratissent les trois départements, mais faute d'un appui suffisant des autorités françaises, l'opération n'aboutit qu'à l'arrestation de 2 000 Juifs, déportés à Drancy puis à Auschwitz[111].
Sauvetage des Juifs – Justes de France
Une grande partie des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort le furent avec la participation de la police du gouvernement de Vichy. Une partie des 225 000 Juifs qui échappèrent à la déportation bénéficièrent du silence, de la complicité ou de l'aide active d'un très grand nombre de Français qui sont restés pour la plupart anonymes. Les institutions religieuses, juives, protestantes ou catholiques jouèrent un rôle de premier plan pour l'accueil, la production de faux papiers et l'organisation de filières d'évasion. Les protestants, très minoritaires en France se sont souvent montrés d'une grande détermination dans ce sauvetage. Sous la conduite du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda, Le Chambon-sur-Lignon, village de Haute-Loire, accueille, de 1941 à 1944, pour des périodes plus ou moins longues, un total de 2 500 Juifs[112].
Une résistance juive spécifique se développa pour s'opposer à la politique d'extermination nazie et notamment pour mettre sur pied des filières permettant de mettre à l'abri les enfants juifs dans des familles nourricières « aryennes » ou dans des institutions religieuses[113].
L'ensemble des français est resté relativement passif devant les lois antijuives dans les années 1940-1941, mais on assiste à un revirement de l'opinion avec les grandes rafles de l'été 1942. Dès lors s'est enclenché un processus de complicité, active ou passive, de milliers de Français non juifs pour leur venir en aide, à commencer par les enfants. Un grand nombre d'établissements religieux, couvents, écoles, pensionnats, orphelinats, ouvrent leurs portes aux proscrits. D'autres sont accueillis dans des familles[114].
Lors des rafles ou arrestations importantes nécessitant une préparation et une logistique, par exemple celle du Vel d'Hiv, des agents de Préfecture ou des policiers français ont pu, à titre individuel, prévenir des arrestations. Des Juifs sont ainsi sauvés. Ils bénéficient également de protections de la part d'une partie de la population. Localement, des auteurs ont mis en évidence des cas de désobéissance civile[115] qui, la plupart du temps, demeurent anonymes.
Statistiques
Il y avait, en 1940, 330 000 Juifs en France. Entre le printemps 1942 et la Libération de 1944, 76 000 Juifs sont déportés vers les camps d'extermination, en 79 convois[116]. 2 500 seulement reviendront. Un tiers étaient des Juifs français, et deux tiers des Juifs étrangers. 14 % avaient moins de dix-huit ans et 12 % plus de soixante ans[117].
De mars à décembre 1942, 43 000 Juifs ont été déportés en 43 convois, à destination d'Auschwitz. Les trois quarts venaient de la zone Nord et le quart restant de la zone Sud[117].
En 1943, 17 000 Juifs sont déportés en 17 convois, 13 pour Auschwitz, 2 pour Majdanek et 2 pour Sobibor[117].
En 1944, (7 premiers mois), 16 000 Juifs sont déportés en 14 convois pour Auschwitz[117].
Au terme d'un livre consacré à la persécution et au sauvetage des Juifs sous l'occupation et sous Vichy, l'historien israélien Asher Cohen conclut :
« La perte d'un quart de la population juive résulte donc, non seulement de la décision allemande, mais aussi de la collaboration française. La survie des trois quarts tient autant à l'inefficacité des persécuteurs qu'à des actions de sauvetage. La pression de l'opinion, l'intervention publique de quelques prélats et les réticences dans le gouvernement et dans l'administration, dès la fin de 1942, limitèrent les pertes. La réaction juive, inefficace dans ses débuts, réussit ensuite à profiter d'une sympathie dans la population assez large pour organiser des actions de sauvetage importantes[118]. »
Novembre 1942 : l’opération Torch et l'occupation de la zone libre
Le mois de novembre 1942 est un tournant dans la Seconde Guerre mondiale, qui marque le moment où, pour la première fois depuis les accords de Munich (1938), Hitler a perdu l'initiative à l'Ouest. Pour la France de Vichy, il s'agit d'une rupture qui n'a pas échappé aux contemporains. En perdant à la fois sa souveraineté sur une partie de la France et sur l'Empire, la situation spécifique qui permettait de justifier la politique de neutralité et de collaboration s'effondre.
Dans le cadre de l'opération Torch, les Américains et les Anglais débarquent le 8 novembre 1942 sur les côtes d'Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc. Grâce à l'action des résistants locaux, qui, en accord avec les consuls américains, occupent les points stratégiques d'Alger, et y neutralisent pendant plusieurs heures les officiers généraux vichystes, à commencer par Juin et Darlan, les Alliés peuvent débarquer sans opposition, puis encercler la ville et obtenir dans la journée sa capitulation avec son port intact. Par contre, à Oran, et surtout au Maroc, à Casablanca, le général Noguès, résident général et le vice-amiral Michelier, fidèles à Vichy, opposent une résistance tant héroïque qu'inutile qui se solde par 1 346 morts français et 2 000 blessés d'une part et 479 morts américains et 720 blessés. Il s'ensuit une situation politique complexe à Alger où les Américains traiteront avec Darlan qui s'y trouve par hasard, et prend le pouvoir en Afrique au nom du maréchal Pétain. Darlan conserve toutes les lois de Vichy et maintient les déportés politiques dans les camps de concentration d'Afrique du Nord. L'amiral Darlan est abattu le 24 décembre 1942 par Fernand Bonnier de La Chapelle, et remplacé par Giraud. Ce dernier maintient le régime de Vichy et fait arrêter 27 chefs de la résistance qu'il envoie dans différents camps dont ils ne seront libérés que courant 1943.Il faudra attendre le 30 mai 1943 pour que de Gaulle s'installe à Alger, mais sur la pointe des pieds, et plusieurs mois encore pour que, après avoir évincé Giraud en octobre 1943, il parvienne enfin à rétablir la législation républicaine.
Pour Vichy, l'opération a une double conséquence :
D'une part, la perte complète de l'Empire, car après que l'AEF (Afrique équatoriale française) est passée dans le camp de la France libre dès août 1940, puis la Syrie et le Liban, après l'intervention des Britanniques, c'est non seulement l'Afrique du Nord qui échappe au contrôle de Vichy, mais aussi l'AOF (Afrique occidentale française) qui se rallie à Darlan le 23 novembre. Le 30 novembre, la Réunion se rallie à la France combattante.
D’autre part, l'invasion par la Wehrmacht de l'ancienne zone libre met fin au statut très particulier de la France occupée. L'armée d'armistice, qui a combattu les Alliés au Maroc livre la zone Sud aux forces de l'Axe sans tirer un coup de feu. Ce qui n'empêche pas les occupants de la dissoudre. Laval créé alors la Milice, dirigée par Darnand, pour remplacer l'armée dissoute et réprimer les dissidents. Quant à la flotte de Toulon, elle se saborde in extremis le 27 novembre 1942, contre la demande de Laval, et après s'être laissée encercler par les Allemands et avoir refusé de rejoindre les Alliés, malgré l'ordre donné dès le 11 novembre, par Darlan, au vice-amiral de Laborde, commandant les forces maritimes de haute mer à Toulon, de se rallier à lui.
Les relations diplomatiques avec les Alliés
Le Royaume-Uni, le 3 juillet 1940, peu de temps après l'armistice (22 juin 1940), attaque au cours de l'opération Catapult une escadre militaire française au mouillage à Mers el-Kébir, tuant 1 297 marins français et coulant ou endommageant gravement trois navires de ligne et un contre-torpilleur. Il craignait que l’escadre française tombe dans les mains de la Kriegsmarine et puisse être employée contre ses propres forces navales qui étaient essentielles pour le maintien de libres communications maritimes mondiales et pour les communications maritimes des Alliés. En conséquence, Vichy rompt immédiatement ses relations diplomatiques avec le Royaume-Uni.
Les conditions de l'armistice permettent, sous très strictes conditions, que la France conserve l’utilisation de sa Marine nationale. Le régime de Vichy s’est toutefois engagé auprès des Alliés à ce qu’elle ne tombe pas dans les mains de l'Allemagne du Troisième Reich, mais il a refusé de l’envoyer hors d’atteinte de la zone d’influence de l'Allemagne, soit au Royaume-Uni, ou soit dans les lointains territoires de l'Empire colonial français (comme par exemple dans les Antilles françaises). Ce refus de mettre hors d’atteinte la Marine nationale n'est pas sécurisant pour Winston Churchill. Celui-ci fait donc saisir par la Royal Navy des bâtiments français stationnés dans les ports britanniques et l'escadre française stationnée dans le port Alexandrie (Égypte), placée sous le commandement de l’amiral René-Émile Godfroy, est dans ce port, après la conclusion d’un accord avec l’amiral Andrew Cunningham (commandant de la Royal Navy en Méditerranée) assignée à résidence jusqu'en 1943 et désarmée[119].
L'URSS maintient, jusqu'au 30 juin 1941, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy : elle les rompt lorsque Vichy annonce son soutien à l'opération Barbarossa[23],[24].
Les États-Unis accordent leur reconnaissance diplomatique au régime de Vichy et envoient en France, jusqu’en novembre 1942 (invasion de la zone Libre par les troupes du IIIe Reich), l’amiral William Leahy en tant qu'ambassadeur des États-Unis[22]. Le président Franklin Delano Roosevelt et son secrétaire d'État Cordell Hull espèrent user de l'influence américaine pour encourager la résistance des éléments du gouvernement de Vichy opposés à la collaboration militaire avec l'Allemagne. Ils veulent aussi encourager le régime de Vichy à la résistance envers des demandes militaires allemandes comme l’usage des bases aériennes françaises en Syrie, ou veulent lui faire déplacer des matériels de guerre du territoire métropolitain en Afrique du Nord. La position américaine est que le régime de Vichy ne doit prendre aucune mesure qui ne soit explicitement exigée par les termes de l’armistice et/ou qui pourrait compromettre les efforts des Alliés dans la guerre.
Le Canada maintient, jusqu'au début de novembre 1942, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy, il le fait tant de sa propre initiative qu'à la demande du gouvernement britannique qui souhaite conserver une voie de communication. Il les rompt avec l'entrée des troupes allemandes dans la zone libre administrée par le régime de Vichy[120].
L'Australie maintient, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy et entretient également des relations diplomatiques avec la France libre du général de Gaulle ; citation de l’ambassade de France à Canberra : « De juin 1940 à juillet 1944, la représentation diplomatique française basée à Sydney était duale, une représentation officiant pour le gouvernement de Vichy et l’autre pour le général de Gaulle[121] ».
L'empire colonial français (1940-1945)
La période 1940-1944 voit s'affronter certains Français les uns contre les autres, dans une forme de guerre « franco-française ». Deux pouvoirs se disputent la légitimité : le gouvernement de Vichy et l'autorité de Londres sont amenés à des confrontations directes pour se disputer les morceaux de l'Empire français. À Dakar, en septembre 1940, les forces fidèles à Pétain repoussent l'intervention des Forces françaises libres et des Britanniques, et en Syrie, les troupes de la France libre affrontent aux côtés des Britanniques les troupes fidèles à Vichy dans des combats meurtriers.
L'Empire divisé
Dès l'été 1940, des territoires français de Pacifique, d'Asie, et d'Afrique subsaharienne passent dans le camp de la France libre. À l'automne 1940, l'intégralité de l'Afrique-Équatoriale française est dans le camp gaulliste, à l'exception du Gabon, que les Forces françaises libres et les Britanniques envahissent en novembre. Une tentative de débarquement à Dakar a cependant été repoussée en septembre : l'Afrique-Occidentale française demeure dans le camp vichyste. Le 24 décembre 1941, une escadre des Forces françaises libres, composée de trois corvettes et du croiseur sous-marin Surcouf, commandée par l'amiral Émile Muselier, partie de Halifax, au Canada, rallie aux Alliés le territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon jusqu'alors soumis au régime de Vichy.
L'affaire Syrie-Liban (juin-juillet 1941)
La Syrie et le Liban sont des territoires placés sous tutelle française par un mandat de la SDN que les Français considèrent donc comme faisant partie de leur Empire. Début 1941, le général Henri Dentz, représentant de Vichy en Syrie, y commande une armée de 37 700 hommes dont 28 000 indigènes[122].,[123]. En s'en échappant quelques mois avant pour rejoindre les Forces françaises libres en Palestine, le général Edgard de Larminat n'a réussi à entraîner que 300 hommes.
Le 1er avril 1941, il se produit en Irak (pays sous influence britannique) un coup d'État antibritannique soutenu par les services allemands. L'enjeu pétrolier est évidemment de première importance. Tout en négociant les protocoles de Paris dont l'un est relatif au Levant (nom alors donné au Moyen-Orient), Darlan, avec l'accord personnel du maréchal Pétain, approfondit la collaboration avec l'ennemi en lui accordant en Syrie un soutien technique, ainsi que la possibilité pour les avions de la Luftwaffe, d'utiliser les aérodromes de la Syrie pour aller bombarder les Britanniques en Irak. Darlan rencontre Hitler le 14 mai 1941, puis l'ambassadeur Otto Abetz avec lequel il signe les accords de Paris qui prévoient, entre autres, de façon explicite, l'utilisation des bases françaises en Syrie[124].
Cette situation nouvelle ne fait qu’aggraver l’inquiétude des Britanniques et des Américains. Lorsque les Britanniques en ont fini avec la rébellion de Rachid Ali al Gaylani en Irak, ils attaquent les forces françaises de la Syrie et du Liban le 8 juin 1941. 30 000 soldats britanniques épaulés par une division de Français libres attaquent les 37 700 hommes du général Dentz. Loin de se limiter à un « baroud d'honneur », les Français du général Dentz résistent. Les combats durent jusqu'au 14 juillet et se soldent par 1 066 tués et 5 400 blessés pour les Français du général Dentz, 650 tués et blessés pour les Français libres et 4 060 tués et blessés pour les Britanniques[122]. Le gros des troupes regagne la France, mais, malgré la dureté des combats qui viennent de les opposer, 5 500 hommes se rallient à la France libre. Pourtant les Britanniques qui ne souhaitaient peut-être pas le maintien d'une force française importante au Moyen-Orient, avaient rendu difficile le contact entre officiers français libres et les prisonniers vichystes[123].
L'Empire libéré
Ce n'est qu'après l'opération Torch, débarquement allié de novembre 1942 en Afrique française du Nord, que l'ensemble des territoires français d'Outre-mer se retrouvent sous la houlette des Alliés. L'amiral Darlan, conservé au pouvoir à Alger par les États-Unis, prétend gouverner l'Afrique française « au nom du Maréchal empêché », bien qu'étant désavoué par Vichy de manière répétée. Les lois de Vichy sont conservées[125]. Après l'assassinat de Darlan, elles sont encore maintenues durant plusieurs mois par le général Henri Giraud, chef des forces françaises alliées en Afrique du Nord, mais sont ensuite progressivement abandonnées : les effigies de Pétain disparaissent peu à peu en Algérie. Avec la fusion en juin 1943 des forces de Charles de Gaulle et d'Henri Giraud — qui amène avec lui l'Afrique-Occidentale — l'ensemble de l'Empire est réunifié sous l'égide des forces de résistance. Vichy n'a plus d'Empire colonial, à l'exception de l'Indochine française, dirigée par le gouverneur Jean Decoux et soumise à une occupation par l'Empire du Japon.
La Résistance
La « guerre franco-française » se déroule également en métropole. Elle voit s'affronter la Résistance intérieure (globalement ralliée au Général de Gaulle, mais en partie influencée par le parti communiste, et qui s'étoffe considérablement à partir de 1943) et les autorités de Vichy, notamment la Milice française, créée en janvier 1943 pour lutter contre le « terrorisme », c'est-à-dire contre la Résistance, et qui opère sous les ordres des occupants.
Certains des premiers groupes de Résistance qui se sont développés en zone libre, comme le mouvement Combat d'Henri Frenay, ne s'opposent pas à proprement parler au maréchal Pétain. En revanche, les investigations policières restent discrètes, alors que dès 1940, la police de Vichy traque sans merci les militants communistes qui ne se sont pas encore engagés clairement dans la Résistance. Dans les divers camps d'internement contrôlés par le gouvernement français, l'historien Denis Peschanski ne relève pas de présence appréciable de détenus politiques français qui ne soient pas communistes : « Entre 1940 et 1942, le camp répressif fut largement à dominante anticommuniste[126] ». Il n'empêche qu'au fur et à mesure que la Résistance monte en puissance, le gouvernement de Vichy est amené à faire respecter son autorité.
La lutte contre la Résistance sera l'une des principales missions de la Milice, créée le 30 janvier 1943 et dont le chef sera Joseph Darnand. Ses effectifs atteignent 30 000 hommes. Mais seulement 6 000 sont actifs à un moment donné, en participant également, comme supplétifs des Allemands, à des opérations contre les maquis, notamment celui des Glières. Ils participent également à toutes sortes d'exactions et d'assassinats.
Jusqu'en juin 1944, selon l'historien et résistant Marcel Baudot, 2 000 Français réputés collaborateurs sont tués : ce sont des membres des partis collaborationnistes, comme le PPF ou la Milice, mais aussi des fonctionnaires de Vichy ou des individus accusés d'activité en faveur de l'occupant. 4 000 cas semblables sont dénombrés entre le 6 juin 1944 et la libération des différents départements concernés.
Les archives de la Milice ont été entièrement détruites et ne sont donc pas consultables.
Les malades mentaux en France pendant le régime de Vichy
Le nombre des malades mentaux qui succombent à la dénutrition dans les hopitaux psychiatriques en France, de 1940 à 1944, est de 40 000 selon Max Lafont[127]et Lucien Bonnafé[réf. nécessaire]. Selon Claude Quétel et Olivier Bonnet, il serait plus proche de 50 000[128]. Ces décès surviennent en grande majorité entre 1941 et 1943[129]. Ce bilan s'explique par l'indifférence et l'oubli contre lesquels ne s'élèvent que de très rares et faibles protestations. Les artistes Sylvain Fusco et Séraphine de Senlis font partie de ces victimes[127].
La fin du régime de Vichy
Pour les Français, 1944 est une année de nouveaux bouleversements. Des bombardements, causant de nombreux morts civils, précèdent et accompagnent les deux débarquements de Normandie (6 juin) et de Provence (15 août). Au sud et au nord du pays, les Alliés occidentaux, dont l'Armée française de la Libération, envahissent le territoire français, chassant progressivement les Allemands qui entraînent dans leur retraite les autorités vichystes. Une épuration, judiciaire et extrajudiciaire, frappe pendant et après la Libération les collaborateurs et les cadres du gouvernement de Vichy.
Débarquements et Libération
Les forces Alliées, aidées par la Résistance intérieure française, repoussent peu à peu les Allemands, tandis que la Milice française combat aux côtés de l'occupant. Créé le 3 juin 1944[130],[131], quelques jours avant le débarquement des Alliés, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) installe son autorité sur le territoire libéré dans les semaines suivant la Bataille de Normandie, et se substitue progressivement dans les faits au régime de Vichy.
Les autorités de Vichy, adoptant une façade de neutralité, tentent de détourner les Français de la résistance : « Nous ne sommes pas dans la guerre » déclare soudain Pétain en demandant aux fonctionnaires de demeurer à leurs postes. En son nom, l'amiral Auphan essaye de prendre contact avec les Alliés et même avec de Gaulle. Il est éconduit[132] pendant que Laval est à la recherche de solutions parlementaires et invente des combinaisons politiques où Henri Queuille serait à l'Élysée et Herriot à Matignon.
Ordonnance d'août 1944 et départ de Pétain
Par son ordonnance du 9 août 1944, toujours en vigueur, relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental, le GPRF affirme la permanence en droit de la République française et nie toute légitimité au gouvernement de Vichy et de ses actes (constitutionnels ou pas)[5].
L’article premier précise :
« La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister[5]. »
D’où découle l’article deux :
« Sont en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française[5]. [...] »
L’article sept de l’ordonnance décrit le régime de Vichy comme « l’autorité de fait se disant « gouvernement de l’État français »[5] », lui niant toute forme de légalité.
Laval tient, le 17 août, à Paris, un simulacre de Conseil avec cinq ministres[133]. Il se démet de ses fonctions et est conduit à Belfort par les Allemands[134]. Ceux-ci, le même jour, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone Nord[135]. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette exigence[135]. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin »[135]. Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté[135]. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy[135]. Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et « [...] lorsque à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller le confection de ses valises et de ranger ses papiers[135]. » Le lendemain, il est emmené contre son gré à Belfort, puis en Allemagne[3],[136]. Il arrive le 8 septembre au château de Sigmaringen (Bade-Wurtemberg) où sont regroupés un certain nombre de rescapés du régime de Vichy et de la collaboration, dont Laval. Le départ de Pétain le 20 août, puis la Libération de Paris le 25, achèvent de consommer la disparition du régime de Vichy.
Les Américains menacent de mettre la France sous administration militaire. De Gaulle parvient à retourner la situation. Lorsqu'il arrive le 14 juin à Bayeux, il est accueilli par les ovations de la foule, prononce son premier discours sur le sol de métropole libéré et y installe un commissaire de la République. Par la suite de Gaulle se rend dans Paris libéré par les Résistants et la division Leclerc, et y reçoit un bain de foule triomphal. Son gouvernement provisoire est enfin reconnu par tous les Alliés le 23 octobre, et Roosevelt renonce définitivement à l’installation en métropole libérée d’un gouvernement militaire de l'AMGOT – certains historiens estiment même que les Américains n'y avaient jamais vraiment songé aussi sérieusement qu'il a longtemps été cru. De Gaulle rend alors visite au président américain, qui affecte d’avoir abandonné ses préventions à son égard.
La France, libérée et à nouveau souveraine, reprend sa place dans le camp allié, et les préfets vichystes n’ayant fait aucune difficulté pour passer leurs pouvoirs aux nouveaux commissaires de la République, l’administration se rallie en bloc au nouveau gouvernement provisoire sans secousses majeures.
Lors de la Libération de la France en août 1944. Le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), refuse d'accéder aux demandes de ceux, dont Georges Bidault alors président du Conseil national de la Résistance, qui le pressaient de « rétablir la République », leur signifiant qu'elle n'avait jamais cessé d'exister car ayant toujours considéré l’« État français » comme illégitime : « La République n'a jamais cessé d'être. La France libre, la France combattante, le Comité français de libération nationale l'ont tour à tour incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer[137],[138] ? »
Une commission gouvernementale vichyste, dirigée par Fernand de Brinon et dominée par des personnalités très engagées dans la collaboration comme Marcel Déat, existe à Sigmaringen jusqu'en avril 1945. Pétain ainsi que Laval, qui se considèrent comme prisonniers des Allemands, n'y tiennent pas de rôle effectif. Les troupes du GPRF entrent dans Sigmaringen le 23 avril 1945, mettant un terme à l'existence de ce gouvernement en exil.
Un certain nombre de cadres et de personnalités politiques du régime de Vichy sont condamnés après le conflit mondial; plusieurs dizaines de milliers de personnes sont convaincues du crime d'indignité nationale, créé par ordonnance du GPRF. Pierre Laval est condamné à mort pour Haute trahison et fusillé le 15 octobre 1945. Philippe Pétain, lui aussi condamné à mort, voit, en raison de son grand âge, sa peine commuée en emprisonnement à perpétuité.
Notes, sources et références
- ↑ Bien qu'étant abondamment utilisée comme instrument de propagande du régime, la chanson Maréchal, nous voilà ! n'est pas l'hymne officiel de la France durant cette période. Les Allemands interdisent La Marseillaise en zone Nord.
- ↑ Les institutions de la République française sont officiellement maintenues, mais le terme de République n'est jamais utilisé dans les documents officiels du régime, dont le type de gouvernement n'est pas précisé. Le terme de République réapparaît, en janvier 1944, dans le projet de constitution, qui ne sera jamais promulgué. À noter que certains médias et auteurs, principalement étrangers, utilisent parfois le terme impropre de « République de Vichy » (cf. « Processo all'ultimo gerarca di Vichy », La Repubblica, 19 septembre 1996).
- ↑ a, b, c et d Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Pétain : sa carrière, son procès », p. 41–45.
- ↑ La capitale étant toujours Paris, cf. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 41.
- ↑ a, b, c, d et e « Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental – Version consolidée au 10 août 1944. », actuellement en vigueur, sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 20 juin 2009.
- ↑ Attribué au général Hering, Les Silences du Maréchal (documents inédits en annexe), Les Éditions nouvelles, coll. « Bibliothèque de l'histoire contemporaine », Paris, 1948, 279 p., [lire en ligne], p. 65–66.
Extrait du témoignage d'Albert Lebrun, lors du procès Pétain : [...] « Je reçois [le 11 juillet 1940] la visite du maréchal Pétain [...]. Monsieur le Président, me dit-il, le moment pénible est arrivé ; vous avez toujours bien servi le pays ; vous partant, l'Assemblée nationale a créé une situation nouvelle, d'ailleurs je ne suis pas votre successeur, un régime nouveau commence. »
- ↑ a et b « Acte constitutionnel no 1 du 11 juillet 1940 », sur le site de l'université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 20 juin 2009.
- ↑ Livret de la LVF et décret gouvernemental.
- ↑ Articles 5 et 6 de la convention d'armistice
- ↑ William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich: A History of Nazi Germany, Simon & Schuster, New York, 1960, 1 245 p. ; trad. Le Troisième Reich, des origines à la chute, éd. Stock, Paris, 1959-1960 ; t. 2 : rééd. sous le titre : La Chute du nazisme, CAL, L'encyclopédie contemporaine, Paris, 1963, p. 163-164.
- ↑ Giorgio Rochat, (trad. Anne Pilloud), « La campagne italienne de juin 1940 dans les Alpes occidentales », Revue historique des armées, no 250, 2008, p. 77–84, sur le site du Service historique de la Défense, rha.revues.org. Mis en ligne le 6 juin 2008, consulté le 24 octobre 2008.
- ↑ Citée par L'Écho de la Falaise, 13 juin 1940, l'expression serait de Roosevelt selon (en) Denis Mack Smith, Mussolini, éd. Knopf (première édition américaine), 1982 (ISBN 0394506944 et 978-0394506944), p. 312.
- ↑ Voir l'article : Wagon de l'Armistice – En Allemagne.
- ↑ a, b et c Texte de la convention d'armistice sur le site de l'université de Perpignan.
- ↑ Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, t. 3, « L'heure tragique – la chute de le France, 1940 », chap. XI : « L'amiral Darlan et la flotte française, Mers-el-Kébir », p. 226–253.
- ↑ « Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 », sur le site de l’Assemblée nationale, assemblee-nationale.fr, consulté le 27 décembre 2008.
- ↑ Alors qu'aux termes de l'article 8 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875, une loi de révision constitutionnelle ne peut être votée qu'à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale, la majorité fut, sous les pressions de Laval, calculée sur les suffrages exprimées.
- ↑ « Projet de constitution du 30 janvier – Projet du maréchal Pétain », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 25 juin 2009.
- ↑ « Projet de constitution du 30 janvier 1944 – Projet du maréchal Pétain – Titre premier : La fonction gouvernementale, Article 14 », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 29 juin 2009.
- ↑ « Acte constitutionnel no 3 du 11 juillet 1940 », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 25 juin 2009.
- ↑ Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, préface de Stanley Hoffmann, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire » ; rééd. novembre 1999, 475 p. (ISBN 978-2-02-039210-5), p. 243–244.
- ↑ a et b William Bullitt et l'amiral Leahy furent ambassadeurs des États-Unis auprès du gouvernement de Vichy de 1940 à 1942 : site de l'ambassade des États-Unis d'Amérique, « La mission – Ambassadeurs », sur french.france.usembassy.gov, consulté le 26 décembre 2008.
- ↑ a, b, c et d « Les relations officielles franco-russes », sur le site russie.net, consulté le 26 décembre 2008.
- ↑ a et b Gaston Bergery était alors ambassadeur de Vichy à Moscou.
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- ↑ a, b, c et d Marc Ferro, Pétain, op. cit., p. 215–221.
- ↑ a et b Marc Ferro, Pétain, op. cit., p. 715–718.
- ↑ Cf. Pierre Cot, ministre de l'Air du Front populaire, cité dans : Marc Ferro, Pétain, op. cit., p. 9.
- ↑ Marc Ferro, Pétain, op. cit., p. 718.
- ↑ Marc Ferro, Pétain, op. cit., p. 241 :
« Pétain a pris dans sa rédaction [du premier statut des Juifs du 3 octobre 1940] une part personnelle et, comme en témoigne son ministre Baudouin, lors des discussions il se montra parmi les plus sévères. »
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Voir en particulier la note 42, p. 16.
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- ↑ Jean-Marc Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, Perrin, 2001, p. 224–225.
- ↑ Sur la faiblesse de la répression policière en zone Sud avant 1942 vis-à-vis de la Résistance non communiste, voir notamment :
- J.M. Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, éd. Perrin, 2001, p. 35 ;
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- ↑ Robert Aron, Histoire de Vichy, éd. Fayard, 1954, p. 536–537.
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- ↑ Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 495.
- ↑ a, b, c, d, e et f Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 41–42.
- ↑ Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 494–499 ; l'auteur donne cette précision, p. 498–499 :
« Le maréchal tenait à entourer cette scène du maximum de publicité et à lui donner le caractère d’une arrestation violente. Mais d’un autre côté il voulait éviter les effusions de sang, aussi Neubronn fut-il informé dans la nuit par l’intermédiaire du ministre suisse [Walter Stucki], de ce qui attendait les Allemands le lendemain matin. Les issues de l’hôtel du Parc seraient verrouillées et barricadées, mais la garde du Maréchal n’opposerait pas de résistance ; les Allemands furent priés de se munir des outils nécessaires pour forcer les portes et les grilles. Ainsi fut fait. [...] »
- ↑ Jean Lacouture, Charles de Gaulle, I. Le Rebelle 1890-1944, édit. Le Seuil, 1984 (ISBN 2-02-006969-5), p. 834.
- ↑ Marcel Jullian, De Gaulle, pensées répliques et anecdotes, édit. Le cherche midi, 1994 ; réédit. France Loisirs, Paris, 1995 (ISBN 2-7242-8462-3), p. 96.
Bibliographie
Cette bibliographie a trop d'ouvrages.
Les ouvrages doivent être de référence dans le domaine du sujet. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de les citer comme source et de les enlever de la section « bibliographie ».
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Ouvrages généraux
- (de) Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p.
- Henri Michel, Vichy, année 1940, Robert Laffont, 1967.
- Robert O. Paxton, La France de Vichy, 1940-44, Éditions du Seuil, 1973 ; nouv. éd. corrigée, 1997 ; rééd. avec mise à jour bibliographique, 1999.
- Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, 10 volumes, Éditions Robert Laffont, Paris, 1975-1993.
- Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, Paris, 1979.
- Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Éditions du Seuil, 1995, (ISBN 978-2-0201-8322-2)
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- Max Lagarrigue, 99 questions… La France sous l'Occupation, CNDP, 2007, (ISBN 978-2-86626-280-8).
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Autres
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- Jean-Pierre Azéma, « La Milice », Vingtième siècle. Revue d'histoire, no 28 octobre 1990.
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- Jean-Pierre Bertin-Maghit, Les Documenteurs des Années noires, éd. Nouveau Monde, 2004 (ISBN 2-84736-044-1).
- Marc Boninchi, Vichy et l'ordre moral, Puf, 2005.
- Philippe Bourdrel, L'Épuration sauvage. 1944-45, Perrin, 2002.
- Isabel Boussard, Vichy et la corporation paysanne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980.
- Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002 (ISBN 2738110576).
- Jacques Cantier et Éric Jennings (dir.), L'Empire colonial sous Vichy, éd. Odile Jacob, 2004.
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- Michèle Cointet, L'Église sous Vichy, 1940-45, Perrin, 1998.
- Michèle Cointet, Vichy et le fascisme, Complexe, 1999.
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- Yves-Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1963.
- Alain Decaux, Morts pour Vichy, Perrin, 2000.
- Hubert Delpont, Darlan l'ambition perdue, 1998, 320 p.
- Jacques Duquesne, Les Catholiques français sous l'Occupation, Grasset, 1966 rééd. 1986.
- Jean-Baptiste Duroselle, L'Abîme, 1939-1944, Imprimerie nationale, 1982.
- Simon Epstein, Un paradoxe français, Albin Michel, 2008.
- Christian Faure, Le Projet culturel de Vichy – Folklore et révolution nationale, 1940-1944, coédition Presses universitaires de Lyon - éditions du CNRS, 1989.
- Marc Ferro, Pétain, éd. Fayard, Paris, 1987, 789 p. (ISBN 2213018332 et 978-2213018331) ; rééd. Hachette littérature, coll. « Pluriel », Paris, 2009, 789 p. (ISBN 978-2-01-270518-0).
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- Eric Jennings, Vichy sous les tropiques – La Révolution nationale à Madagascar, en Guadeloupe, en Indochine, 1940-1944, Grasset, 2004.
- Laurent Joly, Xavier Vallat. Du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'État, éd. Grasset, 2001.
- Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale ». Histoire du Commissariat aux Question juives, éd. Grasset, 2006.
- André Kaspi, Les Juifs pendant l'Occupation, Le Seuil, 1991.
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- Serge Klarsfeld, La Shoah en France, le calendrier des déportations (septembre 1942-aout 1944) , Paris, 1978.
- Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, Fayard, 1983.
- Michael Marrus et Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, éd. Calmann-Lévy, 1981 ; nouv. éd. Libraire générale française, coll. « Le livre de poche », 1990.
- Michael Mayer (préface de Georges-Henri Soutou et Horst Möller), Staaten als Täter – Ministerialbürokratie und „Judenpolitik“ in NS-Deutschland und Vichy-Frankreich – Ein Vergleich, Studien zur Zeitgeschichte, t. 80, Oldenbourg, 2010 (ISBN 978-3-486-58945-0) (étude comparative de la politique antijuive de l’Allemagne nazie, de forces d’occupation allemandes en France entre 1940 et 1944 et du régime de Vichy).
- Pascal Ory, Les Collaborateurs, éd. du Seuil, 1976 ; nouv. éd., coll. « Points. Histoire », 1980.
- Robert O. Paxton, L'Armée de Vichy - Le corps des officiers français – 1940-1944, éd. en anglais 1966 ; édition française (trad. Pierre de Longuemar), Tallandier, 2004, 588 p. (ISBN 2847341390) ; rééd. Le Seuil, coll. « Points-Histoire », 2006, (postface de Claude d’Abzac-Epezy) 567 p. (ISBN 2020679884 et 978-2020679886).
- Denis Peschanski, Les Tziganes en France, 1939-1946, éd. du CNRS, 1994.
- Denis Peschanski, La France des camps, l'internement 1938-1946, Gallimard, 2002.
- Dominique Rossignol, Vichy et les francs-maçons : la liquidation des sociétés secrètes, Jean-Claude Lattès, * Michèle Cointet, L'Église sous Vichy, 1940-45, Perrin, 1998.
- Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, éd. du Seuil, 1987 ; nouv. éd., « Points. Histoire », 1990.
Annexes
Articles connexes
Mise en place du régime
- Vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940
- Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940
Le régime
- Collaboration en France
- Révolution nationale
- Vie des Français sous l'Occupation allemande
- Épuration par le régime de Vichy
- Sections spéciales
- Situation politique en Afrique française libérée (1942-1943)
La politique antisémite
- Camp des Milles
- Conférence de Wannsee
- Rafle du Vel' d'Hiv
- Victimes françaises de la Shoah
- Camp d'extermination
- Juste parmi les nations
- Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France
Contexte
La fin du régime
- Résistance intérieure française
- Libération de la France
- Commission gouvernementale de Sigmaringen
- Épuration à la Libération en France
- Historiographie du régime de Vichy
- Le Chagrin et la Pitié (film documentaire)
Texte
Liens externes
- Le Gouvernement de Vichy (université de Perpignan)
- Site officiel de la présidence de la République, archives de la présidence de M. Jacques Chirac 1995-2007, « Vacance de la fonction présidentielle de 1940 à 1947 »
- Cliotexte, catalogue de textes utiles à l'enseignement de l'histoire, « Collaboration et Résistance : la France de 1940 à 1944 »
- cndp.fr, Centre national de documentation pédagogique, « La collaboration du gouvernement de Vichy »