Maria Vérone
- Wikipedia, 6/01/2012
Maria Vérone est une féministe française née en 1874 et morte en 1938.
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Biographie
Née à Paris (2e) le 20 juin 1874 de Gustave Vérone, et de Marie Carpentier. Son père, chef comptable, homme de gauche, est l’un des fondateurs de la Libre Pensée Française. Elevé au séminaire, il n’a jamais été ordonné et était devenu farouchement anti-clérical. Sa mère était originaire du Nord et sa grand-mère maternelle était une demoiselle Drouet, d’origine Lorraine et apparentée à Jean-Baptiste Drouet, chef de Poste à Sainte-Menehoude qui fit arrêter Louis XVI à Varennes. Maria Vérone fit d’abord des études primaires puis entra à l’école primaire supérieure Sophie Germain à Paris où elle passa ses brevets et fut reçue à l’Ecole Normale d’institutrices primaires de la Seine. L’internat étant obligatoire, elle refusa d’y entrer et devint répétitrice privée. C’est à ce titre qu’elle donna des leçons, notamment à Esther Dreyfus, fille du fameux capitaine dont le procès devait, quelques années plus tard, secouer la France entière. Toute jeune, son père l’introduit dans les milieux politiques qu’il fréquente et c’est ainsi qu’en 1889 elle est désignée comme secrétaire du Congrès de la Libre Pensée Française : elle a quinze ans ! Elle reçoit alors en hommage une timbale en argent sur laquelle on peut lire les mentions suivantes gravées dans le métal : « Congrès de la Libre Pensée de France, à la citoyenne Maria Vérone, secrétaire du congrès 1889 ». Son père meurt l’année suivante.
Maria Vérone devint par la suite institutrice auxiliaire de la Ville de Paris. Elle travailla notamment à l’école maternelle de la rue Fessart (19e), sous la direction de Madame Frapié dont le mari, Léon Frapié écrivit le livre « La Maternelle » qui fut, par la suite, l’objet d’un film célèbre. Simultanément, Maria Vérone s’occupe des Universités Populaires (dont elle reçoit à vingt ans une médaille de remerciements pour son professorat), et elle milite dans les milieux socialistes. Cette activité politique déplaît à l’administration de l’instruction nationale. Il lui est interdit de faire des conférences. Maria Vérone répond « qu’en dehors de ses heures de classe sont temps lui appartient » et elle part, le dimanche précédent la semaine où elle doit être titularisée, faire une conférence à Orléans. À son retour elle est convoquée par l’inspecteur de l’instruction primaire Bédoré qui lui annonce, non sa titularisation, mais sa révocation. En mars 1900, elle épouse l’imprimeur Maurice Giès, dont elle divorcera en 1907. Vers cette époque (1897), une femme, Marguerite Durand, va créer un journal entièrement féminin, rédaction et composition comprise : La Fronde. Maria Vérone y entre comme rédactrice et secrétaire de rédaction. L’affaire Dreyfus se déclenche et elle rencontrera sur les bancs de la presse un rédacteur de l’Aurore, Georges Lhermitte, qui deviendra par la suite son second mari (en 1908).
Mais dès cette époque ils travailleront ensemble à propos de la séparation de l’Eglise et de l’Etats qui interviendra en 1905 et à la Ligue Française pour le Droit des Femmes dont ils seront par la suite l’un et l’autre président (Maria Vérone le fut de 1919 à 1938)
. Ils militent pour le Parti Socialiste et à la ligue des Droits de l’Homme dont Georges Lhermitte sera président de la section du 9e arrondissement de Paris.
La Fronde et l’Aurore ont disparu après l’affaire Dreyfus. Maria Vérone, toujours journaliste, entre à « La Bataille Syndicaliste ».
Vers 1901 passe une loi qui ouvre le barreau aux femmes. Maria Vérone, à vingt-huit ans, se met alors à préparer son bachot. Munie de ses brevets élémentaire et supérieur, elle apprend, seule, le latin. Dispensée de la seconde partie (philosophie) comme ayant appartenu à l’enseignement public, elle entreprend sa licence en droit et devient avocate en 1908.
Sa vie, alors, se partagera entre sa carrière d’avocate et de conférencière socialiste. Elle participera notamment au meeting du Pré Saint-Gervais contre la loi de trois ans où elle prendra la parole aux côté de Jean Jaurès et elle deviendra jusqu’à sa mort en 1938, le fer de lance et le porte-drapeau du féminisme en France. Elle mènera toute sa campagne sur le slogan : « La femme paie l’impôt, la femme doit voter ». Elle a également fondé l'Union des avocates de France. D’une façon constante, Georges Lhermitte, qu’elle a épousé en 1908, l’épaulera dans cette lutte politique et; au décès de Maria Vérone en 1938, lui succédera à la présidence de la Ligue Française pour le Droit des Femmes. En 1936, lors du Front Populaire, Léon Blum en prenant la charge de Président du Conseil, lui offrit un poste de ministre. Mais déjà très atteinte par le mal incurable qui devait l’emporter, elle déclina l’offre d’être ainsi la première femme ministre de notre pays.
Elle fut décorée de la légion d'honneur en 1936.
Voir aussi
Articles connexes
Lieux portant son nom
- Ecole Maternelle Maria Vérone, Villebarou 41000
- Square Maria Vérone, Paris 75018
Bibliographie
- Christine Bard. Les filles de Marianne: histoire des féminismes 1914-1940. Paris: Fayard, 1995.
- Laurence Klejman and Florence Rochefort. "Vérone (Maria), 1874-1938," Dictionnaire des intellectuals français, Jacques Juillard and Michel Winock, ed. Paris: Seuil, 1996.
- Raymond Hesse et Lionel Nastorg, Leur manière...: plaidoiries à la façon de... Raymond Poincaré, Maria Vérone, etc., B. Grasset, Paris, 1925, 212 p.
- Sara L. Kimble, "No Right to Judge: Feminism and the Judiciary in Third Republic France." French Historical Studies 31, no. 4 (2008): 609-641.
- Juliette Rennes, Le mérite et la nature : une controverse républicaine, l'accès des femmes aux professions de prestige, 1880-1940, Fayard, 2007, 594 p. (ISBN 9782213631615)
Liens externes
- Maria Vérone : « Pourquoi les femmes veulent voter » (conférence du 24 avril 1914, avec une courte biographie)
- Square Maria Vérone(délibération du Conseil Municipal du 18ème arrondissement de Paris en hanvier 2010)