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Attaque du Train de l’Or

- Wikipedia, 3/02/2012

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On a appelé « attaque du Train de l'Or » (ou du « Train d'Or ») l'attaque à main armée commise dans la nuit du 21 au 22 septembre 1938 contre un train transportant de l'or et des pierres précieuses qui venait de quitter la Gare Saint-Charles de Marseille.

Sommaire

Les faits

Le braquage, qui nécessitait des moyens matériels et humains importants, fut l’œuvre de deux bandes de Marseille jusque là rivales, mais occasionnellement réunies à la suite d'un accord passé entre Gustave Méla dit "Gu" et Jo Rossi le 22 septembre 1938 au bar « le Comptoir National » à la Belle de Mai. C’était la première fois depuis le traité dit « des prophètes » de 1905, qui avait délimité le partage de la ville entre les bandes marseillaises, que deux d'entre elles décidèrent de coopérer pour réaliser un gros coup sur le territoire même de la commune[1].

Le 21 septembre 1938 vers 1h50 du matin, le train 4818, transportant 180 kilos d'or, des diamants et des rubis bruts entreposés dans un wagon blindé gardé par deux homme armés, quitte la gare Saint-Charles à Marseille. Le convoi avait été formé au port de la Joliette où les marchandises précieuses avaient été débarquées du navire « Mariette Pacha » en provenance du Congo belge pour être acheminées jusqu'en Belgique via Paris-Gare de Lyon.

Quelques minutes après son départ, le train s'immobilise brusquement à hauteur de Saint-Barthélemy dans la banlieue nord de Marseille. Alors que des cheminots, croyant à un simple incident technique, ont entrepris d'inspecter le train, une dizaine d'hommes masqués et armés de pistolets font irruption en hurlant et en tirant dans tous les sens. Puis, une partie des braqueurs tient en respect les cheminots pendant que les autres chargent dans une camionnette l'or et les diamants, emportant également des bijoux qui avaient été placés dans le même wagon. Leur coup terminé, les gangsters repartent, dans la camionnette pour certains et dans une Hotchkiss pour le reste, en emportant leur butin[2].

L'enquête

Menée par les commissaires Guibal et Morano, elle ne semble pas facile à conduire car l'attaque s'étant passée la nuit, on ne peut guère compter sur d'éventuels témoins. Mais grâce à la camionnette utilisée pour le braquage que la gendarmerie retrouve à Plan-de-Cuques et avec l'aide d'indicateurs d'autant plus prêts à collaborer que le milieu traditionnelle, dominé par Paul Carbone et François Spirito, n'apprécie guère tout le remue-ménage fait autour de cette affaire, la sûreté marseillaise réussit à arrêter début octobre huit des participants à l'attaque du train, dont Joe Rossi, un truand bien connu des services de police. Quatre d'entre eux se mettent à table parmi lesquels Émile Long qui va révéler aux policiers l'accord passé entre Gu Mella et Jo Rossi pour attaquer le train[3].

« Gu », connu pour son amour des belles voitures et propriétaire lui-mêle d'une Hotchkiss, est un truand redouté qui a commencé tard sa carrière (à 36 ans), mais qui a vite rattrapé le temps perdu. Considéré comme un précurseur, c'est un adepte des méthodes du hold-up à l’américaine qu'il a appliquées pour le braquage d'un coffre-fort dans l'enceinte du terrain militaire de Bron et pour lequel il est condamné à mort par contumace par la cour d'assises du Rhône, ainsi que pour d'autres agressions accomplies à Aix-en-Provence et Marseille[4]. La police marseillaise compte bien l'appréhender pour redorer son image ternie par des années de compromission avec la pègre locale. Mais sur ce point elle n'atteindra pas son but et laissera même l'un des auteurs de l'attaque du train, Giovanni Michelis, s'échapper de l'Hôtel-Dieu où il avait été placé pour être soigné après avoir été blessé lors de son arrestation[5]..

En fait, le restant des participants du casse, sentant le coup venir, s'était déjà réfugié à Paris. C'est là que, quelques temps plus tard, ils seront presque tous arrêtés, Gu Mella inclus. Ce dernier, après une évasion de la prison de Castres en 1944, mourra à l'infirmerie de la Centrale de Nîmes le 14 juillet 1960[6].

Soupçonné d'être mêlé à cette affaire, Paul Leca réussira à échapper aux arrestations qui suivirent tout en se faisant reconnaître par le milieu marseillais. Condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité, il sera acquitté lors d’un second procès en produisant un alibi qui l’innocentait[7].

Quant au butin, si les arrestations marseillaises et parisiennes ont permis de récupérer de quelques parts des bijoux ou des diamants, le gros morceau, c'est-à-dire l'or, sera retrouvé immergé dans le bassin de la villa « Céleste » au Merlan[8].

Conséquences

Ce haut fait du banditisme marseillais laissera des traces à Marseile en démontrant que la pègre locale n’hésitait plus désormais à s'impliquer dans de grosses affaires et qu'elle était même prête pour cela à s'organiser en dehors du système des grands parrains.

Sur le plan national il renforcera l'image péjorative de la ville, apparue dans les années trente avec l'avènement du milieu marseillais, et qui a rejailli sur sa classe politique et sa police. Celle-ci n'a pourtant pas vraiment démérité dans cette affaire, mais la méfiance est telle que, même dans la population marseillaise, elle ne paraît plus capable d'assurer ses missions avec la rigueur et l'efficacité qui s'impose. Il est vrai que l'attaque du Train de l'Or se situe entre deux événements incommodants pour la cité, l'assassinat du roi Alexandre Ier et de Louis Barthou en 1934 et l'incendie des Nouvelles Galeries qui ne va tarder à se produire.


Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Jean Bazal, Le Clan des Marseillais, des nervis aux parrains, p. 112 et Jean Contrucci, Marseille des faits divers, p. 27
  2. Jean Bazal, Le Clan des Marseillais, des nervis aux parrains, p. 113 et Jean Contrucci, Marseille des faits divers, p. 28
  3. Jean Bazal, Le Clan des Marseillais, des nervis aux parrains, p. 114
  4. Jean Contrucci, Marseille des faits divers, p. 29
  5. Jean Bazal, Le Clan des Marseillais, des nervis aux parrains, pp. 114-115
  6. Jean Contrucci, Marseille des faits divers, p. 30
  7. Jean-Pax Mefret, le vol des bijoux de la Bégum,p. 17
  8. Jean Bazal, Le Clan des Marseillais, des nervis aux parrains, p. 118

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