Ligue de la patrie française
- Wikipedia, 22/01/2012
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La Ligue de la patrie française est une organisation politique française, d'orientation nationaliste fondée le 31 décembre 1898 dans le cadre de l'Affaire Dreyfus, rassemblant des antidreyfusards intellectuels et mondains : académiciens, tels François Coppée, Jules Lemaître et Paul Bourget, membres de l'Institut de France, artistes et écrivains en vue : Maurice Barrès, Edgar Degas, Auguste Renoir, le musicien Vincent d'Indy, le peintre et dessinateur Jean-Louis Forain, Caran d'Ache, le caricaturiste Job, etc.
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Historique
Fondée en réaction à la création de la Ligue des droits de l'homme, La Ligue de la patrie française a pour objectif de fédérer et d'organiser les forces antidreyfusardes. Elle regroupe à la fois des professeurs et des artistes, mais aussi d'anciens boulangistes et des bonapartistes. Son action est restée limitée. Elle ne résiste pas à la victoire électorale du Bloc des Gauches en 1902, non plus que la Ligue des patriotes de Paul Déroulède ; elle est officiellement dissoute en 1904.
Les deux principales têtes pensantes de la Ligue sont l'écrivain Maurice Barrès et le critique littéraire Jules Lemaître. Contrairement à l'autre penseur du nationalisme conservateur du moment, Charles Maurras, Barrès demeure républicain, mais "césariste", proche d'une conception bonapartiste du gouvernement.
Parmi les autres membres de la Ligue on peut mentionner : Godefroy de Cavaignac, Paul Déroulède, Jules Guérin, René Doumic, Georges Thiébaud, Gabriel Syveton.
La Ligue dans l'évolution du nationalisme en France
Cette ligue incarne bien le passage du "nationalisme ouvert" au "nationalisme fermé" (selon une typologie de Michel Winock) qui s'opère en France et en Europe à la fin du XIXe siècle.
Au début du XIXe siècle, le nationalisme participe de l'idée libérale d'autodétermination des peuples et des émancipations nationales dans toutes les révolutions démocratiques, anti-coloniales et anti-impérialistes de l'Europe et des Amériques (succession d'indépendances nationales). Encore en 1870-1871, en France, c'est la gauche républicaine et sociale qui défend le patriotisme français et refuse de baisser les armes devant l'envahisseur allemand. Gambetta le républicain, comme la Commune sont animés par cet engouement patriotique.
Puis, avec Boulanger d'abord, et Barrès ensuite, le nationalisme est de plus en plus récupéré par la droite comme force politique. Jusqu'ici les droites traditionnelles invoquaient la souveraineté du monarque, du Pape, et non celle du peuple, laissée aux nationalistes libéraux et républicains. Avec l'affaire Dreyfus, les républicains se divisent et, malgré le patriotisme des Jean Jaurès et de Georges Clemenceau, la revendication nationaliste devient un étendard de la droite en France et en Europe de l'Ouest avant d'être renouvelée en dehors de cette Europe par la vague anticolonialiste et décentralisatrice de l'après-guerre et des années 1960-70.
La Ligue de la patrie française, quoique éphémère, a incarné cette mutation, plaçant à sa tête des républicains en quête d'autoritarisme tels que Barrès.
Bibliographie
Ouvrages contemporains de la Ligue
- Henry de Bruchard, 1896-1901. Petits mémoires du temps de la Ligue, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1912.
- Jules Lemaître, La Patrie française. Première conférence, 19 janvier 1899, Paris, Bureaux de "La Patrie française" [1899].
- Jules Lemaître, Ligue de la ″Patrie française". Discours prononcé à Grenoble, Angers, Imprimerie de Germain et G. Grassin, Ligue de la patrie française, [1900].
- Jules Lemaître (et al.), Ligue de la Patrie française. Conférence de M. Jules Lemaître, de Godefroy Cavaignac, du général Mercier, de Charles Bernard, Nancy, A. Crépin-Leblond, Ligue de la patrie française, 1902
- Paul Meyer, Lettre à M. Jules Lemaître, président de la Ligue des amis de la patrie française, Paris, Imprimerie spéciale du "Siècle", 1899.
- Le Pic, La Ligue de la patrie française, Paris, La Petite République, 1902.
- André Suarès, Lettre trois sur la soi-disant Ligue de la patrie, Paris, Libraire de l’Art Indépendant, 1899.
- Franck Pilatte, Ligue de la patrie française, Comité de Nice, décembre 1902. Suivi de A. Funel de Clausonne, Avant-Après ; Frank Pilatte, Patriotisme et nationalisme ; Paul Padovani, La Tare de la bande, Nice, Imprimerie de Ventre frères, Ligue de la patrie française comité de Nice, [1902].
Études récentes
- Jean-Pierre Rioux, Nationalisme et conservatisme : la Ligue de la patrie française (1899-1904), Paris, Beauchesne, 1977.
- Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire (1885-1914). Les origines du fascisme français, Paris, Gallimard, 1997.