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Louis Loew

- Wikipedia, 11/01/2012

Louis Loew est un haut magistrat français (Strasbourg 30 avril 1828 - Bâle 23 avril 1917) dont le nom est associé à l'Affaire Dreyfus. Il tint un rôle de premier plan dans la révision (dite première révision) du jugement qui avait établi, le 22 décembre 1894, la culpabilité du capitaine Albert Dreyfus.

Quand la Cour de cassation est saisie d'une requête en révision du procès[1], il en préside la chambre criminelle. L'instruction de cette requête, après qu'elle a été déclarée recevable[2], suscite l'indignation des «antidreyfusards» ainsi que de vives dissensions au sein de la première juridiction, à cause de l'hostilité du président de la chambre civile Jules Quesnay de Beaurepaire[3]. Une violente campagne de presse s'ensuivit[4], dont Louis Loew fut l'une des cibles principales, et la chambre des députés fut secouée par des séances particulièrement houleuses[5]. Comme il refusait de se récuser — ce que lui avait demandé le premier président Mazeau —, un projet de loi fut déposé, qui tendait au dessaisissement de la chambre criminelle au profit des chambres réunies. Cette loi de circonstance fut promulguée le 1er mars 1899. Toutefois les chambres réunies validèrent l'instruction menée par Loew et le conseiller Alphonse Bard : le 3 juin 1899, le jugement ayant condamné Dreyfus fut cassé et annulé. Une autre révision et une autre cassation, — celles du procès de 1899 qui suivit, — furent cependant nécessaires à la réhabilitation définitive du capitaine Dreyfus.

Louis Loew donna un intéressant compte rendu de ce chapitre de l'« Affaire » dans un ouvrage publié en 1910 : La Loi de dessaisissement par un dessaisi.

Louis Loew décida de faire insérer la phrase suivante dans le faire-part de son décès : « Bienheureux ceux qui ont souffert pour la justice. »

Le 9 janvier 2012, une salle d'audience du Tribunal de Grande Instance de Mulhouse a reçu le nom de Louis Loew qui fut président de ce tribunal au cours de sa carrière signifiant par là l'attachement des magistrats aux vertus d'indépendance vis à vis du politique et de courage dont il fit preuve.6

Notes

  1. Le 22 septembre 1898.
  2. Le 29 octobre 1898.
  3. Il accusa ses collègues de partialité et leur reprocha un excès d'égard vis-à-vis du colonel Picquart. Il finit par démissionner le 8 janvier 1899
  4. Dans ses Carnets, le conseiller Alphonse Bard note qu'à la fin de l'été 1898, « sur une cinquantaine de journaux parisiens ayant quelque importance au point de vue l'opinion [...] le principe de la révision en rallia environ une douzaine [...].» Un exemple parmi d'autres donne le ton de la presse antidreyfusarde, celui d'un article du 27 septembre 1898 de L'AutoritéGranier de Cassagnac écrit :« Je sais bien que [...] la Cour de cassation prononcera en dernier ressort. Mais c'est l'antre de la juiverie et de l'internationalisme que cette Cour de cassation dont l'infect Procureur général Manau tient le comptoir. Et, à moins d'un retour de conscience chez ces vieillards oblitérés, nous sommes en route pour de nouvelles et incalculables ignominies. » Quant à Henri Rochefort, il affirme le même jour qu'un juge « ça s'achète comme une paire de bretelles », et il traite la Cour de cassation de « vieille traînée ».
  5. Le conseiller Bard, le procureur Manau et le président Loew y furent publiquement traités de « trio de coquins »

6. Journal L'Alsace édition de Mulhouse du 10 janvier 2012

Bibliographie

Livres écrits par Louis Loew :

  • Une page d'histoire financière : la vérité sur l'Union générale, par un magistrat, [signé : L.L.], Paris, Fischbacher, 1905.
  • La Loi de déssaisissement par un déssaisi, sa genèse, son vote, son abrogation, Fischbacher, Paris, 1910.


Livres évoquant la personne ou le rôle de Louis Loew dans l'Affaire Dreyfus :

  • Favreau Bertrand (sous la dir. de), Dreyfus réhabilité, cent ans après, Les Entretiens d'Aubeterre I, Le Bord de l'eau édition, 2007.
  • Jaquet-Loew James, Le Président Loew, Mulhouse, imp. de Meininger, 1929.
  • Lorent Roger, Louis Loew. À propos de l'affaire Dreyfus, Institut européen interuniversitaire de l'Action sociale, Marcinelle, 2005.
  • Motte Olivier, Lettres inédites de juristes français du XVIIIe siècle conservées dans les archives et bibliothèques allemandes, 2 vol., Bouvier Verlag, Bonn, 1989.

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