Bibliothèque de l'hôtel de ville de Paris
- Wikipedia, 21/12/2011
Bibliothèque de L’Hôtel de Ville (BHdV) | ||
---|---|---|
Informations géographiques | ||
Pays | France | |
Ville | Paris | |
Adresse | 5 rue de Lobau - 75004 PARIS | |
Coordonnées | 48° 51′ 23″ N 2° 21′ 08″ E / 48.856389, 2.35222248° 51′ 23″ Nord 2° 21′ 08″ Est / 48.856389, 2.352222 |
|
modifier |
La Bibliothèque de l'Hôtel de Ville (auparavant dénommée Bibliothèque administrative de la Ville de Paris) est une bibliothèque publique patrimoniale du réseau des bibliothèques de la Mairie de Paris. Elle est spécialisée en sciences sociales, droit, histoire contemporaine et documentation parisienne et constitue un lieu de recherche très important sur les XIXe et XXe siècles.
Sommaire |
Historique
La première bibliothèque municipale de Paris ouvrit ses portes au public en 1763. Négligée sous la Révolution, elle fut confisquée par le gouvernement en 1797 au profit de l’Institut de France. En 1801, Nicolas Frochot, premier préfet de la Seine décida la création d’une nouvelle bibliothèque qui fut installée dans l’Hôtel de Ville en 1817. Ses collections s’élevaient à plus de 100 000 volumes à la fin du Second Empire. Conçue tout d’abord comme une bibliothèque encyclopédique, la bibliothèque de la Ville devait, selon l’administration et certains de ses utilisateurs, se spécialiser afin d’affirmer son originalité par rapport aux autres établissements parisiens. L’acquisition d’ouvrages et de documents concernant Paris et les villes de France était depuis longtemps une priorité des responsables de l’établissement. En revanche, celui-ci ne répondait qu’imparfaitement aux besoins de documentation juridique de l’administration auprès de laquelle il était placé[1].
Le 24 mai 1871, la bibliothèque disparut dans l’incendie de l’Hôtel de Ville allumé par la Commune de Paris. La bibliothèque de la Ville commença à se reconstituer à l’hôtel Carnavalet sous la direction de Jules Cousin, dernier responsable de l’ancien établissement et qui avait fait don de ses collections historiques à la Ville, mais en juillet 1872, le programme du concours pour la reconstruction de l’Hôtel de Ville décida l’aménagement d’une bibliothèque dans le nouveau bâtiment. En effet, l’administration municipale souhaitait créer deux établissements distincts pour remplacer la bibliothèque disparue. « La bibliothèque de la Ville comprendra deux sections distinctes : 1° une section historique, qui est actuellement en voie de réorganisation à l’hôtel Carnavalet ; 2° une section administrative exclusivement à l’usage des services de la Préfecture, composée d’ouvrages généraux sur l’administration, le droit et la jurisprudence, l’économie politique, etc. et qui sera formée à l’Hôtel de Ville aussitôt que la reconstruction de l’édifice le permettra. »[2] C’est là l’origine de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris et de la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris (aujourd’hui Bibliothèque de l’Hôtel de Ville).
À partir de 1874, la Bibliothèque administrative occupa plusieurs pièces du Petit-Luxembourg puis fut transférée, en 1879, dans le pavillon de Flore des Tuileries. Cette situation fut provisoire. Les collections, qui s’élevaient déjà à plus de 15 000 volumes, furent transportées, de 1887 à 1890, dans la grande salle aménagée au cinquième étage du nouvel Hôtel de Ville où la bibliothèque put ouvrir ses portes le 15 juin 1890. En 1913, Ernest Coyecque, l’un des pionniers du développement de la lecture publique, en fut nommé conservateur. Pendant l’occupation allemande, le responsable de la bibliothèque, Alphonse Bérard (1882-1944), participa à un réseau de Résistance et fut arrêté en avril 1942. Il mourut en déportation à Mauthausen[3].
La salle de lecture de la bibliothèque, a été conçue par l’architecte Édouard Deperthes qui avait remporté le concours de la construction du nouvel Hôtel de Ville avec Théodore Ballu. Si, pour la disposition des grilles et du mobilier, on s’inspira de la bibliothèque Sainte-Geneviève, en revanche, le projet décoratif général s’en éloigna délibérément. Loin d’exalter la structure métallique de la salle, le parti fut pris de la masquer par un décor de chêne clair et de trompe-l’œil qui donne l’illusion d’une architecture traditionnelle en bois.
Collections
Les collections de la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville ont été constituées à l’origine pour répondre aux besoins de l’administration du département de la Seine dont le préfet faisait également fonction de maire de Paris. Contrairement aux bibliothèques administratives existant dans les ministères ou les grands corps de l’État, la bibliothèque de la préfecture de la Seine devait répondre à des besoins documentaires dans pratiquement tous les domaines de gestion de la plus grande collectivité locale, en même temps capitale[4]. C’est donc sur des bases très larges que les fonds de la bibliothèque se sont développés et enrichis depuis 140 ans. La constitution des collections destinées à remplacer celles qui avaient disparu en 1871 s’est faite par l’entrée régulière d’ouvrages d’actualité mais aussi par l’acquisition d’ouvrages anciens, notamment juridiques ou d’économie politique, des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Bibliothèque au service de l’administration et des élus municipaux parisiens mais également bibliothèque de conservation et de recherche ouverte au public, elle conserve aujourd’hui environ 600 000 volumes imprimés (dont 7 000 titres de périodiques vivants ou morts).
Les fonds de publications officielles, nationales et locales, françaises et étrangères constituent l’une des principales richesses documentaires de la bibliothèque.
Le fonds étranger compte environ 50 000 volumes. Ce sont pour la plupart des publications officielles, provenant de toutes les parties du monde (plus de vingt langues sont représentées) et couvrant principalement la période 1879-1920 (même si certaines séries remontent à la première moitié du XIXe siècle tandis que d’autres se poursuivent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et au-delà). L’histoire de cette collection remonte à Alexandre Vattemare, créateur à Paris sous la monarchie de Juillet du premier système d’échange international de publications. Il procura ainsi à la Ville de Paris, qui avait été en 1842 la première administration française à s’associer au projet, une magnifique bibliothèque américaine de près de 14 000 volumes qui, ayant été retirée de l’Hôtel de Ville en 1869, échappa à l’incendie de 1871[5] . Cette collection, retournée ensuite dans la nouvelle Bibliothèque administrative, fut le noyau de sa « section étrangère »[6] . En 1886, la Ville de Paris faisait ainsi des échanges de publications avec 266 correspondants étrangers, au niveau national, provincial ou municipal. La Première Guerre mondiale les interrompit avec un certain nombre de pays et les restrictions budgétaires des années 1920 y mirent un terme. Couvrant les domaines les plus variés, ce fonds représente aujourd’hui un ensemble unique en son genre de publications des administrations nationales et locales des pays suivants : États-Unis, Grande-Bretagne et ancien Empire britannique, Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie, Russie, Belgique, Pays-Bas, Espagne et Amérique latine, etc[7].
Comme la plupart des grands établissements de conservation, la Bibliothèque de l’Hôtel de ville possède une collection de manuscrits[8]. Les quelque 2 600 volumes mis à ce jour à la disposition des lecteurs sont en grande partie des recueils de pièces datant principalement des XIXe et XXe siècles. En raison de nombreux dons faits par des élus et fonctionnaires parisiens, une part importante des documents concerne l’administration municipale. On y trouve également des manuscrits juridiques et des papiers d’hommes politiques et d’administrateurs français. Les manuscrits de la bibliothèque forment ainsi le complément du fonds des imprimés, dans les mêmes domaines que celui-ci. L’acquisition faite il y a quelques années de documents provenant du comte Henri Siméon (1803-1874) a permis de renouveler la vision de l’histoire de l’urbanisme parisien du Second Empire[9]. En 2003, la bibliothèque a reçu une grande partie des papiers de l’historien Louis Chevalier (1911-2001) : manuscrits préparatoires de ses principales œuvres, textes des cours au Collège de France et à l’Institut des sciences politiques, dossiers documentaires, etc.
La Bibliothèque de l’Hôtel de Ville conserve environ 10 000 dessins dont la plupart datent des années 1855-1900 et sont l’œuvre d’architectes de l’administration parisienne. Le plus beau fonds est celui des dessins de Gabriel Davioud (1824-1881), légués à la Ville de Paris en 1917 par ses descendants. Signalons également les dessins des architectes Joseph Bouvard et Ulysse Gravigny pour la construction des pavillons de la Ville de Paris aux expositions universelles de 1878, 1889 et 1900. Quelque 2 500 pièces concernant la construction et la décoration du nouvel Hôtel de Ville sont également conservées[10] .
Fonds photographique de la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville
Le fonds photographique de la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville compte environ 42 000 pièces et plus de 150 albums, allant des années 1850 aux années 2000.
Ce fonds est essentiellement d’origine institutionnelle. La collection première, aux alentours de 1900, comprenait des vues prises par les photographes « préfectoraux » dans les années 1860-70 pour constituer la documentation technique des services : photos d’Albert Mansuy sur les projets de Gabriel Davioud, de Charles Marville sur le mobilier urbain et les rues à transformer, d’Albert Fernique sur la reconstruction de l’hôtel de ville ou les canaux, de Pierre Emonds sur les collections du musée Carnavalet… Des vues isolées ou en albums, provenant d’échanges avec de grandes villes étrangères (New York, Montréal, Toronto, Melbourne, Florence, Vienne) complétaient ce fonds[11]. Le fonds s’est enrichi depuis de photographies de même origine « officielle » grâce aux dons de la Direction des parcs, jardins et espaces verts (squares et terrains de sports), de la Direction de la voirie (construction du métro), de la Mission communication interne de la Mairie de Paris (iconographie de la presse municipale) et aux versements de la Bibliothèque du Conseil municipal. Il s’est accru aussi par achats ponctuels d’épreuves choisies pour leur intérêt documentaire en relation avec les domaines d’excellence de la BHdV (photographies de bâtiments administratifs, des anciennes colonies françaises, de villes étrangères…) ou par dons de particuliers aux mêmes conditions (fonds Lausi, cartes postales dédicacées d’artistes allemands…)
Fonds des anciennes colonies françaises
La Bibliothèque possède un fonds important de publications officielles émanant des administrations locales des anciennes colonies françaises. Ce fonds, qui couvre plus particulièrement les XIXe et XXee siècles, s’est constitué en particulier grâce au service direct des divers départements de l’administration coloniale adressé à la Préfecture de la Seine et à la Ville de Paris. Si l’Afrique du Nord (2200 volumes) et l’Afrique noire occupent une place prépondérante, l’Asie (800 volumes) et les « Vieilles colonies » (Saint-Pierre-et-Miquelon, Antilles, Guyane, Réunion) sont également bien représentées. Bulletins et journaux officiels, procès-verbaux des assemblées locales, budgets et comptes, rapports des principales directions, études et communiqués des Chambres de commerce permettent d’étudier l’histoire coloniale vue du côté des colonisateurs.
Ces collections sont indissociables du fonds général de la Bibliothèque : la politique mise en œuvre dans les territoires s’élabore en métropole. C’est donc aussi dans les publications officielles métropolitaines (Bulletin des lois, Journal officiel de la République française, Bulletins officiels des ministères, etc.) que l’on peut suivre l’évolution et la mise en place des cadres administratifs coloniaux. Cette complémentarité des fonds offre une étude de l’histoire coloniale dans sa presque totalité : organisation militaire, administrative, financière, économique, scolaire, culturelle, etc.
La numérisation entreprise par la Bibliothèques sur ses documents patrimoniaux a permis la mise en ligne de 5 volumes consacrés à l’Afrique du Nord.
Documentation biographique
Créé vers 1960, le fichier de documentation biographique a constitué quantitativement le fichier de références le plus important de la Bibliothèque (220 000 notices). Il propose, à partir du dépouillement de ses collections (livres, périodiques, brochures, dossiers de presse, etc.), des informations concernant toute personne, quels que soient son époque et son lieu d’origine. Sont retenus les textes biographiques sans distinction de point de vue et ceux qui traitent d’un point de vue spécial ou indiquent une relation.
Depuis 2005 pour les monographies et 2008 pour les périodiques, le dépouillement biographique s’effectue dans la base et les notices sont consultables par le public dans le catalogue des bibliothèques spécialisées. En 2010/2011, ont été mises en ligne les notices de la conversion rétrospective de ce fichier.
Désormais accessible au plus grand nombre, cette documentation biographique répond à l’intérêt toujours croissant porté par les chercheurs aussi bien que par les particuliers à la biographie et à la prosopographie.
Bibliographie
Coyecque (Ernest). « Bibliothèque administrative de la préfecture de la Seine », dans La Revue des bibliothèques, 1928, no 4-6.
Casselle (Pierre). « Les bibliothèques administratives centrales françaises et la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris », dans 55e Conseil et conférence générale de l'Ifla, Paris, 19-26 août 1989, session 108, mardi 22 août, 4 f. in-4°.
La Bibliothèque administrative de la Ville de Paris. Paris, Agence culturelle de Paris, 1993. In-8°, 105 p : ill en noir et en coul.
Casselle (Pierre), « Bibliothèque administrative de la Ville de Paris », dans Patrimoine des bibliothèques de France..., vol. 1. Paris, Payot, 1995, p. 62-67 : ill. en coul.
Casselle (Pierre), « Les bibliothèques de l’Hôtel de Ville », dans Les bibliothèques parisiennes, architecture et décor. Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 2002, p. 206-209, ill.
Notes et références
- ↑ Maurice Tisserand, La première bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris (1760-1797). Paris, Imprimerie nationale, 1873. - Casselle (Pierre), « La Bibliothèque administrative et l’ancienne bibliothèque de l’Hôtel de Ville », dans Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris. Paris, Agence culturelle de Paris, 1988. - Pierre Casselle. « Paris. La Ville et ses bibliothèques », dans Les bibliothèques centrales et la construction des identités collectives. Leipzig, Leipziger Universitätsverlag, 2005, p. 79-86 : ill. (L’Europe en réseaux. Contributions à l’histoire de la culture écrite=Vernetztes Europa. Beiträge zur Kulturgeschichte des Buchwesens, III.)
- ↑ Ville de Paris. Projet de budget de l’exercice 1873. Paris, Charles de Mourgues frères, octobre 1872, p. 113.
- ↑ Dossier conservé à la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville.
- ↑ Préfecture de la Seine. Catalogue de la Bibliothèque administrative, section française. Paris, Marchal et Billard, 1890. In-8°, 632 p. - Préfecture de la Seine. Catalogue de la Bibliothèque administrative, section française. Paris, Imprimerie municipale, 1898. In-8°, 890 p.
- ↑ Pierre-Alain Tilliette, L’Ambassadeur extravagant : Alexandre Vattemare, ventriloque et pionnier des échanges culturels internationaux, Paris, Le Passage, Paris-bibliothèques, Boston Public Library, 2007.
- ↑ Préfecture de la Seine. Catalogue de la Bibliothèque administrative, section étrangère dressé par A. Canot. Paris, Imprimerie nationale, 1892. In-8°, 711 p.
- ↑ Voir les catalogues raisonnés consacrés à ces fonds, publiés par Paris bibliothèques : Catalogue des fonds coloniaux, I : Grande-Bretagne, Pays-Bas et Portugal. Paris, 1992. In-4°, 284 p. – Catalogue du fonds des États-Unis d’Amérique, I [publications officielles fédérales ; bibliographie générale]. Préface d’André Kaspi. Paris, 1997. In-4°, 383 p. – Catalogue du fonds allemand. Préface de Werner Paravicini. Paris, 1999. In-4°, 513 p. –Catalogue du fonds des États-Unis d’Amérique, II [publications des États, des villes et des universités. Paris, 2002. In-4°, 459 p.
- ↑ Catalogue des manuscrits, I. Nos 1 à 1 253. Paris, 1988. In-4°, 245 p. - Catalogue des manuscrits, II. Nos 1 254 à 2 258. Paris, 2005. In-4°, 255 p.
- ↑ Voir : Commission des embellissements de Paris. Rapport à l’empereur Napoléon III rédigé par le comte Henri Siméon (décembre 1853), édité et présenté par Pierre Casselle. Paris, 2000.
- ↑ Voir Livre du centenaire de l'Hôtel de Ville. Paris, 1982.
- ↑ A. Tartié et P. A. Tilliette : « Les photographies du fonds étranger de la Bibliothèque administrative » dans Collections parisiennes, no 5, juillet 2000, p. 9-17.
Liens externes
Catalogue des bibliothèques spécialisées
Présentation des bibliothèques spécialisées de la Ville de paris et renseignements pratiques