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Lucien Herr

- Wikipedia, 27/01/2012

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Lucien Herr (1864, Altkirch, Haut-Rhin - 18 mai 1926) était un célèbre intellectuel et pionnier du socialisme français. Il est enterré dans un cimetière de Seine-et-Oise[1].

Sommaire

Biographie

Lucien Herr est né le 17 janvier 1864 à Altkirch.

À ses 20 ans il rentre à l'École normale supérieure et il est agrégé de philosophie en 1886.

Le bibliothécaire de la Rue d'Ulm, éminence grise et mentor intellectuel de jeunes socialistes en formation

Il pose dès la fin de ses études sa candidature au poste de bibliothécaire de l'établissement, qu'il occupe de 1888 jusqu'à la fin de sa vie. Cette fonction emblématique dans l'établissement cadre bien avec cet homme qui passait pour avoir tout lu, tout retenu et connaissait sur chaque question, en chaque langue, le dernier ouvrage paru. Il la mit aussi à profit pour défendre ses idées socialistes et les Droits de l'homme, notamment auprès des nombreux élèves dont il guidait les recherches dans la bibliothèque. A son contact, plusieurs générations de leaders socialistes découvrirent les grands auteurs du socialisme : "Herr avait lu tous les ouvrages de philosophie politique. Il connaissait Fichte, Marx et Engels aussi bien que Proudhon et les utopistes français et préparait un livre sur Hegel qu'il ne termina jamais"[2]. "Ce fut Herr, déclarait Leon Blum, qui cristallisa toutes les tendances diffuses qui étaient en moi et c'est à lui que je dois d'avoir opéré une "réorientation profonde" de ma conception individualiste et anarchique du Socialisme"[3].

L'historien américain Joe Colton dresse un portrait de Lucien Herr : "bibliothécaire de l'Ecole Normale de 1888 à 1926, Herr fut non seulement le conseiller et le guide de plusieurs générations d'étudiants mais il en convertit un grand nombre au socialisme. (comme certains d'entre eux occupèrent des postes universitaires importants où jouèrent de grands rôles sur la scène politique, on le considérait comme l'éminence grise de la IIIème République). Ce fut Herr qui entraîna Jaurès en lui montrant que le socialisme était l'aboutissement logique de ses convictions républicaines. Il eut moins de succès avec Édouard Herriot. Grand érudit, Herr avait une personnalité exceptionnelle à laquelle Blum rendra hommage lorsqu'il écrira ses souvenirs sur l'affaire Dreyfus. Pendant plus de trente ans encore il sera le père spirituel, le prosélyte et le guide des meilleurs esprits de l'université, le confident et les directeur de conscience d'innombrables hommes qui occupèrent des postes élevés dans la vie publique"[4]

Un intellectuel lettré ne vivant pas reclus dans sa tour d'ivoire de l'École Normale Supérieure

Pacifiste, il était aussi un spécialiste de la culture germanique. Il sera très déçu du déclenchement du conflit en 1914.

Vers 1889, il rejoint le « parti possibiliste », la Fédération des travailleurs socialistes de Jean Allemane séduit par son action la défense de la République au cœur de son action (face au général Boulanger notamment) et sa revendication de la grève générale. Il est ensuite adhérent du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. C'est lui qui aurait « converti » Jean Jaurès au socialisme[5].

Lors de l’affaire Dreyfus, Herr réplique à Maurice Barrès dans La Revue blanche du 15 février 1898, et revendique sa qualité de « déraciné » (sa famille choisit de rester française après l'annexion de 1871) et organise la rencontre des intellectuels dreyfusards (Zola, Clemenceau, Jaurès, Lazare, Scheurer-Kestner et Péguy). Il lance une pétition en faveur du capitaine et devient un des fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, à laquelle il resta fidèle jusqu'à sa mort.

Il est cofondateur en 1904 du quotidien l’Humanité, dont il trouve le titre, et favorise par son intense travail militant au sein du « Groupe de l’unité socialiste » qui aboutit en avril 1905 au Congrès du Globe et à la création de la SFIO[6]. Au Congrès de Tours en 1920, il contribue à la rédaction du discours de Léon Blum, meurtri par la division d'un mouvement qu'il avait fortement contribué à unir.

Après la Première Guerre mondiale, il contribue à renouer les relations intellectuelles avec les Allemands et, dès 1920, reçoit pour mission de négocier à Berlin le réapprovisionnement des bibliothèques de France.

En 1916, il prend la direction du Musée pédagogique, l'ancêtre de l'INRP. Il y restera jusqu'à sa mort en 1926[7].

Paul Etard lui succéde en 1926 à son poste de bibliothécaire de l'ENS.

Le fonds d'archives Lucien-Herr est consultable aux Archives d'histoire contemporaine, rattachées au Centre d'histoire de Sciences Po.

En 1927, un hommage lui est rendu en nommant de son nom la place Lucien-Herr dans le 5e arrondissement de Paris proche de l'ENS.

Citations

  • « Il fut un des maîtres de notre jeunesse, certainement le plus pur et le plus ardent. » (Charles Péguy)
  • « En 1924, il y avait encore un homme : c'était Lucien Herr. Quand on voyait ce géant penché sur une colline de livres, ces yeux sans brouillard au pied d'un front bossué, d'une sévère falaise de pensées, lorsqu'on entendait sa voix qui ne mentait jamais énoncer des jugements qui ne voulaient que cette fin juste : rendre à chacun ce qui lui revient, on savait qu'il n'était pas périlleux de vivre dans cette demeure crasseuse. » (Paul Nizan, Aden Arabie)

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932.
  • Charles Andler, " vie de Lucien Herr ", Réédition François Maspéro, 1977 (collection Actes du peuple)
  • Anne Alter et Philippe Testard-Vaillant, Guide du Paris Savant, Belin, Paris.
  • Charles Andler, Lucien Herr, "Correspondance 1891 - 1926", Éditions Rue d'Ulm, Paris 1992
  • Daniel Lindenberg et Pierre André Meyer, "Lucien Herr le socialisme et son destin" Callman-Levy 1977

Sources

  1. http://www.lepost.fr/article/2009/11/02/1770767_j-ai-decouvert-la-tombe-du-parti-socialiste.html
  2. COLTON (J), Leon Blum, Fayard, 1966, p 31
  3. Comment...socialistes, de Lévy, p 21.
  4. COLTON (J), Léon Blum, Fayard, 1966, p 31.
  5. Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932.
  6. Il y a 80 ans disparaissait Lucien HERR
  7. Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932

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