Adolphe Billault
- Wikipedia, 24/01/2012
Adolphe Augustin Marie Billault, né le 12 novembre 1805 à Vannes (Morbihan) et mort le 13 octobre 1863 à Basse-Goulaine[1] (Loire-Atlantique), est un avocat et homme politique français, d'orientation au départ libérale, ensuite rallié au régime impérial, plusieurs fois député de la Loire-Inférieure et ministre.
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Biographie
Origines, formation et vie familiale
Fils d'Augustin Billault, receveur des douanes, nommé à Morlaix en 1815, et de Marie-Rose Jamet du Kergoët, d'une famille d'armateurs ruinée par les guerres napoléoniennes, Adolphe Billault fait ses études secondaires au collège de Saint-Pol-de-Léon, puis passe le baccalauréat à Rennes en 1822.
Il fait des études de droit à Rennes[2]où il se lie avec un autre Morbihannais et futur Nantais, Ange Guépin[3]. Il obtient sa licence en 1825, et s'installe comme avocat à Nantes à la suite de son stage (1825-1828) ; il devient membre du Conseil de l'ordre en 1830 .
En 1830, il épouse Françoise Bourgault-Ducoudray, fille du président de la Chambre de commerce, Guillaume Bourgault-Ducoudray, propriétaire du domaine des Grézillières à Basse-Goulaine, dont une partie échoit à Adolphe Billault et où il fera bâtir le château qui existe actuellement (architecte : Joseph-Fleury Chenantais[4]). Ils auront deux filles dont les époux adopteront le nom de leur beau-père : Julien Henry Busson-Billault et François de La Noue-Billault (conseiller d'État).
Monarchie de Juillet
Sur le plan professionnel, il connaît la réussite et sera bâtonnier en 1838. Parmi les procès où il plaide, on peut citer en 1832 celui du général de Kersabiec, impliqué dans la tentative de soulèvement légitimiste de la duchesse de Berry, qui échappe à la peine de mort. Adolphe Billault devient aussi avocat-conseil de plusieurs personnalités : duc d'Aumale, la duchesse de Valençay, le duc de La Rochefoucaud-Liancourt[5].
Il fait partie avec Camille Mellinet, Ange Guépin et le fondeur Voruz de la Société industrielle destinée à améliorer la condition ouvrière[6]. Il est aussi membre de la Société académique. Il écrit des articles dans le journal Le Breton de Camille Mellinet. Adolphe Billault se montre notamment favorable à l'établissement d'un système de protection sociale.
Il entame une carrière politique comme conseiller municipal de Nantes en 1830 ; il est réélu en 1831 et en 1837. Il contribue à l'établissement de l’École primaire supérieure en 1833 mais échoue dans un projet de rétablir la Faculté de Médecine. Il devient conseiller général de la Loire-Inférieure en 1833 (3e canton). Il démissionne de ces deux mandats lorsqu'il s'installe à Paris en 1841[5]
Il est élu député le 4 novembre 1837 à Ancenis (4e collège électoral de la Loire-Inférieure) avec 146 voix sur 192 votants et 458 inscrits et à Pont-Rousseau (3e collège). Il opte pour Ancenis ; il est réélu le 9 juillet 1842 par 103 voix sur 113 votants et 146 inscrits et le 1er août 1846 par 99 voix sur 117 votants et 166 inscrits. En 1842, il est aussi élu dans la 3e circonscription de Paris, mais reste député d'Ancenis.
En 1838, il devient membre et secrétaire de la Commission des chemins de fer. Saint-simonien et anticlérical, il siège dans les rangs de la gauche et vote avec l'opposition jusqu'en 1840.
Le 1er mars 1840, il est nommé sous-secrétaire d'État à l'Agriculture et au Commerce dans le second ministère Thiers, où Alexandre Goüin est ministre de l'Agriculture et du Commerce.
Il rentre dans l'opposition lorsque le cabinet se retire le 29 octobre 1840, et y demeure jusqu'en 1848. Il se signale dans le débat sur le droit de visite des navires, contraignant Guizot à remettre en chantier la convention négociée le 20 décembre 1841 avec le Royaume-Uni. Il intervient aussi à propos de l'affaire Pritchard et du protectorat français sur Tahiti, faisant quatre discours à ce sujet de 1842 à 1845.
Continuant de voter le plus souvent avec l'opposition dynastique, il tend à se rapprocher du ministère Guizot dans les années 1845. C'est ainsi qu'il soutient le gouvernement sur la question des mariages espagnols. Il ne participe pas à la campagne des banquets républicains qui a lieu en 1846-47. Dans la discussion de l'adresse de janvier 1848, il refuse de s'associer à la demande de mise en accusation du cabinet.
Deuxième République
Après la Révolution de 1848, il est élu représentant de la Loire-Inférieure à l'Assemblée constituante le 23 avril 1848 sur la liste modérée dite « de l'hôtel d'Aux », dont le premier élu est Victor Lanjuinais ; il est lui-même 4e sur 13 avec 88 858 voix sur 121 699 votants et 153 494 inscrits).
Il fait une déclaration républicaine et vote avec le parti démocratique modéré du général Cavaignac : contre le cautionnement (9 août), pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière (26 août), pour le rétablissement de la contrainte par corps (1er septembre), contre la suppression de l'impôt du sel (27 septembre), pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac (25 novembre), contre l'interdiction des clubs (21 mars 1849), pour l'amnistie des transportés (2 mai). Il ne prend pas part aux divers scrutins relatifs à l'expédition de Rome. « À la Constituante, observe le Dictionnaire des parlementaires français, Billault parut chercher sa voie ; votant le plus souvent avec la droite, contre la Montagne, il affectait par moment de se rapprocher de ce dernier groupe, et réclamait, par exemple, le droit au travail » (c'est-à-dire l'inscription du droit au travail dans la Constitution). Il est absent de l'assemblée en raison d'un problème familial au moment de la discussion sur le mode de scrutin pour l'élection du président de la République, privant les adversaires de l'élection au suffrage universel d'un orateur important.
En 1849, il n'est pas réélu à l'Assemblée législative et échoue en 1850 dans une élection partielle à Mâcon. Cela ne l'empêche pas de redoubler d'activité politique et de se trouver mêlé aux conciliabules extra-parlementaires qui vont décider du sort de la Deuxième République. Rallié à la politique de Louis-Napoléon Bonaparte, il devient en 1851 un des familiers du palais de l'Élysée. Il y est un conseiller écouté et reçoit même la mission, à la retraite de Léon Faucher, de former un ministère mais la combinaison échoue.
Second Empire
Après le coup d'État du 2 décembre 1851, il se présente comme candidat officiel dans la 2e circonscription de l'Ariège ; il est élu au Corps législatif le 29 février 1852 (26 962 voix sur 27 009 votants) et nommé président de cette assemblée par Louis-Napoléon ; dans son discours d'installation, il prononce, non sans un certain embarras, l'oraison funèbre du régime parlementaire : « Nous n'aurons plus autour de l'urne législative les évolutions des partis tenant sans cesse le ministère en échec, le forçant de s'absorber en un soin unique, celui de sa défense, et n'aboutissant trop souvent qu'à énerver le pouvoir. »[7].
En sa qualité de président du Corps législatif, il est chargé dans la soirée du 1er décembre 1852 de porter à Saint-Cloud le résultat officiel du plébiscite en faveur du rétablissement de la dignité impériale. Premier à saluer Napoléon III du titre de Sire, il déclare : « Abritant dans un immense souvenir de gloire ce qu'elle a de plus précieux, son honneur au dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels principes de 89, bases désormais inébranlables de la nouvelle société française si puissamment organisée par votre oncle, notre nation relève avec un orgueilleux amour cette dynastie des Bonaparte, sortie de son sein, et qui ne fut point renversée par les mains françaises. »
En février 1853, il est nommé vice-président du Conseil supérieur du Commerce et de l'Industrie, où il défend un point de vue protectionniste.
L'Empereur, désireux de donner la présidence du Corps législatif à Morny, profite du renvoi de Persigny pour nommer Billault ministre de l'Intérieur le 23 juin 1854. Il entre au Sénat le 4 décembre 1854, laissant le siège de Saint-Girons à son gendre, Julien Busson-Billault. En tant que ministre, il obtient de bons résultats électoraux aux élections cantonales de 1855 (944 candidats officiels élus sur 975) et au législatives de 1857 (5 400 000 voix pour les candidats officiels contre 660 000 ; mais 5 députés de Paris sur 10 sont républicains). En revanche, il est moins efficace en tant que responsable de la police et l'attentat d'Orsini le 14 janvier 1858 entraîne son remplacement par le général Espinasse (8 février 1858).
Billault redevient ministre de l'Intérieur le 1er novembre 1859. Il assure l’intérim de l’Instruction publique et des Cultes du 29 août au 30 septembre 1860. Durant cette période, il a à s'occuper de l'annexion de la Savoie et du comté de Nice et des conséquences politiques de l'intervention française en Italie, qui crée de fortes tensions avec les catholiques, en particulier avec le journal de Louis Veuillot, L'Univers.
Le 24 novembre 1860, il devient un des trois ministres sans portefeuille, chargés de défendre la politique impériale devant les Chambres ; il peut ainsi déployer ses talents oratoires et domine nettement ses deux collègues. En 1861, Napoléon III lui fait don de l'hôtel Saltykoff à Paris[8] et le nomme ministre d'État le 23 juin 1863 ; il apparait alors comme un personnage très important du régime. Mais en réalité il n'a pas de pouvoir ; les joutes parlementaires épuisent sa santé et il connaît une forme de dépression, qui apparaît dans la correspondance qu'il entretient avec la princesse Julie Bonaparte[9] ; il est aussi affecté par la mort de sa femme.
Il meurt prématurément dans sa propriété des Grézillières, avant les élections de 1863 dont les résultats devaient rendre plus difficile encore son rôle de porte-parole. Dans une lettre du 20 octobre 1863, Prosper Mérimée écrit « La mort de M. Billault, est un coup funeste ; c'était assurément le plus habile et le plus propre à lutter avec courage contre les orateurs de l'opposition. Ce n'était pas un homme d'État, mais c'était un instrument merveilleux entre les mains d'un homme d'État. » Napoléon III se montre aussi très affecté par cette perte. Ses funérailles ont lieu à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.
Hommages
- La ville de Nantes lui élève devant le palais de Justice une statue inaugurée le 15 septembre 1867 en présence du ministre Eugène Rouher, mais elle est retirée après la chute du Second Empire (1872).
- À Paris, la rue de l'Oratoire-des-Champs-Élysées (actuelle rue Washington) s'est appelée rue Billault de 1867 à 1879.
- En 1963 (centenaire de sa mort), une exposition est organisée à Nantes : Adolphe Billault et son temps, 1805-1863 par Henri de Berranger et L. Rouzeau (Archives départementales de Loire-Atlantique).
- Actuellement, il existe un boulevard Adolphe Billault à Nantes, sur l'île Beaulieu.
Sources
Liens externes
- Fiche biographique sur le site de l'Assemblée nationale française
- Fiche biographique sur le site de l'Institut national de recherches pédagogiques
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, vol. 1, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891
- Claude Kahn et Jean Landais, Nantes et les Nantais sous le Second Empire, Nantes, Ouest Éditions, 1992 (ISBN 978-2-908261-92-9) .
Fiche biographique ; détails sur la statue d'Adophe Billault à Nantes.
Ouvrages spécialisés
- Henri de Berranger, Un Nantais ministre de Napoléon III, Adolphe Billault, 1805-1863, dans Bulletin de la Société archéologique de Nantes et de Loire-Atlantique, 1960 (vol. 99, pp. 60-72) et 1961 (vol. 100, pp. 3-18)
- Noël Blayau, Adolphe Billault, ministre de Napoléon III d'après ses papiers personnels, 1805-1863, Éditions Klincksieck, Paris, 1969. Recension critique de Geneviève Massa-Gille dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 1971, vol. 129, no 2, pp. 488-491, disponible sur le sité Persée
- Yann Le Marec, L'entrée en politique d'Adolphe Billault, dans Politix, 1996, vol. 9, no 35, pp. 7-22, disponible sur le sité Persée
Notes et références
- ↑ Acte de décès cité dans le Bulletin de la Société archéologique de Nantes
- ↑ Le Marec, page 10, pour les études d'Adolphe Billault.
- ↑ Philippe Le Pichon, "Ange Guépin dans l'histoire de Nantes", dans : Alain Croix dir., Du sentiment de l'histoire dans une ville d'eau Nantes, Nantes-Histoire/Editions de l'Albatros, Thonon-les-Bains, 1991, pp. 155-172. [ISBN 978-2-908528-31-2]
- ↑ Cf. site sur le patrimoine de Basse-Goulaine et Bulletin de la Société archéologique cité supra.
- ↑ a et b Henri de Berranger, 1960.
- ↑ Philippe Le Pichon, "Ange Guépin dans l’histoire de Nantes", page 162
- ↑ cité par le Dictionnaire des parlementaires français
- ↑ 10 rue de Saint-Arnaud, actuellement rue Volney.
- ↑ Julie Charlotte Bonaparte (1830-1900), fille de Zénaïde Julie. Cf. : site The peerage.