Affaire du réseau pédophile d'Angers
- Wikipedia, 30/12/2011
L'Affaire du réseau pédophile d'Angers désigne une affaire criminelle française dans laquelle 66 personnes (hommes et femmes) ont été accusées d'avoir abusé sexuellement de 27 enfants (âgés de 6 mois à 12 ans) et de les avoir violés de 1999 à 2001. Une bonne partie des accusés sont des parents, voire des grands-parents qui ont été condamnés pour avoir abusé et violé leurs propres enfants.
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Déroulement de l'enquête
L'enquête commence en mars 2002 à Angers lorsqu'une jeune femme de 32 ans, Margot, se rend au commissariat pour faire des déclarations concernant son ex-mari, Éric. Selon ses déclarations, ce dernier aurait raconté, pendant leurs ébats sexuels, qu'il fantasmait sur des enfants et qu'un jour, il a violé Marine, la fille d'un de ses amis âgée de cinq ans. Margot déclare penser que le problème de son mari concerne les enfants, que ce n'est pas qu'un fantasme. Elle omet volontairement de déclarer que les viols ont bien eu lieu puisqu'il sera établi qu'elle y a participé elle-même.
La police commence l'enquête et s'aperçoit vite qu'Éric a déjà été condamné à six ans de prison pour avoir abusé sexuellement de ses propres enfants. Toutefois il n'a fait que deux ans de détention. La police enquête sur les parents de Marine (Franck et Patricia) mais ne constate rien de particulier dans la vie du couple. Puis, un jour, l'institutrice de l'école maternelle dans laquelle se trouve Marine reçoit des confidences plus que troublantes : en effet Marine raconte à cette dernière qu'elle joue avec son papa toute nue. Marine raconte ensuite que ce n'est pas son père qui a abusé d'elle, mais son grand-père. Ces faits datant de 1999 avaient conduit à l'arrestation du père de Patricia qui avait été condamné à six ans de prison. Quant aux parents ils s'étaient vus retirer la garde de leur(s) fille(s).Patricia qui avait, elle aussi, été abusé par son père étant plus jeune.
Suite aux témoignages de l'institutrice la police d'Angers se rend au domicile de Franck et Patricia et s'aperçoit que la famille vit dans des conditions très défavorisées. Franck et Patricia sont amenés au commissariat ainsi qu'Éric afin de savoir si Marine et les autres enfants du couple sont en sécurité ou s'ils sont victimes, de quelque manière que ce soit, de violences. C'est à ce moment-là que Patricia révèle que Marine n'est pas la seule enfant ayant subi des violences sexuelles. Elle raconte qu'il lui arrive d'emmener chez elle d'autres enfants (qui sont dans la même école que Marine) et que ces derniers sont tour à tour abusés et violés par Éric, Franck et d'autres personnes (ces personnes sont des amis du couple issus de la même catégorie sociale). Patricia dit aussi que les parents des autres enfants paient Patricia pour que Franck et ses amis violent les enfants; en échange Patricia donne aux parents des denrées alimentaires et autres boîtes de conserve. Cependant elle nie participer aux viols et reste dans le salon avec les mères des enfants au moment de ces abus. Néanmoins des femmes ont participé aux viols sur les enfants ou forçaient ces derniers à regarder leurs ébats.
Au fur et à mesure de l'enquête la police procède à une quinzaine d'arrestations et on dénombre sept enfants violés. La police, à ce moment-là, se demande d'où vient l'argent qui sert à payer Patricia car les amis du couple et tous ceux qui viennent chez le couple sont pauvres et pour certains d'entre eux ne bénéficient que du RMI. Puis un certain Didier qui est pédophile (et pauvre) est arrêté et explique que depuis quelque temps il sort régulièrement dans des bars à hôtesse et qu'il dépense entre 800 et 1500 F (300 €). Ces 1500 F, selon les policiers, ne proviendraient que de l'argent donné par Patricia pour violer les enfants.
Certaines personnes impliquées dans cette affaire racontent également que des gens cagoulés ainsi qu'un maghrébin viendraient régulièrement chez Franck et Patricia. De plus ces mystérieux hommes en noir et cagoulés seraient plus riches et violeraient de surcroit les enfants tandis que le maghrébin décrit par une des personnes « faisait le portier, le videur ». Malgré de nombreuses recherches, les policiers de la brigade des mineurs d'Angers ne retrouvent pas ces personnes, pas plus que de preuve de leur existence.
Par ailleurs, une certaine Stéphanie, assistante sociale, est arrêtée pour avoir participé aux viols bien qu'elle clame son innocence. Elle est condamnée pourtant pour non dénonciation d'abus sur mineur pour n'avoir rien dit alors qu'elle savait que des enfants étaient violés. En outre, les enfants de Stéphanie racontent que leurs parents (Stéphanie et Georges) leur interdisaient de parler de ces viols à qui que ce soit. Mais Stéphanie déclare qu'elle n'était pas au courant que ses propres enfants étaient victimes de ces abus.
En septembre 2002 Patricia raconte par la même occasion qu'elle et son mari ainsi que Margot et Éric emmenaient des enfants dans un jardin ouvrier près d'Angers et qu'ils se livraient avec d'autres personnes à des viols sur ces enfants. Puis elle déclare que des photos étaient faites ainsi que des enregistrements vidéos. Quand les policiers et la juge d'instruction veulent retrouver ces photos et vidéos compromettantes, ils se rendent compte que les auteurs des faits ont tout brûlé.
Au total 66 personnes sont incarcérées pour abus sexuels sur mineur et viols sur 45 enfants.
Les procès
Premier procès
Au bout de deux ans et demi d'enquête et de procédure judiciaire, le procès des pédophiles d'Angers s'ouvre le 3 mars 2005 et doit durer cinq mois. C'est le procès des 66 accusés qui sont tous présents. Il se tient dans un huis clos partiel en présence de la presse mais pas du public. Une salle a été spécialement prévue pour accueillir ce procès hors-norme. À la mi-avril 2005 la cour diffuse les auditions des enfants qui ont été filmés. Marine, qui est au centre de toute cette affaire donne, à l'un des policiers chargé de l'enquête, un dessin qui montre son envie de revoir ses parents malgré la situation. Les mères des enfants (dont certaines se retrouvent sur le banc des accusés comme la sœur de Franck) pleurent, en voyant les auditions, mais la plupart des hommes ne semblent pas éprouver de sentiments.
Éric et Franck, pendant ces cinq mois de procès nient les accusations.
Les policiers n'ont pas pu apporter de preuves matérielles concernant la culpabilité des accusés : en effet les seules preuves éventuelles auraient été des photos et des enregistrements pris lors de certains viols mais ces preuves ont été brûlées aux dires de Patricia. Aucune trace de coup ou de violence n'était visible sur le corps des enfants.
Fin juillet 2005 à la fin du procès les jurés condamnent Franck (le père de Marine) à 18 ans de prison; le père de Franck, lui, est condamné à une peine de 15 ans (il est intéressant de noter qu'il violait son fils Franck quand il était enfant) tandis que sa femme Patricia écope de 16 ans. Quant à Eric il est condamné à 28 ans de prison et échappe de peu à la peine maximale. Trois des 66 accusés sont acquittés et 12 d'entre eux font appel de la décision.
Procès en appel
Ainsi s'ouvre en mars 2007 le "second" procès d'Angers qui, cette fois-ci, se déroule à Nantes et doit durer 1 mois. Franck n'a pas fait appel de la décision et ne participe donc pas à ce procès. Parmi les 12 accusés qui sont tous composés d'hommes il y a Eric ainsi que d'autres personnes telles que Moise, Jean-Marc (le frère d'Eric) et Georges (l'ex-mari de Stéphanie l'assistante sociale). Durant ce procès Sabine, désormais majeure, une des enfants martyrs, vient témoigner de ce qu'elle a subi. Elle raconte comment Eric (qui n'a rien raconté lors du premier procès et qui niait tout) la violait dans sa voiture et lui interdisait de parler du viol, en la menaçant de mort. Puis un autre témoignage dénonce Jean-Marc (lui aussi niait tout) qui admet au cours du procès avoir participé aux viols. Par ailleurs Eric, qui a admis également les viols qu'il a commis, adresse une lettre à ses victimes. Il exprime ses regrets et demande à être pardonné des enfants. L'une des avocates des enfants estime que cette lettre est un stratagème, lui permettant d'obtenir une peine moindre.
Le 17 avril 2007 les jurés condamnent Eric à 28 ans de prison (peine inchangée) tandis que Moise et le frère d'Eric, parmi d'autres, voient leur peine réduite d'un an ou légèrement allongée.
Pour en savoir plus
Articles connexes
Sources
L'émission Faites entrer l'accusé de France 2 produite en 2008.
Bibliographie conseillée
- Jurée d'assises : dans les abîmes de l'enfance violentée / Claudie Brouillet ; préface d'André Lourdelle. Les éditions de l'Atelier / Les éditions ouvrières, DL 2010. ISBN 978-2-7082-4112-1
Sites externes
- Benoit Le Vaillant, Angers, l'immense procès de la pédophilie, lire en ligne.
- Delphine Saubaber, Enfants martyrs : Le procès d'Angers, L'Express, lire en ligne.