Émile Louis
- Wikipedia, 23/12/2011
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Émile Louis, né près d'Auxerre le 21 janvier 1934, est un tueur en série français. Il a avoué en 2000 avoir assassiné sept jeunes filles disparues dans les années 1970, mais s'est rétracté un mois plus tard.
En mars 2004, il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour viol et torture sur son épouse et sa fille. Il a également été condamné pour atteintes sexuelles sur mineures en 1983 (4 ans de prison) et en 1989 (5 ans de prison).
En juin 2006, la cour d'appel de Paris confirme une peine identique à la première instance pour l'affaire des disparues de l'Yonne : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La Cour de cassation confirme cette condamnation en septembre 2007.
Sommaire |
Sa vie
Il naît le 21 janvier 1934 à Pontigny (à 25 km au nord-est d'Auxerre) dans l'Yonne. Il est abandonné par sa mère au cours des premiers jours de sa vie. Il est pris en charge par la DDASS puis adopté par une famille d'accueil.
Dans la famille d'accueil son père adoptif est artisan maçon, fossoyeur, sa mère adoptive est autoritaire et froide. Mais ce n'est qu'à 14 ans qu'il apprend que ses parents nourriciers ne sont pas ses vrais parents. Adolescent, il séjourne dans un centre de délinquance en Saône-et-Loire où il est violé. Élève moyen, il obtient son certificat d'études.
En 1952, âgé de 18 ans, il s'engage dans la Légion étrangère et participe à la guerre d'Indochine pendant deux ans où il est affecté dans la marine en tant que transport de soldats tués au front. Il revient d'Indochine française à la fin de la guerre en héros avec plusieurs décorations militaires.
En 1954, âgé de 20 ans, il épouse Chantal Delagneau avec qui il a deux filles, Marilyne et Manoèle, et deux fils, Fabien et Fabrice. Ils vivent à Villefargeau à 7 km à l'ouest d'Auxerre. Son épouse dit de lui qu'il était un homme à double personnalité : parfois gentil et attentionné et d'autre fois méchant et cruel. Il trouve un emploi à la base militaire de Varennes dans l'Yonne. Il habite à Seignelay à 14 km au nord d'Auxerre commune dont il se fait élire conseiller municipal. Il devient en outre chauffeur d'autobus de ramassage scolaire pour la société Les rapides de Bourgogne où il rencontre ses sept jeunes futures victimes.
Il se sépare de son épouse en 1978 après 24 ans d'union « car elle n'était pas portée sur le sexe » et vit avec Gilberte Binoche Lemérorel qui finit par être portée disparue.
En 1984, il s'installe à Draguignan dans le Var après avoir purgé une peine de quatre ans d'emprisonnement pour attouchements sur mineur où il trouve un emploi dans une entreprise de pompes funèbres.
En avril 1992 il épouse en secondes noces, Chantal Paradis à Draguignan, après une nouvelle condamnation à cinq ans de détention.
Il prend sa retraite à Draguignan.
Émile Louis et la Justice française
Une longue suite de crimes et délits
En 1981, alors qu'il vit à Seignelay où il y est conseiller municipal, il est arrêté et condamné pour attentats à la pudeur sur des mineures de la DDASS confiées à sa compagne.
La même année en décembre, Émile Louis est inculpé et mis en examen pour le meurtre de Sylvianne Lesage, 23 ans, élevée par la concubine d'Émile Louis, dont le corps est retrouvé à Rouvray (à 10 km au nord est d'Auxerre) là où Émile Louis a l'habitude d'aller à la pêche. Il est condamné à 4 ans de prison puis bénéficie d'un non-lieu et est libéré de prison en février 1984.
Le 17 mars 1983, il est condamné par le tribunal correctionnel d'Auxerre pour attentat à la pudeur sur mineure de 15 ans[1] par personne ayant autorité. Il est condamné à 4 ans de prison.
En 1983, les époux Claude Dunand et Monique Dunand, des amis d'Émile Louis, sont inculpés et condamnés pour un commerce proxénète sadomasochiste barbare à Appoigny à 10 km au nord-ouest d'Auxerre avec de nombreuses jeunes filles et femmes issues de la DDASS. Leur réseau de clientèle serait étendu jusque dans les milieux importants d'Auxerre[2].
En 1984, le gendarme Christian Jambert (enfant de la DDASS) chargé de l'enquête de « l'affaire des disparues de l'Yonne » adresse au parquet d'Auxerre un rapport qui met en cause Émile Louis et des réseaux proxénètes sado-masochistes de l'Yonne qui exploitent les filles de la DDASS. Sept viols et assassinats commis à Auxerre et aux environs entre 1975 et 1979 sur des jeunes femmes de la DDASS déficientes mentales légères âgées de 16 à 22 ans. Le procureur de la République René Meyer à qui le gendarme Jambert remit son rapport n'ouvre pas d'information pour manque de preuves et demande informellement au gendarme de poursuivre l'enquête. Le rapport est égaré. Le gendarme se suicide de deux balles dans la tête depuis la bouche des suites d'une longue dépression, excédé de ne pas être pris au sérieux dans l'affaire Émile Louis en août 1997. Un second rapport d'expertise après inhumation conclut à l'assassinat du gendarme adjudant-chef.
La DDASS d'Auxerre impliquée
En 1989, Pierre Charrier, directeur de la DDASS de l'Yonne à Auxerre d'où viennent les sept jeunes filles est pris en flagrant délit à l'arrière d'une voiture en compagnie d'une handicapée de 22 ans dont il abuse sexuellement. Il explique qu'il aurait ainsi permis à la jeune femme de « s'épanouir affectivement ». Il est condamné à six ans de prison ferme. De manière générale toute la vie d'Emile Louis est liée à la DDASS, devenue ASE, enfant de la DDASS, famille d'accueil de la DDASS, employé de la DDASS, il aura fait de la protection de l'enfance son terrain de chasse [3].
Rattrapé à Draguignan
Le 23 novembre 1989, Émile Louis, qui est parti vivre à Draguignan, dans le sud de la France, est condamné par le tribunal correctionnel de Draguignan à 5 ans de prison dont 1 an de sursis et 3 ans de mises à l'épreuve, pour attentat à la pudeur commis avec violence. Il est libéré le 18 avril 1992.
Le 3 juillet 1996, l'association de défense des handicapés de l'Yonne, par l'intermédiaire de son avocat Me Pierre Gonzalez de Gaspard, dépose une plainte auprès du juge d'instruction Benoït Lewandowski pour enlèvement et séquestration dans « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Les juges d'instruction et procureurs de la République refusent la réouverture du dossier en février 1997 pour prescription, l'affaire étant ancienne de plus de 15 ans (en droit français, un crime est prescrit au bout de dix ans).
Les familles de victimes décident d'ultra médiatiser l'affaire en écrivant à l'émission Perdu de vue de TF1 animé par Jacques Pradel. Ce dernier prend à cœur cette affaire et saisit l'occasion de faire monter son audimat en utilisant son émission pour recueillir des témoignages et jouer les journalistes d'investigation et faire bouger la Justice. Il publie un livre Disparues de l'Yonne - la 8e victime aux éditions Michel Lafont en 2005[4].
Le 12 décembre 2000, Émile Louis est placé en garde à vue après avoir avoué le meurtre des sept disparues de l'Yonne à des enquêteurs. Deux corps de victimes identifiées sont retrouvés aux endroits qu'il a indiqués, dont celui de Jacqueline Weis, une jeune fille de la DDASS qui a vécu chez lui à titre de famille d'accueil, et celui de Madeleine Dejust, une de ses maîtresses. Puis il se rétracte, nie et clame son innocence. Il explique avoir raconté n'importe quoi en pensant que les faits étaient prescrits. L'affaire est alors particulièrement complexe car les jeunes femmes sont portées disparues depuis 20 ans. Le 13 décembre, Chantal Paradis, la seconde épouse d'Émile Louis porte plainte contre lui à Draguignan pour viol et tortures horribles après qu'il l'a droguée aux médicaments entre 1992 et 1995, ainsi que sur sa fille Karine issue de son premier mariage, alors âgée de 14 ans (Karine a déposé plainte en janvier 2000 contre son beau-père pour agressions sexuelles). Émile Louis reconnaît les faits devant les enquêteurs puis nie tout en bloc et clame son innocence. Il est écroué le 14 décembre.
Condamné 23 ans après
Le 26 mars 2004, il est condamné en première instance à 20 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, par le tribunal correctionnel de Draguignan pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990.
Le 17 novembre 2004, la meilleure amie de Jacqueline Weis, une des disparues de l'Yonne affirme que Jacqueline Weis enfant de la DDASS subissait des sévices par Émile Louis, chez qui elle vivait à titre de famille d'accueil à Villefargeau. Son corps est retrouvé le 4 janvier 2001 à Rouvray à l'endroit avoué par l'accusé. Il se rétracte immédiatement après ses aveux.
Le 23 novembre 2004, Émile Louis reconnaît le viol et la séquestration d'Anne-Marie Ziegler rencontrée au milieu des années 1980. Ils étaient voisins de mobile-home dans un camping du Var. Elle n'a pas porté plainte de peur qu'il ne s'en prenne à ses trois enfants.
Le 25 novembre 2004, il est condamné en première instance par la cour d'assises de l'Yonne à l'âge de 66 ans à la réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans après onze ans de procédures judiciaires pour meurtre des sept viols et assassinats de l'affaire des disparues de l'Yonne. Il est également condamné à verser 60 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral pour les enfants de Bernadette Lemoine et Françoise Lemoine, 30 000 euros pour la mère de Chantal Gras, 15 000 euros pour les sœurs et les frères des sept victimes, 5 000 euros à chacune des quinze parties civiles au titre des frais de procédure. Ne pouvant pas verser de tels montants, c'est l'État, via la commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI) qui dédommage les parties civiles. Les familles des victimes réclament de poursuivre le procès pour savoir ce qui est arrivé aux cinq des sept disparues dont les corps ne furent pas retrouvé. Émile Louis fait appel.
En 2005, le 12 octobre, la fille aînée d'Émile Louis, Marilyne Vinet entendue comme témoin au procès de Draguignan déclare avoir été violée par son père alors qu'elle avait 5 ans puis 19 ans. Elle affirme également avoir assisté à l'âge de 10 ans environ au meurtre d'une jeune fille éventrée par son père dans un bois à Saint-Florentin (à 30 km au nord-est d'Auxerre). Elle publie un livre Être la fille d'Émile Louis qu'elle qualifie de prédateur.
En 2005, le 14 octobre, il est condamné à 30 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et de viols sur sa belle-fille, à Draguignan, au début des années 1990. Soit 10 ans de plus qu'en première instance (en plus de sa peine de réclusion à perpétuité pour l'affaire des disparues de l'Yonne).
En juin 2006, les douze jurés de la cour d'appel de Paris confirment une peine identique à la première instance pour l'affaire des disparues de l'Yonne : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes. La Cour de cassation confirme cette condamnation le 13 septembre 2007. Il purge sa peine à la prison d'Ensisheim[5].
Liste des victimes
- Madeleine Dejust ;
- Chantal Gras ;
- Bernadette Lemoine ;
- Christine Marlot ;
- Martine Renault ;
- Jacqueline Weiss ;
- Françoise Lemoine.
Psychologie d’Émile Louis
Sa mère adoptive est autoritaire et froide, trait de personnalité dont il s'imprègne entièrement. Il se réfugie dans un moi grandiose et omnipotent. Il est en même temps décrit comme un homme gentil, serviable, à l'écoute et affectueux, un confident, un père, qui apportait beaucoup à des jeunes en manque d'affection et de reconnaissance.
Émile Louis est en proie à des pulsions sexuelles violentes. Il est également diagnostiqué comme une forteresse qui entoure un vide affectif sidéral.[réf. nécessaire] Émile Louis porte en lui-même les caractéristiques de ses victimes. Elles incarnent ce qu'il hait à l'intérieur de lui-même et cela justifie sa violence sexuelle et prédatrice avec « ses sœurs de misères » selon ses mots.
Les psychologues[Qui ?] lui attribuent un QI de 100[réf. nécessaire]. Il est marqué par des troubles affectifs profonds et par sa non relation à sa mère et son père qu'il n'a jamais connus. Il est réputé menteur.
Émile Louis a confessé qu'il croyait en Dieu « qui pardonne à ceux qui l'ont offensé... ». Il exprime le désir de se retirer du monde entier et de finir ses jours dans un monastère dans un isolement total et dans la prière.
Émile Louis souffre en outre d'une cardiopathie coronarienne et d'un diabète qui l'obligent à recevoir des injections d'insuline quotidiennes.
Bibliographie
- 2001 : Les Disparues d'Auxerre, L'enquête, Corinne Herrmann et Philippe Jeanne, Editions Ramsay
- 2004 : Les réseaux cachés des pervers sexuels : enquête sur les disparues de l'Yonne, Éric Raynaud, éditions du Rocher.
- 2005 : Disparues de l'Yonne - la 8e victime - Éditions Michel Lafont[4]
- 2005 : Être la fille d'Émile Louis de Maryline Vinet (la fille ainée d'Émile Louis)
- 2008 : Un tueur peut en cacher un autre, Comment les serial killers passent à travers les mailles du filet, Corinne Herrmann, Éditions Stock[6]
- 2011 : Emile Louis innocent. La troublante hypothèse. Les avocats d'Emile Louis parlent , Alain Fraitag et Alain Thuault, Editions David Reinharc ISBN 9782358690164
Notes et références
- ↑ Il est ici rappelé qu'un « mineur de quinze ans » est une personne âgée de moins de quinze ans ; l'expression fréquemment employée « mineur de moins de quinze ans » est donc un pléonasme.
- ↑ Françoise-Marie Santucci: "Un sinistre pavillon à Appoigny", Libération, 10 février 2001; http://www.liberation.fr/evenement/0101363519-un-sinistre-pavillon-a-appoigny.
- ↑ http://comitecedif.wordpress.com/2011/11/13/les-implications-de-laffaire-emile-louis/
- ↑ a et b Résumé
- ↑ http://www.20minutes.fr/article/374360/France-Haut-Rhin-un-detenu-prend-en-otage-un-surveillant-a-la-prison-de-Ensisheim.php
- ↑ Résumé