Actions sur le document

Aguigui Mouna

- Wikipedia, 21/12/2011

Des informations de cet article ou section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans la bibliographie.
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir André Dupont.
Aguigui Mouna place de la Sorbonne, en 1994.

André Dupont, dit Aguigui Mouna, né à Meythet (Haute-Savoie) le 1er octobre 1911 et mort à Paris le 8 mai 1999, a été appelé à la fois « le dernier amuseur public de Paris » et « le sage des temps modernes ». Cavanna disait de lui : « Mouna, c’est une manif à lui tout seul. C’est l’indignation. Sa philosophie ? Un amour universel, boulimique. »

Aguigui Mouna sur l’esplanade Beaubourg en 1977.

Sommaire

Vie et philosophie

Orphelin à 9 ans, il commence à travailler à 13 ans. Il est tour à tour garçon de café et chômeur et, à 17 ans, s’engage un moment dans la Marine. Son passage dans l’armée durant la drôle de guerre en 1939 fera de lui un antimilitariste convaincu.

Il adhère au PC à la Libération, puis s’installe comme café-restaurateur avec son frère aîné à Paris, face à la Bibliothèque nationale de France, au coin de la rue de Richelieu et du square Louvois, lieu de rencontres pittoresques au fil des années 1950[1]. En 1951, ayant fait personnellement faillite et devenu las de cette vie « caca-pipi-taliste », il a sa « révélation aguiguiste » : il prend le pseudonyme d’Aguigui Mouna et part sur la route et pour professer sa philosophie sur la Côte d’Azur et dans les rues de Paris. Plus tard on le verra aussi, la barbe fleurie et son éternel béret noir vissé sur le crâne, haranguant les foules aux festivals de Cannes et d’Avignon, au Printemps de Bourges et au Salon du livre de Paris.

En 1956, il relie Cagnes-sur-Mer à San Remo à pied. On le voit également à Golfe-Juan, où il reste perché 16 heures en haut d’un platane. Il ponctue ses déclamations par des inscriptions à la craie blanche sur le bitume en disant « Je craie. » Ses techniques, tel que l’usage de pancartes accrochées à son vélo pour interpeller les passants, ont sans doute influencé l’écriture blanche sur noir de l’artiste Ben. À Sainte-Maxime, il portait un réveil autour du cou et piquait sa barbe folle de fleurs des champs.

Il crée son journal Le Mouna Frères (« le mou’nana pour les sœurs !!! - le journal anti-robot ») qu’il diffuse lui-même dans les manifestations. Il se déplace sur un vélo équipé d'un téléphone rouge (factice) et jette des graines aux badauds qui l'écoutent en ponctuant son geste d'un « Prenez-en de la graine ! »

Dans le campus de Jussieu (universités Paris 6 - Paris 7) dans l'amphithéatre à ciel ouvert (maintenant remplacé par un bâtiment administratif)], le 2 mars 1978, il est sacré « Empereur débilissime, Aguigui 1er », il a fait venir ses amis saltimbanques qui distribuent des nez rouges. Un autre jour, il se fait arrêter pour avoir mené une procession dont les participants scandaient en chœur : « Nous sommes heureux ! Nous sommes heureux ! ». Toujours à Jussieu, en mars 1979, il invite les étudiants à accompagner avec lui la manifestation des sidérurgistes de la Lorraine qui viennent à Paris protester contre la fermeture de leurs usines.

Il est nommé chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture Jack Lang.

Il tente plusieurs fois de se présenter comme candidat aux présidentielles, ainsi qu'aux municipales du Ve arrondissement, ce qui l'obligera à révéler son véritable patronyme : Dupont (« pas de Nemours ni d’Isigny », précise-t-il). En 1993, il obtient 722 voix contre Jean Tiberi.

Sa philosophie est un mélange d’antimilitarisme, d'anarchisme et d’écologisme. Il a mené campagne contre le travail des enfants dans le tiers monde et pour l'aide aux réfugiés du Chili, et il a été l'un des premiers à s'opposer au programme nucléaire de la France.

Pour certains, son prédécesseur se nommait Diogène, tandis que pour d'autres il s'appelait Ferdinand Lop, qui proposait de prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer (et dans les deux sens) afin que les étudiants puissent se baigner plus souvent. Pour beaucoup, Mouna était tout simplement un apôtre de la bonne humeur.

Il avait également fondé le Club des aguiguistes qui comptait parmi ses membres Albert Einstein[2].

Slogans et aphorismes

Société et politique

  • Nous sommes tous égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres (emprunté à George Orwell)[3].
  • Notre siècle : arnaques, barbaques, matraque[4].
  • Le régime est pourri !, criait-il dans la rue en agitant un régime de bananes pourries.
  • Battons-nous à coups d'éclats de rire[5].

Médias

  • Les mass-médias rendent les masses médiocres[5].
  • La télé : je suis branché, câblé et même souvent accablé de tant de nullités[5].

Changement

  • Le monde ne tourne pas rond[4].
  • Tout est bien ici-bas, avec la tête en bas[4].
  • Ne prenez pas le métro, prenez le pouvoir[6].
  • Battons le pouvoir quand il a chaud ![7].
  • je fous la merde... pour que ça sente meilleur un jour[4].

Antimilitarisme

  • J'irai cracher sur vos bombes[5].
  • Non à la guerre des étoiles, oui à la guerre des boutons ![8].

Écologisme

  • Les bagnoles ras-le-bol[5].
  • La vélorution est en marche[5].
  • Des vélos, pas trop d'autos. Du gazon, pas de béton, des moutons, pas de canons.
  • Le jour où un vélo écrasera une auto, il y aura vraiment du nouveau.
  • Mieux vaut être actif aujourd'hui que radioactif demain[9].
  • L’énergie musculaire, l’énergie la moins chère !

Divers

  • C’est en parlant haut qu’on devient haut-parleur[10].
  • Aimez-vous les uns sur les autres[5].
  • La grossesse à 6 mois ! La retraite à 15 ans ![11]
  • Les grands hommes d'aujourd'hui sont de plus en plus petits[5].
  • Je préfère le vin d'ici à l'eau de là (emprunté à Francis Blanche)[12].
  • Tous les désespoirs sont permis[4].
  • On est condamné à mort dès la naissance, c'est pas pour ça qu'on doit faire une gueule d'enterrement ! [4].
  • On vit peu mais on meurt longtemps[9].
  • Les valeurs morales ne sont pas cotées en bourse[5].
  • Il est anormal d'être normal[4].
  • Aguigui, le cri de la vie !
  • L'ennui naquit un jour de l'uniforme mité.
  • Génération Malboro : génération mal barrée[5].
  • Au pays de la barbarie, je joue de l’orgue de Barbarie !
  • Lisez le Mouna-Frères et retirez-vous dans un Mouna-stère où on boira de la li-mounade... !, déclamait-il en vendant son journal.
  • Riez et vous serez sauvé [9]!
  • Garez-vous des gourous ![5]
  • Réveillez-vous !, criait-il avec son vélo chargé d’anciens réveils-matin.
  • Le jour se lève dans un cadre merveilleux, disait-il, passant sa tête derrière un cadre qu’il sortait de sa valise.
  • Le monde est mûr, frères, il faut mûrir[5].

Références

  1. Une vie sans importance, Marino Zermac, chapitre 1954-1960.
  2. Biographie de Aguigui Mouna, agoravox.fr.
  3. Collectif, L'anthologie des deux siècles : Florilège 2000, op. cit., p. 134.
  4. a, b, c, d, e, f et g Collectif, L'anthologie des deux siècles : Florilège 2000, op. cit.
  5. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Collectif, Anthologie du poème bref, op. cit.
  6. Jacques Danois, Aguigui, Les Dossiers d'Aquitaine, 2007, (ISBN 2846221464 et 9782846221467), 69 p., p. 50.
  7. Marino Zermac, Une vie sans importance, op. cit.
  8. Jacqueline Strahm, Montmartre : beaux jours ... et belles de nuits, Collection Singulière, Editions Cheminements, 2001, (ISBN 2914474229 et 9782914474221), 300 p., p. 53.
  9. a, b et c Frédéric Lewuino, Mouna aurait cent ans, op. cit.
  10. Collectif, Anthologie du poème bref, Les Dossiers d'Aquitaine, 2005, (ISBN 284622109X et 9782846221092), 285 p., p. 269.
  11. Frédéric Lewuino, Mouna aurait cent ans, Le Point.fr, 31-10-2011.
  12. Collectif, L'anthologie des deux siècles : Florilège 2000, vol. 2, Les Dossiers d'Aquitaine, 2000, (ISBN 2846220131 et 9782846220132), 351 p., p. 134.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Cavanna, Cabu et Anne Galois, Aguigui Mouna, Gueule ou crève, Dossiers d'Aquitaine, Bordeaux, 2004, (ISBN 978-2-905212-34-4)
  • Jacques Danois, Aguigui Mouna : l'homme intérieur ou le sage des temps modernes, Dossiers d'Aquitaine, Bordeaux, 1999, (ISBN 978-2-905212-11-5) ; consultable à La Bibliothèque historique de Paris, cote 742220
  • Joseph Morder, Yves Pezzetta, Yves Monin, Martine Aubin, O. de Rudder, Mouna « aguigui », Éditions Sèves, Paris, 1979
  • Georges Friedenkraft, Rencontre avec Mouna, Nouvelles Rive Gauche (Paris), avril 1979, N° 46, pp. 26-27

Filmographie

Discographie

  • Mouna (Vive Mouna c'est le pied!), disque 33 tours, Vendémiaire, Paris, VDES 010, Couverture: photo et texte de A. Gesgon ; imprimée par Grimoffset, 94400, Vitry. Sans date (peut-être 1980)
  • On peut entendre Mouna sur le disque éponyme du groupe Mahjun (Saravah SH 10040 - 1973), titre La Déniche (B5 - 1'47")



Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...