Bidonvilles en France
- Wikipedia, 16/09/2011
Un bidonville est un ensemble plus ou moins vaste d'habitats précaires, où la misère est concentrée. En France, les bidonvilles ont été progressivement supprimés dans la deuxième moitié des années 1970, puis ont fait leur réapparition dans les années 1990.
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Histoire
Après la Seconde Guerre mondiale, du fait de la destruction de certaines cités, du niveau de pauvreté, de l'exode rural et de la venue de main-d'œuvre étrangère, se pose un problème crucial de logement pour les sans-abris et les immigrés. Au milieu des années 1960, les pouvoirs publics estiment à environ 100 000 la population habitant dans des bidonvilles[1]. En 1964, 43% des Algériens de France vivent dans des bidonvilles ; celui de Nanterre, l’un des 89 de la région parisienne, abrite 14 000 personnes[2].
Les bidonvilles de Nanterre (situé à l'emplacement actuel de la préfecture des Hauts-de-Seine) et de Noisy-le-Grand furent les plus notoires en périphérie de Paris. Il faudra attendre presque la moitié des années 1970 pour que la politique de résorption des bidonvilles impulsée d'abord par la SONACOTRA (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens), créée en 1956, puis avec la loi Debré de décembre 1964 et enfin, à partir de 1969, par le premier ministre Jacques Chaban-Delmas, porte totalement ses fruits et que ces bidonvilles disparaissent avec le relogement des familles qui y vivaient. L'abbé Pierre sera l'un de ceux qui porteront assistance aux habitants des bidonvilles, surtout pendant l'hiver 1954, qui fut particulièrement froid.
Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta jusqu’à 10 000 habitants.
Les bidonvilles aujourd'hui
Au début du XXIe siècle, en France, perdurent de micro-bidonvilles, généralement cachés à la vue, le long de voies de communication ou dans des friches industrielles.
- Pendant des dizaines d'années, des ouvriers saisonniers agricoles ont vécu dans un bidonville à Berre-l'Étang (Bouches-du-Rhône) sans électricité ni eau courante, mais avec des sanitaires installés par la Fondation Abbé-Pierre, Toilettes du monde et les Compagnons Bâtisseurs[3],[4]. Le « gourbi » de Berre-l’Etang a été rasé en juillet 2009[5],[6], ce qui, pour certains, n’aurait fait que déplacer le problème du logement des travailleurs saisonniers[7],[8].
- On recensait en 2002 quelque 200 Roms originaires de l'ex-Yougoslavie près de Carcassonne et 1 600 Tziganes à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne [1].
- Le bidonville de Cassis, où résidaient 93 Tunisiens, a été démoli en 2005.
- On dénombrait en 2007 dans les bois aux alentours de Paris (bois de Vincennes, bois de Boulogne) environ 200 personnes habitant dans des abris de fortune « en dur », la plupart du temps isolés (afin d'être le moins visible possible) mais parfois en petits groupes[9];
- Fin 2006, un bidonville habité par des immigrants de Bulgarie réunit plusieurs centaines de personnes à la marge de Pantin, près du canal de l'Ourcq;
- 500 personnes d'origines Roms, dont un tiers d'enfants, vivent dans un bidonville à Villeurbanne (sans électricité ni accès à l'eau) [10] ;
- À Bobigny, un bidonville où habitaient 266 citoyens bulgares et roumains a été rasé en février 2007[11],[12],[13],[14] ;
- À Marseille, le lieu dit du Ruisseau Mirabeau, du quartier Saint-André, est un bidonville habité par des familles yéniches, manouches et gitanes[15].
Nombre de ces bidonvilles sont habités par des gitans, au sens général du terme, dont beaucoup proviennent d'ex-Yougoslavie et d'Europe de l'Est, où ils sont victimes de discrimination économique, sociale et ethnique. L'impossibilité pour eux d'acquérir des titres légaux de séjour les empêche d'accéder à des logements[16].
Références
- ↑ a et b Julien Damon (Responsable de la recherche et de la prospective de la Caisse nationale des Allocations familiales; Professeur associé à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Cycle d’Urbanisme)), « Mal logement, bidonvilles et habitat indigne en France »
- ↑ DPH, « Les bidonvilles de Nanterre ».
- ↑ « À Berre, 34 années de gourbi temporaire », Michel Henry, Libération, 20 février 2007
- ↑ « Note sur le « gourbi » de Berre », Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture, juillet 2007, 5 pp.
- ↑ « Seize interpellations lors de la démolition du "gourbi" de Berre », Le Point, 22 juillet 2009.
- ↑ « Le gourbi de Berre a été « éradiqué » ». La Marseillaise, 24 juillet 2009.
- ↑ « L’ « éradication » du « Gourbi » de Berre ou comment régler un problème sans le traiter », Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture, 19 juin 2008.
- ↑ jqt « Le Gourbi de Berre a des suites incroyables… Y-a-t-il encore de l’esclavage à notre porte? » mon-pays-salonais,, 20 juin 2010.
- ↑ Invisibles et relégués dans le bois de Vincennes, T.S., Libération, 20 février 2007
- ↑ « Les enfants des bidonvilles font leur rentrée scolaire », 20 minutes (Lyon), 11 octobre 2006
- ↑ « Le bidonville de Bobigny rasé de la carte », 20 minutes, 2 février 2007
- ↑ Ile-de-France. « Le bidonville de Bobigny progressivement rasé au bulldozer », La Gazette des communes, 1er février 2007
- ↑ « Le bidonville de Bobigny », RFI 30 janvier 2007
- ↑ « Bienvenue à Bidonville-sur-Bobigny », 20 minutes, 17 janvier 2007
- ↑ Karim Dridi, « Marseille: au Ruisseau Mirabeau, camp tzigane devenu bidonville », Rue 89, 12 juin 2008
- ↑ Bertrand Bissuel, « Les municipalités confrontées à la réapparition des bidonvilles », Le Monde, 27 novembre 2002
Bibliographie
- Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles (avec Eliane Dupuy), Autrement, 1998, 125 p.
- (fr) Louis Maitrier, "Reconstruire un bidonville à Nanterre", in Villes bonnes à vivre, villes invivables, 1999, Revue du MAUSS n°18, Paris, La Découverte.
Filmographie
- Medhi Lalloui, Du bidonville au HLM, France, 1993, 51 min
Voir aussi
- Azouz Begag, né dans un bidonville
- Logement en France
- Misère en France
- Bidonvilles