Georges Rapin
- Wikipedia, 13/01/2012
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Georges Rapin (31 août 1936 – 26 juillet 1960), alias Monsieur Bill, était un criminel français dont le procès et l'exécution furent l'objet d'une importante couverture médiatique au début des années 1960. Alors qu'elle est presque oubliée aujourd'hui, l'histoire de Georges Rapin fit la couverture de 8 numéros du magazine Détective.
Né dans une famille de la bourgeoisie aisée du XVIe arrondissement de Paris (son père était sorti major de l'École des Mines), Georges Rapin eut une enfance sans soucis, couvé en raison du décès prématuré de son frère aîné. Sa mère ne savait résister à aucun de ses caprices. Dès l'adolescence cependant, il était attiré par les armes. Particulièrement instable et turbulent, et d'une intelligence vive, il n'arrivait pourtant ni à rester à l'école ni à garder un emploi. Enfant, il connut un problème de croissance : il mesurait seulement 1,45 m à 14 ans. Toutefois, par une série d'élongations alors très en vogue, il était parvenu à une taille de 1,70-75 m à l'âge où éclata l'affaire qui le rendit célèbre.
Après l'armée, il exige de ses parents de lui acheter un bar, aux Gobelins, 92 boulevard Saint-Marcel, puis un second, à cinq cents mètres, dans le 13ème arrondissement de Paris, 65 rue Pascal. Il l'appellera "Le Bill's bar". Parallèlement Georges Rapin, jouant le rôle de « M. Bill » était assidu du « Sans-Souci », 65 rue Pigalle, peut-on lire dans Les Fantômes de M. Bill. Fasciné par la vie facile, et les gangsters héros de « Série Noire », il rêvait de se faire une réputation dans le milieu du banditisme et se lança bientôt dans le proxénétisme, aimant à se faire appeler « Monsieur Bill », et paradant, revolver à la ceinture ou au volant de sa Dauphine « Gordini ». Il avait un besoin impérieux d'être pris au sérieux, de passer pour un vrai « dur » respecté comme tel. Il entretenait également une liaison avec une jeune apprentie-coiffeuse, Nadine Delesque. Il se faisait alors passer pour un professeur du Lycée Buffon. De septembre 1958 à avril 1959, il suivit des cours d'art dramatique chez Andrée Bauer-Thérond, rue Henri Monnier, à Pigalle, à deux pas de l'avenue Frochot (célèbre pour ses plans nocturnes dans Touchez pas au grisbi de Jacques Becker), et du "Sans Souci", petite brasserie à l'angle de la rue Pigalle et de la rue de Douai, lieu de pèlerinage de Bob le flambeur, voisin du "Pile ou Face", dans le film de Jean-Pierre Melville. Parallèlement, Georges Rapin tenait une librairie, payée par ses parents, à Sèvres-Babylone.
Sous le prétexte -inventé- d'une dette non honorée, il assassina une entraîneuse, Muguette Thirel dite Dominique ou Domino. Plus jeune que Rapin (de 13 jours), la jeune femme fut attirée sous un prétexte fallacieux en forêt de Fontainebleau et abattue de 5 balles de 7,65. Elle fut aussitôt après aspergée d'essence et brûlée. Cela a lieu la nuit du vendredi 29 au samedi 30 mai 1959, à deux heures du matin. Le 30 mai était l'éphéméride de la mort de Jeanne d'Arc, cité par Alexandre Mathis dans Les Fantômes de M. Bill, rapport qui n'avait jamais été opéré avant ce livre. On n'interrogea pas Rapin sur ce sujet, puisque bien sûr personne ne pensa alors à lui poser la question. Pourtant, M. Bill avait préparé cette "action d'éclat"... bien à l'avance. Alphonse Boudard émet l'hypothèse d'un traquenard, monté contre Rapin, pour l'arnaquer, et que Rapin aurait perçu. C'était compter sans la "dinguerie profonde de Rapin", écrit-il. Dénoncé par les caïds de Montmartre qui n’appréciaient guère ce jeune dandy prétentieux aux cheveux gominés, aux lunettes noires et à la moustache fine, Rapin fut arrêté quelques jours après par le commissaire Chaumeil. Trois semaines plus tard, alors qu'on ne lui demandait rien, Rapin avoue le meurtre d'un pompiste, Roger Adam, père de trois enfants, abattu d'un coup de revolver à Villejuif, c'était dans la nuit du vendredi saint début avril 1958, dira-t-il. La nuit du 4 au 5 avril 1958 était une nuit de pleine lune. Georges Rapin prétexta que le pompiste lui avait manqué de respect en le traitant de « petit con ».
Pendant son incarcération, il appréciait sa notoriété et cultivait son image auprès de la presse. Il s'accusa de 11 crimes en plus des deux pour lesquels il était inculpé. Pour le défendre aux assises, sa mère engagea Maître René Floriot, le plus célèbre avocat de l'époque. Celui-ci ne put empêcher sa condamnation à mort, Georges Rapin ayant adopté au procès une stratégie de défense périlleuse, reniant ses aveux et son personnage de Monsieur Bill. D'autres personnages, dont on ne prouvera, ni ne cherchera, jamais l'existence, entrent en scène. Chimères ? Sous la plume de Pierre Joffroy, Paris-Match parle alors de suicide par la guillotine. Thèse avancée aussi par Marcel Haedrich, confirmée plus tard par André Obrecht, exécuteur en chef des arrêts criminels.
Le général de Gaulle, président de la République, ayant refusé sa grâce, il fut guillotiné dans la petite cour de la Santé le 26 juillet 1960 par le bourreau André Obrecht.
Le Bill's Bar (avec l'article sur l'auvent du café) était à trois cents mètres de la prison de la Santé. "M. Bill" a été exécuté en emportant tous ses secrets, et il en avait beaucoup comme l'écrivait déjà le commissaire Chaumeil, regrettant de n'avoir pu interroger davantage Georges Rapin. Tout ce que l'on sait des mobiles de cette histoire, on le tient de Rapin, écrit Alexandre Mathis. Rapin a accumulé les versions différentes. Toutes les zones d'ombre ont été occultées. L'instruction est expédiée, et elle s'en tient à ce qu'a dit Rapin. Aucun témoin dans les deux affaires. "M. Bill" était le seul à connaître la vérité.
Bibliographie
- Marcel Haedrich, Le vrai procès de Monsieur Bill (Grasset, Enquêtes et documents, 1960) 197 p. Édition achevée d'imprimer le 10 juin 1960.
- Pierre Joffroy, Fallait-il exécuter Bill ? in Paris-Match 6 août 1960 (second article de P. Joffroy sur G. Rapin dans Paris-Match)
- René Masson, Basse Pègre (Lucky Luciano, Georges Rapin, Sadie Prince, Émile Buisson, Clément Passal, Grégoire Claës, Violette Nozière, Mazzarino) Presses de la Cité, 1970. Compilation.
- Jacques Antoine, Monsieur Bill pour Les nouveaux dossiers extraordinaires de Pierre Bellemare (Fayard, 1977) Article de circonstance inspiré par P. Joffroy et M. Haedrich.
- Jean-Marie Chaumeil, L'enquête de l'affaire Rapin in Histoires criminelles (De Vidocq à Rapin) Éditions Idégraf, Genève (1979). Illustré.
- Frédéric Pottecher, Monsieur Bill in Les Grands Procès de l'Histoire (Fayard - Radio Monte-Carlo, 1982) Compte rendu du procès.
- Alphonse Boudard, M. BILL ou A combien Pigalle revient aux fils de famille in Les grands criminels (Le Pré aux Clercs, 1989)
- André Obrecht, Jean Ker, Affaires civiles, Georges Rapin in Le Carnet noir du bourreau (Éditions Gérard de Villiers, 1989), Mémoires d'A. Obrecht.
- Raymond Martin, Rapin, dit "Bill" in Souvenirs d'un médecin légiste "Étaient-ils tous coupables ?" (Calmann-Lévy, 1989)
- Sylvain Larue, Les grandes affaires criminelles du Val-de-Marne
- Jacques Pradel, Alexandre Mathis, L'Affaire Georges Rapin (sur Les fantômes de M. Bill, L'Heure du crime, RTL) 2 juin 2011.
- Alexandre Mathis, Les Fantômes de M. Bill - le fer et le feu (Éditions Léo Scheer, 2011) 358 p. Illustré.
Liens externes
L'Affaire Georges Rapin, RTL http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/billet/jeudi-2-juin-l-affaire-georges-rapin-7690857135