Confrérie des Conards
- Wikipedia, 10/01/2012
Les Conards [2] est le nom d'une confrérie et une fête carnavalesque qu'elle organisait jadis à Rouen lors des jours gras, à partir du XVe siècle.
Elles disparurent, victime d'une interdiction promulguée par le Cardinal de Richelieu.
Il existait des confréries de Conards à Évreux et Cherbourg. Elles représentaient l'équivalent dans ces villes d'autres confréries telles que, à Paris, le Badin, le Turlupin, à Poitiers le Mau-gouverne, à Dijon la Mère folle, etc.
Sommaire |
Description des Conards
Cette fête burlesque avait lieu à Rouen. À l'approche des jours gras, on présentait à la grand'chambre une requête en vers qui faisait aussitôt suspendre les travaux de la justice. Cette requête était l'œuvre d'une confrérie nommée les Conards. La cour répondait avec la même joyeuseté et accordait une sorte d'autorisation de faire le diable. Alors la ville devenait la proie de ces Conards qui faisaient des mascarades des processions, appelaient à leur ban les maris jaloux et trompés, décochaient de satires à tort et à travers, et faisaient de toute la ville un véritable théâtre de Saturnales. Pendant tout le jour, les Conards allaient, recueillant des chroniques, et faisaient leur rapport à leur abbé, à leurs cardinaux et patriarches réunis en conclave. Il n'était pas un fait qui prêtât à rire qui ne devint leur propriété et ne fut inscrit sur leurs rôles; puis venaient les séances et les jugements de l'aréopage. La cour s'assemblait en plein air, et dans le lieu où elle pouvait avoir l'auditoire le plus nombreux. Durant trois jours, ce tribunal était en marche, conduit par des fifres et des tambours. Les gens en place et toutes les classes de la société passaient sous la férule des Conards.
L'abbé, porté sur un chariot, ainsi que les cardinaux et ses patriarches, donnait sa bénédiction à la foule, en même temps qu'il faisait pleuvoir sur elle une nuée de quatrains et d'autres pièces de vers qui portaient le rire chez tous ceux qui les ramassaient. Un banquet splendide réunissait ensuite l'abbé et toute la confrérie sous les halles, et pendant sa durée, un ermite lisait à haute voix la chronique de Pantagruel. Après le repas, on jouait des moralités et des mystères, et enfin les danses avaient leur tour. La docte assemblée décernait aussi un prix aux bourgeois de Rouen qui, au dire de la majorité, avait fait la plus sotte chose dans l'année. Ces joyeuses facéties furent interdites par le cardinal de Richelieu[3].
Source
- Adolphe de Chesnel, Coutumes, mythes et traditions des provinces de France par Alfred de Nore, Périsse frères éditeur, Paris 1846, pages 250-252.
Notes
- ↑ Petit in-4°, 165 x 225 mm. Une réédition a été faite à 18 exemplaires chez Panckoucke à Paris en 1848. Un d'entre eux est conservé à la BNF.
- ↑ On trouve aussi l'orthographe ancienne Cosnards.
- ↑ Le vertueux Adolphe de Chesnel écrit en 1846 : « Ces joyeuses facéties furent avec justice interdites par le cardinal de Richelieu. »
- ↑ En 2011, plusieurs sites Internet, comme celui de La France pittoresque, ont de bonne foi repris ce nom déformé pour parler des Conards en citant Adolphe de Chesnel.
Bibliographie
- La premiere lecon des matines ordinaires du grand abbe des conardz de Rouen, souverain monarcque de lordre : contre la response faicte par ung corneur a lapologie dudict abbe. Rouen, 1537 (réédité chez Panckoucke à Paris en 1848).
- Le Recueil des actes et depesches faites aux huicts jours de Conardie, tenus a Rouen, depuis la dernière semaine de janvier jusques au Mardi-gras ensuivant, pénultième jour de février 1541, avec le triomphe de la monstre et ostentation du magnifique et très-glorieux abbé des Conards monarche de Conardi. Imprimé à Rouen, s. d., in-4. (Pièce citée dans le catalogue La Vallière et aujourd'hui à la Bibliothèque de l'Arsenal).
- Les Arrez donnez par la court puis deux ans en ça, sur les requestes présentées a icelle par nostre resveur en décime Père le souverain abbé des Conards... s. l. 1544 in-4, 12 f. gravure sur bois représentant un homme sonnant du cor.
- Les Triomphes de l'abbaye des Conards, sous le resveur en décimes Fagot, abbé des Conards, contenant les criées et proclamations faites depuis son advenemcnt jusques a l'an présent, plus l'ingénieuse lessive qu'ils ont conardement monstrée aux jours gras en l'an MDXL. Rouen, Loys Petit, ou Dugort, 1587, petit in-8 56 ff. non chiff. La figure du Triomphe est au verso du dernier ff.
- La Merveilleuse et admirable apparition de l'esprit de Vincent, en son vivant, sergent du grand scientifique et magnifique abbé des conards, un quidam conard... auquel il raconte le triomphe et heureuse vie des Conards aux Champs-Hélyséens, s. l. n. d. in-12. (Très rare, cette pièce a été reproduite dans les Joyeusetez, Techener, 1829, 16 volumes in-16).
- Les triomphes de l'abbaye des Conards avec une notice sur la fête des fous par Marc de Montifaud, Librairie des Bibliophiles, Paris, 1874.
- Article Conard, Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, 1869.
- Antoine Laporte, La bibliographie jaune : précédée d'une dédicace à tous aulcuns qui ne sont pas jaunes, d'un prologue d'Alcofribas et d'une étude historique et littéraire sur le jaune conjugal, depuis sa découverte jusqu'à nos jours... / par l'apôtre bibliographe,, Paris, 1880, pages 35, 72, 87 et 100.
- Les Conards de Rouen sur Google Livres, Les penchants du roseau, 2009