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Réserve naturelle

- Wikipedia, 3/02/2012

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Les grandes réserves naturelles sont souvent des habitats « extrêmes », oligotrophes et/ou peu accessibles qui ont pu être achetés et/ou protégés parce que n'intéressant ni l'industrie du bois, ni l'agriculture et l'élevage. Ils abritent néanmoins souvent des espèces rares ou « remarquables » et des paysages source d'aménités en tant qu'à haut degré de naturalité. (Ici : cirque de Peñalara, se réfléchissant dans le petit lac d'altitude (2.005 m) qui alimente, avec une vingtaine d'autres petits lacs la réserve naturelle de Peñalara (Espagne)
Les réserves naturelles ne sont pas que des habitats protégés. En raison d'une profonde modification (anthropique) du contexte écopaysager, faute de corridors biologiques, et parce que la superficie des réserve est souvent modeste, ce sont aussi des milieux gérés par l'homme, souvent avec l'aide d'animaux (Ici par exemple, avec une espèce rustiques de bovin (Highland cattle est utilisée par le gestionnaire pour l'entretien de milieux ouvert favorable à la biodiversité est utilisée en « substitut » à certaines fonctions écologiques autrefois assurées par les grands herbivores qui ont disparu (bisons, aurochs, Tarpan, cerf, élans, rennes, etc.)

Une réserve naturelle (ou « réserve écologique » au Canada) est un territoire plus ou moins intégralement protégé par un règlement et divers procédures et moyens physiques et de surveillance ;

  • de manière volontaire, c'est-à-dire à l'initiative de son propriétaire (privé ou public), ou suite à une mesure imposée par un État ou une collectivité ;
  • pour préserver et gérer des ressources naturelles remarquables et/ou menacées. Il peut s'agir :
    • d'espèces vivantes animales et végétales, ou d'habitats patrimoniaux
    • d'un état potentiel qu'on cherche à restaurer
    • de minéraux, de fossiles (ex: « réserves géologiques » en France),
    • de paysages exceptionnels, dont à haute « naturalité » ou de sites porteurs d'information sur l'histoire de l'humanité
  • pouvant inclure des activités traditionnelles de populations autochtones, si elles sont compatible avec les objectifs ci-dessus (et s'il ne s'agit pas d'une « réserve naturelle intégrale ») ...

Une réserve naturelle peut avoir une importance locale, régionale ou nationale. Cette importance n'est pas nécessairement liée à sa superficie.

Le classement d'une zone en réserve naturelle vise généralement à soustraire le milieu aux impacts directs d'activités humaines susceptibles de dégrader le milieu ou porter atteinte aux espèces (pollution volontaire ou non, incendie criminel, exploitation, chasse, etc.). Parfois, le gestionnaire cherche aussi via un « Plan de gestion » à limiter des phénomènes plus ou moins naturels tels qu'incendies, comblement naturel d'un lac, fermeture naturelle d'une pelouse sèche, etc.

Les réserves naturelles sont un des outils de protection des milieux naturels. Elles sont complémentaires d'autres formes de protection tels que les parcs nationaux, les parcs régionaux, le conservatoire du littoral.

L'UNESCO soutient un réseau de réserve de biosphère.

Il existe des réserves sous-marines, rurales voire urbaines et des parcs naturels marins.

François Terrasson a souvent dans ses conférences et ses ouvrages insisté sur le paradoxe intrinsèque de ce concept. Une réserve ne peut pas être « naturelle ». Cette dénomination est une sorte de « double lien », source de dissonance cognitive pour le grand public. C'est aussi une source de malaise pour nombre de naturalistes et gestionnaires (qui savent que la nature est justement pour beaucoup, ce qui ne se gère pas mais qui s'auto-entretient). Sans nier leur utilité (comme conservatoire provisoire), il a dénoncé le fait qu'elle ne désignaient pas ce qu'elles étaient en réalité, et servaient souvent de paravent quand elles ne cautionnaient pas une large destruction de la Nature autour des aires protégées.

Sommaire

Histoire et vue globale

La toute première réserve naturelle du monde daterait de l'an 200, au Sri Lanka. Le roi Devanampiya Tissa ayant établi un sanctuaire de la vie sauvage[1]. A l'ère moderne, l'un des premiers parcs nationaux est celui du Yellowstone créé en 1872 aux États-Unis, bien qu'un décret de 1864 conférait aussi une protection au parc de Yosemite (premier parc régional). Aujourd'hui, « un peu plus de 100 000 sites terrestres et marins sont concernés couvrant à peu près 19 millions de km², soit l’équivalent de la surface combinée des États-Unis continentaux et du Canada[2]. ». Depuis 1973, leur superficie a été multipliée par quatre[2].

Fonctions

Les réserves naturelles permettent de préserver des milieux particuliers (ici ; une zone humide alluviale, dans la réserve de Marie Bouchon (Belgique), d'un grand intérêt également pour la protection de la ressource en eau, et en tant qu'élément d'un corridor écologique alluvial
Les réserves naturelles sont aussi des conservatoires d'espèces, des lieux de recherche et de pédagogie à l'environnement, parfois paradoxalement au détriment de leur naturalité notent certains auteurs, dont François Terrasson

Les réserves outre une fonction de protection directes d'habitats et d'espèce ont des fonctions pédagogiques et sont souvent des lieux de recherche, voire d'expérimentation (par exemple de modes de gestion restauratoire ou conservatoire).

Il existe dans certains pays dont en France des réserves de chasse (théoriquement obligatoires sur les territoires des ACCA où le gibier est censé pouvoir se reproduire).

Elles ont parfois fonction de mesure compensatoire suite à des travaux ayant détruit des ressources environnementales.

Elles sont enfin souvent des zones nodales importante pour la connectivité écopaysagère et le fonctionnement des réseaux écologiques.Certains espèces vulnérables à la fois à la pollution lumineuse[3] et à d'autres facteurs de régression de la biodiversité y trouvent un dernier refuge.

Les réserves naturelles en France

Création, mission et gestion des « réserves naturelles nationales » (RNN)

En France, l'article L. 332-1 du code de l'environnement précise :

« I. – Des parties du territoire d’une ou de plusieurs communes peuvent être classées en réserve naturelle lorsque la conservation de la faune, de la flore, du sol, des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles et, en général, du milieu naturel présente une importance particulière ou qu’il convient de les soustraire à toute intervention artificielle susceptible de les dégrader. Le classement peut affecter le domaine public maritime et les eaux territoriales françaises.

II. – Sont prises en considération à ce titre :

1° La préservation d’espèces animales ou végétales et d’habitats en voie de disparition sur tout ou partie du territoire national ou présentant des qualités remarquables ;
2° La reconstitution de populations animales ou végétales ou de leurs habitats ;
3° La conservation des jardins botaniques et arboretums constituant des réserves végétales en voie de disparition, rares ou remarquables ;
4° la préservation de biotopes et de formations géologiques, géomorphologiques ou spéléologiques remarquables ;
5° la préservation ou la constitution d’étapes sur les grandes voies de migration de la faune sauvage ;
6° Les études scientifiques ou techniques indispensables au développement des connaissances humaines ;
7° La préservation des sites présentant un intérêt particulier. L'art. L. 332-2, du code de l’environnement précise qu'une réserve peut notamment être créée pour « la mise en oeuvre d’une réglementation communautaire ou d’une obligation résultant d’une convention internationale »

La première réserve naturelle française : elle était maritime ; elle a été créée en 1913 pour sauver les colonies de fous de bassan de l’archipel des Sept-Îles. Sur le domaine terrestre, la première est celle du Lac Luitel dans le massif de Belledonne, créée en mars 1961.

En France, le système de protection par réserve naturelle fonctionne selon une échelle double (voire triple, 'cf'. infra) :

Animation du réseau : Les réserves naturelles françaises sont regroupées au sein d'une association dénommée « Réserves naturelles de France », dont le but est la centralisation des informations relatives aux réserves naturelles, l'échange des expériences de conservation réalisées, la diffusion de l'information légale auprès des gestionnaires, etc.

Implications juridiques

Le classement en réserve naturelle interdit théoriquement toute destruction et toute modification du milieu. Dans certains cas les activités traditionnelles comme l'agriculture ou l'élevage, voire la chasse sont maintenues. Les aménagements liés à l'ouverture au public ou à la chasse peuvent avoir des impacts environnementaux négatifs. Chaque site naturel étant unique, l'ampleur de la réglementation et des interdictions sur le territoire d'une réserve est déterminé au cas par cas et décrit dans l'arrêté préfectoral de création de la réserve. Un périmètre de protection, terrestre, marin et/ou aérien peut être défini autour de la réserve.

Le décret de classement en réserve naturelle instaure trois types d'acteurs nouveaux sur le territoire où se trouve la réserve :

  • le gestionnaire : la loi prévoit que cela peut-être une collectivité, une association, une fondation, un organisme public comme un parc naturel. Cet organisme se voit confié la responsabilité de mettre en place le plan de gestion de la réserve qui va déterminer pour 5 ans les actions de conservation et de protection de la réserve, ainsi que la tâche de collaborer avec les deux catégories suivantes, ainsi qu'avec les acteurs locaux (les habitants, les touristes, agriculteurs, chasseurs, etc.)
Divers exemples de gestionnaires :
  • le comité consultatif, obligatoire, est composé du préfet de département où se situe la réserve (ou un préfet coordonnateur lorsque le site s'étend sur plusieurs départements), et les représentants de tous les acteurs en présence sur la réserve : associations de protection de la nature, pêcheurs et chasseurs éventuels, agriculteurs, résidents permanents et secondaires, collectivité(s), agence de l'eau, ONF, etc. la liste peut être assez longue.
  • le comité scientifique, facultatif, qui permet au comité consultatif et au gestionnaire de prendre des mesures de gestion et de protection appuyés par des arguments scientifiques. Ce comité peut être commun avec celui d'une autre réserve, d'un parc naturel, être seulement informel et composé d'experts consultés ponctuellement, ou ne pas exister du tout lorsque le gestionnaire a les capacités scientifiques nécessaires.

Réserves naturelles régionales (RNR)

Dans plusieurs pays, les autorités régionales peuvent décider de créer et gérer des réserves naturelles.

Par exemple en France, une réserve naturelle régionale peut avoir deux origines et procédures de création :

  • Conversion d’une « réserve naturelle volontaire (RNV) » existante en « réserve naturelle régionale » (implique l’accord du propriétaire)
« Les réserves naturelles volontaires agréées à la date d’entrée en vigueur de la loi n° 2002-276 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité deviennent des réserves naturelles régionales ou, en Corse, des réserves naturelles de la collectivité territoriale de Corse.
Toutefois, pendant un délai d’un an à compter de la même date, les propriétaires concernés peuvent demander le retrait de l’agrément dont ils bénéficient.
 »
Ex : La région Ile-de-France envisage de classer en RNR 15 des 17 RNV et la région Nord - Pas de Calais a classé en RNR 15 des ex-RNV de son territoire .
  • Création d'une nouvelle réserve.

L'initiative vient du Conseil Régional (ou conjointement de deux conseil régionaux si le territoire de la réserve concerne deux régions)

La première RNR nouvelle (RNR de l’étang d’Amel, 146 ha) a été créée par décision du Conseil régional de Lorraine, en juin 2006.

La région Ile-de-France a l’ambition de créer de 20 à 25 réserves régionales, de sa propre initiative. La région Nord - Pas de Calais, quant à elle, a classé 21 RNR (15 ex-RNV et 6 nouveaux sites) et a lancé la procédure de classement de 9 autres nouveaux sites naturels.

Réserves linéaires de bord d'infrastructures linéaires

RNR peut aussi signifier Réserve naturelle routière. Dans divers pays - faute de milieux facilement disponibles - on développe en effet aussi des réserves naturelles le long d'infrastructures linéaires (autoroutes, routes, canaux, voies ferrées) qui ont souvent aussi fonction de corridor biologique.

Ces réserves, malgré leurs limites (environnement souvent pollué par la circulation, zones très exposées au roadkill et au dérangement et à la pollution lumineuse..) présentent un intérêt pour la flore. Elles peuvent faire partie des mesures conservatoires ou compensatoires qui visent à limiter les dégâts environnementaux des transports.

Elles incluent souvent un fossé et/ou un talus qui ont souvent aussi des fonctions connection écologique, en tant que corridor biologique, naturel ou de substitution.

C'est un concept (« Roadside nature reserves ») qui s'est notamment diffusé au Royaume-Uni dans les années 1990-2000. Dans le Kent par exemple, le projet a été initié en 1994 pour identifier, protéger et gérer les bermes routières potentiellement importantes pour abriter certaines espèces du comté (faune notamment). Un « officier de bords de routes » (Road Verge Agent), avec l'aide d'une équipe dédiée de gardes volontaires, gère désormais de 130 réserves naturelles routière (RNRs), sur environ 55 milles (Chiffre juin 2008). Ces réserves incluent des habitats rares ou menacées (bois anciens, pelouse calcaire, lande...). En l'absence d'engrais et de pesticides, avec des fauches avec exportation ces milieux sont par exemple favorables à certaines orchidées (dont Aceras anthropophorum ou différentes orchis.

Quand ils sont bien conçus, notamment pour y limiter la pollution et le roadkill, ils peuvent aider certaines espèces menacées à survivre (blaireau, reptiles, amphibiens...). Ils peuvent aussi être connectés à de petits écoducs permettant à la faune de passer sous la route à partir de ces mini-corridors biologiques.

Signalétique : Ces Réserves Naturelles routières sont souvent signalées, par exemple dans le Kent, par des panneaux avec un papillon bleu à chaque extrémité. Dans le Kent, le comté (Kent County Council) les encourage et les finance alors que le Kent Wildlife Trust les gères et/ou les propose)[4]. Ils font l'objet d'une gestion plus écologique (fauche tardive, absence de pesticides, zones refuges, etc.).

Quelques chiffres

Depuis le 9 novembre 2011, on compte[5]267 réserves naturelles en France (couvrant 2 853 138 ha), réparties en :

  • 164 RNN (réserves naturelles nationales), couvrant 2 746 783 ha (terrestres et maritimes, en métropole et outre-mer), dont la réserve naturelle des Terres australes françaises (2 270 000 ha)
  • 97 RNR (réserves naturelles régionales)
  • 6 réserves naturelles de Corse

Total :

  • 252 752 ha environ en France métropolitaine
  • 2 600 386 ha dans les territoires des DOM-TOM, abritant
    • 70% des habitats naturels jugés prioritaires au niveau européen,
    • 82% des espèces de mammifères menacées et
    • 79% des espèces d'oiseaux en danger.

Elles ont des surfaces et moyens de gestion très contrastés. La réserve naturelle régionale de la Mine du Verdy, située en Région Rhône-Alpes, est la plus petite avec 0,05 ha. La plus grande reste la réserve naturelle nationale des Terres australes et antarctiques françaises avec 2 270 000 ha.

Évolution réglementaire : Un projet d'ordonnance (2011) simplifie les dispositions du Code de l'environnement relatives aux réserves naturelles (art. L.332-1 à L.332-19-1), dont concernant les compétences et procédures. Une consultation publique est faite par le ministère de l'Ecologie (jusqu'au 3 novembre 2011)[6].

Notes

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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