Victor Chatenay
- Wikipedia, 29/01/2012
Victor Chatenay | |
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Parlementaire français | |
Date de naissance | 3 avril 1886 |
Date de décès | 11 mars 1985 |
Mandat | Sénateur (1948 - 1951) Député (1951 - 1959) |
Début du mandat | 2 janvier 1951 (député) |
Circonscription | Première circonscription de Maine-et-Loire |
Groupe parlementaire | Union pour la nouvelle République (Ve Rép.) |
IVe République - Ve République | |
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Victor Chatenay était un homme politique français né le 3 avril 1886 à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) et décédé le 11 mars 1985 à Angers (Maine-et-Loire).
Sommaire |
Biographie
Première Guerre mondiale
Il participa à la Première Guerre mondiale et fut notamment décoré de la croix de guerre. Gravement blessé à la mâchoire par balle et laissé pour mort sur le champ de bataille, son frère Marcel dont le régiment montait au front dans ce secteur, voulut aller récupérer son cadavre. Victor était encore en vie, et son frère le sauva ainsi d'une longue agonie. Par la suite, il réchappa une nouvelle fois de peu à la mort.
Victor Chatenay était particulièrement intéressé par l'aviation et la photographie, sciences naissantes alors. Atteint de déficience visuelle, il ne put poursuivre cette première voie sous l'uniforme, mais nombre de ses photographies sont toujours conservées au SIRPA, les archives audio-visuelles militaires françaises.Victor Chatenay était titulaire du permis de conduire n° 0007 du Maine-et-Loire. Il racontait avoir participé à la première édition des 24 Heures du Mans en tant que "mécanicien embarqué" d'un pilote connu.
En 1914, sa première affectation fut donc chauffeur pour un général. Sa passion pour la photo le perdit : surpris à prendre un cliché du général alors que ce dernier était en train d'uriner au bord d'une route, il fut expédié, dans une unité de punis de la Légion étrangère, pour creuser les tunnels sous les lignes ennemies pour y installer au bout des charges explosives. Ce travail de sapeur, éreintant et très dangereux, avait des résultats peu convaincants. Il se sortit de ce mauvais pas grâce à ses talents de conducteur. Devenu officier, il participa à la bataille de Verdun, en tant que commandant d'une unité d'ambulances automobiles chargé de l'évacuation des blessés sur le front de Verdun en 1916.
Dans le récit de sa guerre, "Mon Journal de Quatorze-Dix-huit"(Ed. du Courrier de l'Ouest, Angers,1968), il dit avoir été l'un des meilleurs connaisseurs des routes et chemins du champ de bataille de Verdun. Par la suite, il prit le commandement d'un groupe d'ambulancières volontaires issues de la haute société britannique et américaine. L'une d'entre elles, Barbara Stirling, deviendra sa femme, et la mère de Louis-Pierre (dit "Peter", né en 1920), Michel (dit "Moonie"), Jacques, Antoine (dit "Tony") et Anne-Marie.
Après la guerre, il géra les établissements Brisset (une épicerie à succursales multiples) à Angers de 1928 à 1939.
La Résistance
Victor Chatenay a raconté ses aventures entre 1940 et 1945 dans son livre, "Mon Journal du temps du malheur" (Ed du Courrier de l'Ouest, Angers, 1967). Dès juin 1940, il a fondé le premier réseau de Résistance angevin " Honneur et Patrie". Grâce aux contacts de sa belle-famille anglaise (son beau-frère Douglas Stirling était général de l'armée britannique), il se mit rapidement en contact avec les services de renseignement britanniques, l'Intelligence Service. Le général de Gaulle, tout en reconnaissant le patriotisme de Victor Chatenay, ne lui pardonna pas d'avoir refusé, en 1941, de quitter les Anglais pour travailler au service de renseignement de la France libre, le BCRA, et ne le fit pas Compagnon de la Libération. (Reste que de Gaulle, pendant sa "Traversée du désert" de 1946 à 1958, séjourna à deux reprises à la Romanerie.) Lors d'un rendez-vous, le 9 août 1943, au café Dupont, en face de la Gare Saint-Lazare à Paris, le membre du réseau auquel il devait remettre des documents d'identité falsifiés avait été retourné et travaillait pour la Gestapo. Pour passer le plus inaperçu possible, Victor Chatenay s'était fait accompagner par son plus jeune fils, Antoine, 17 ans. Lorsque les agents allemands, qui avaient pris place à des tables voisines de la terrasse du café, se levèrent pour l'arrêter, il décida de s'échapper. Atteint au genou par une balle de pistolet, il réussit à ramper parmi les tables, puis à s'engouffrer dans une bouche de métro et à semer les Allemands. Le traître fut exécuté par la Résistance quelque temps plus tard. Antoine fut arrêté par la Gestapo et torturé au QG de la rue Lauriston, à Paris (il lui arrivait de décrire les "joies" d'être pendu par les pouces). Il ne parla pas pour la simple raison qu'il ne "savait rien des activités et des planques de son père". Déporté à Buchenwald et affecté au camp de travail de Magdebourg, en Allemagne, il survécut, en partie grâce au soutien d'un groupe de déportés communistes français.
Barbara Chatenay fut arrêtée quelques mois plus tard par la Gestapo au métro Pont de l'Alma. Elle portait sur elle des plans de la base des sous-marins allemands à Saint-Nazaire, un objectif prioritaire pour les Alliés. Elle fut torturée puis déportée au camp de concentration de Ravensbruck où elle aussi échappa à la mort de justesse. Elle était appréciée de ses camarades déportées pour sa force de caractère et son inventivité : elle leur avait appris à se frotter les doigts sur les briques des baraques du camp pour se farder les joues et avoir bonne mine lors du "tri" quotidien, afin d'échapper à la chambre à gaz. À plusieurs reprises, elle ne dut la vie qu'à la bienveillance du médecin du camp, qui l'appelait "ma petite Anglaise". Cela n'empêcha pas Barbara de témoigner à charge au procès du médecin, qui fut condamné à mort et exécuté pour ses "expériences médicales" sur les détenus.
Quant à ses fils, Louis-Pierre participa aux activités de résistance de son père, notamment en aidant des aviateurs alliés, abattus au-dessus de la France, à gagner la Suisse ou l'Espagne. Il franchit à pied les Pyrénées vers l'Espagne en 1943, fut emprisonné par le régime franquiste, rejoignit Londres, devint officier de liaion auprès de l'armée américaine, participa au débarquement en Normandie, et termina la guerre à Munich. Il a été décoré de la "Bronze Star" américaine pour bravoure. Michel, parachutiste des SAS de la France libre, participa notamment aux opérations en Bretagne, et à l'opération Amherst. Jacques, également parachutiste SAS, fut tué en juin 1944 alors qu'il était infiltré derrière les lignes allemandes à La Gacilly, en Bretagne. Anne-Marie, en raison de son jeune âge, était souvent chargée de transporter des messages pour la résistance.
Rappelé pour sa propre sécurité à Londres, Victor Chatenay travailla en étroite collaboration avec les services de renseignement britanniques pour la préparation du débarquement en Normandie. Il participa ensuite à établir l'autorité des Forces françaises de l'intérieur (FFI) favorables au général de Gaulle dans les zones libérées par les armées alliées, notamment à Angers, aux côtés du préfet Michel Debré.
Vie politique
Vouant une admiration inconditionnelle au général de Gaulle, membre de tous les mouvements politiques gaullistes du RPF au RPR, il fut maire d'Angers de 1947 à 1959 ; il fut remplacé par Jacques Millot.
Sénateur de 1948 à 1951 puis député de Maine-et-Loire de 1951 à 1959.
Le 20 février 1959, il fut nommé au premier Conseil constitutionnel de la Ve République par le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas. Il fera ainsi partie des neuf premiers membres de cette institution. Il y siège de 1959 à 1962. Cette nomination est alors une compensation pour un désagrément subi par Victor Chatenay lors de la composition du premier Gouvernement de Michel Debré : à la suite d'une confusion avec son homonyme Pierre Chatenet, on avait annoncé au député-maire d'Angers qu'il allait entrer dans ce gouvernement en qualité de Secrétaire d'Etat. Michel Debré l'appela ensuite pour s'excuser et lui assurer qu'il lui "revaudrait cela" ; c'est chose faite avec cette nomination au Conseil constitutionnel[1]
Il était titulaire de nombreuses décorations, dont la Grand Croix de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 14-18 et 39-45 et la King's Medal For Courage britannique.
Victor Chatenay décéda à presque 100 ans le 12 mars 1985 à Angers. On a donné son nom à une avenue de la ville, non loin de sa propriété de La Romanerie, sur la commune de Saint-Barthélémy-d'Anjou.
Sources
- Base de données historiques de l'Assemblée nationale
- Notice biographique sur le site de l'Assemblée nationale
- Liste des membres du Conseil constitutionnel depuis 1958