Chauffeurs
- Wikipedia, 7/12/2011
Comment procédaient les bandits de la Drôme. »
Le Petit Journal. 15 novembre 1908.
Les Chauffeurs, ou Chauffeurs de pâturons (en argot, « brûleurs de pieds ») est un terme populaire utilisé pour désigner des bandes de criminels qui s'introduisaient la nuit chez les gens et leur brûlaient les pieds dans la cheminée ou sur les braises pour leur faire avouer où ils cachaient leurs économies. Leur anonymat leur permettait d'agir en toute impunité pendant plusieurs années.
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Base du « métier » de chauffeur
Organisées dans un État désorganisé, ces hordes écumaient les campagnes, et chaque membre connaissait sa tâche : « faire effraction avec des coutres, escalader les murs, enfoncer les portes avec de grosses pièces de bois, lier, garrotter, assommer, couper la gorge, chauffer les pieds, voler, incendier, empoisonner, violer, partout ce sont les mêmes moyens employés par les brigands ».
Histoire
On commence à évoquer ces criminels pendant la Révolution française, lorsque l'État est désorganisé.
Les forêts couvrant une très grande proportion du territoire protégeaient alors toutes sortes d'individus.
XVIIIe siècle
À l'époque, sévissent surtout les « Chauffeurs du Nord » dont les plus célèbres furent :
- François-Marie Salembier (Isbergues 1764 - guillotiné à Bruges en 1798), qui sévit dans les départements de la Lys, de l’Escaut et du Nord.
- La bande du Capitaine Moneuse (Marly 1768 - guillotiné à Douai le 18 juin 1798) qui terrorise le Nord, le Pas-de-Calais et le Hainaut belge.
- Les Chauffeurs de la Beauce ou Chauffeurs d'Orgères dont les activités s'étendent sur sept départements, particulièrement en Eure-et-Loir et dans le Loiret.
- Les Herbo terrorisent le village Ghoy et sa région.
- Un certain Fontaine met Papignies et sa région sous sa coupe
- Willocq, dit « Le Pire »,
- Les frères Massart, rançonnent Biévène et ses environs et échappent aux gendarmes.
- Jean-Joseph Boulanger, dit « Quette-Marie-Maison », dit « L’Anglais » et sa bande pillent le canton de Lessines
- Etc...
Ces sinistres personnages, en général de paisibles ouvriers ou commerçants le jour, se masquent ou se maquillent le visage en noir la nuit pour aller dévaliser de pauvres gens. En cas de refus, ou même parfois pour ne pas laisser de témoins de leur passage, ces bandits assassinent leurs victimes.
Les Chauffeurs arrêtés finissent, en général, sous la guillotine.
- Le 6 novembre 1798, 17 Chauffeurs du Nord de Salembier sont guillotinés à Bruges.
- Toujours en 1798 Antoine-Joseph Moneuse et son complice Nicolas Gérain sont également guillotinés, à Douai, mais ces exécutions n’ont pu mettre fin aux agissements de toute une série de petits malfrats..
- Le 3 octobre 1800, à Chartres, ils sont 23 de la bande d'Orgères à monter sur l'échafaud.
XIXe siècle
- Le 21 novembre 1803, à Mayence (aujourd'hui Allemagne), on exécute Johannes Bückler, dit Schinderhannes, ainsi que 19 de ses complices. Bückler était le chef d'une bande de Chauffeurs qui terrorisaient l'Alsace et la région de Mayence depuis plusieurs années.
- Le 5 juin 1807, à Mons 9 membres de la bande à Boulanger sont guillotinés.
- Le 17 octobre 1820, à Rosières, 3 membres des chauffeurs du Santerre, dont Prudence Pezé alias la « Louve de Rainecourt », sont guillotinés.
XXe siècle
Même si, pendant le XIXe siècle, il arrive parfois que de telles bandes se créent çà et là en France, c'est à la Belle Époque qu'on voit une réelle recrudescence de cette sorte de malfrats.
- Ainsi, une bande en Aquitaine, la « bande Bouchery », du nom de son chef, tenancier de la buvette de la gare de Langon ;
- « Les Bandits d'Hazebrouck » dans le Nord et le Pas-de-Calais. Le 11 janvier 1909, les meneurs de la bande d'Hazebrouck, Canut Vromant, Théophile Deroo, Auguste Pollet et son frère (et grand chef) Abel Pollet, sont guillotinés devant la prison de Béthune.
- Le 22 septembre 1909, à Valence, « les Chauffeurs de la Drôme », Octave David, Louis Berruyer et Urbain Liottard sont également guillotinés.
- Dans les années 1920, une nouvelle bande, les « Cagoulards », voit le jour dans la région de Lille. Les chefs seront arrêtés en 1924, et le chef, Henri Olivier dit « Le Tigre », est à son tour guillotiné à Lille le 24 mars 1925.
Les dernières bandes de chauffeurs apparaîtront après la Seconde Guerre mondiale.
- « Le gang des Romanis » qui sévit en Bourgogne,
- « La bande d'Albret », en Picardie, en sont les exemples les plus typiques.
Les chefs de chacune de ces bandes seront exécutés : Nicolas Stéphan, chef des Romanis, à Chalon-sur-Saône le 14 février 1952, et Raymond Perat, chef de la « bande d'Albret », à Laon le 4 juillet 1952.
Bibliographie
- Eugène-François Vidocq, Les Chauffeurs du Nord, Paris, Comptoir des imprimeurs unis, 1845
- Adrien Varloy, Les chauffeurs du Santerre, Paris, Bonvalot-Jouve, 1907 (réimpr. 1990, 2004 aux éd. Res Universis), 218 p.
- J. Declercq, « Le brigandage dans le canton de Lessines – Nisolles et compagnie », dans Annales du Cercle d’Histoire de l’Entité Lessinoise, vol. II, 1987 [texte intégral]